Par
Alexis
Botayas
LE RÊVE
Trashfood, menu Bug
Mac et extravagance
L’alimentation du futur évoque habituellement le fantasme des gélules-repas, de la viande artificielle cultivée in vitro ou des légumes mutants. Demain pourtant, notre assiette pourrait plutôt ressembler à ça : steaks d’insectes, repas à sniffer et excès assumés…




































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L’alimentation et la gastronomie sont des sujets de passion. Et comme tous les sujets de passion, ils suscitent délires et création. Sous le coup des impératifs sanitaires et nutritionnels, auxquels se rajoute la contrainte écologique, notre alimentation est en train d’évoluer profondément.

1 – La trashfood 

Les recommandations nutritionnelles ont envahi notre quotidien. Nombre total de calories, alarmes à répétition devant la bouffe-poison, sacralisation de maîtres à penser gastronomiques à la fois chefs/consultants/stars TV/écrivains. Manger est devenu pour certains une névrose qui nécessite un tableur Excel et un BAC+12.

Pour d’autres au contraire, elle est un moyen d’expression instinctif bien utile pour réagir à la bien-pensance du moment. On voit ainsi naître un peu partout des comportements d’excès et de mises en scène loufoques : c’est l’avènement de la Trashfood. Mouvement d'opposition en réaction à une incantation nutritionnelle qui a fini par saturer les estomacs, la Trashfood est une démarche délibérée, quasi-militante et transgressive qui ne relève pas d'un manque de goût ou d'une question d'éducation alimentaire mais qui est simplement un excès venu en contrecarrer un autre.

Âmes sensibles s’abstenir

Epic Meal Time, le jackass de la fourchette en témoigne : cette émission de webTV créée par les canadiens Morenstein et Sterling propose des cours de cuisine hypercaloriques et trashs. A l'écran s'affiche le contenu de chaque plat et certains – comme le TurBaconEpic Thanksgiving  (cochon de lait farci de bacon, poulets grillés, chair à saucisse, arrosé de beurre et de soda) - frisent le score de 80 000 vues. Énorme succès sur le web.

De son côté, le Vegan Black Metal Chef  (alias Brian Manowitz) dispense des enseignements de torture de tomate. Comment la peler vivante, la découper en rondelle sans anesthésie , l e tout dans un décor gothique sur fond de musique hard-rock saturée. Le Washington Post y voit l'avenir de la cuisine, « une cuisine couillue, déjantée, intense ». Demain peut-être le Vegan Black Metal Chef aura son resto-gore en plein New   York et les supermarchés se rempliront alors de produits trashs.

God save the Cream

Plus gentillet (en apparence), le glacier londonien The Ice Creamist distribue depuis peu un produit qui a fait grandement parler de lui : la glace Baby Goo Goo. Sa particularité ? Etre confectionnée à partir de lait maternel récupéré auprès de 15 mamans. Une touche de vanille de Madagascar, un zeste de citron et le tour est joué. Il serait inutile de revenir sur le scandale que cela a suscité… ni sur le succès colossal de l’opération. Le créateur et propriétaire, Matt O'Connor, affirme « vouloir faire pour la crème glacée ce que les Sex Pistol ont fait pour la musique ». Tout est dit. La cuisine rock et la cuisine trash débarquent.  

 

2 – Le menu Bug Mac

La trashfood est un mouvement qui pourrait rester néanmoins marginal, en tant que soupape pour lâcher la pression. De fait, manger bacon+poulets+cochon+beurre etc. s’inscrit dans une perspective de court terme pour les artères mais également pour le portefeuille. Car la viande sera bientôt trop coûteuse à acheter et à produire. Sans parler de son coût écologique.

On a bien essayé les recherches sur la viande in vitro  et autres caca-burgers  (si, si…) pour s’affranchir des contraintes de l’élevage, mais elles n'ont pas donné des résultats satisfaisants. Dans ces conditions il faudra bien un jour se rabattre sur des protéines animales meilleur marché. Selon les spécialistes et les organisations internationales qui s’intéressent au sujet, les insectes apparaissent comme la meilleure alternative .

Pas question cependant de manger des sauterelles telles quelles. Il faudra y mettre la forme, faire disparaître les pattes qui trainent : des bonbons au scorpion, les Bug Mac  chez Beetle King, des consommés de fourmis chez Robuchon, le tout sans l'ombre d'une carapace. Même les grands chefs s'y mettront et élèveront leurs sauterelles dans leur arrière cuisine, à l'abri des regards. Et les particuliers feront de même sur leur balcon, dans leur  ferme verticale .

Des sucettes aux insectes

Une offre voit le jour peu à peu. Les sucettes au scorpion ou les petits grillons grillés parfumés « onion and cream »  sont désormais disponibles à l'Épicerie Anglaise , à Paris. Ou sur le web. Aussi croustillants que des chips, aussi nourrissants qu'un steak, le tout avec un petit goût de noisette.

Même les restos s’y mettent. Chez Mushi  à Paris encore, le restaurant du chef japonais Hisayuki Takashi, on sert de l'insecte. Takashi revisite l'entomophagie dans des recettes inattendues. On y trouve ainsi des makis à la sauterelle, un papillon dans sa chrysalide en papillote vapeur ou un scorpion aux amandes sauce miso .  Avec, pour terminer, un fondant à la gelée royale contenant son abeille. Les plus téméraires sont invités à accompagner le tout du cockail Hara-Kiri : une dose de vodka, une lamelle de gingembre...et une belle tarentule qui flotte dans tout ça.

3 – L’extravagance alimentaire

Dernière tendance qui préfigure l’alimentation de demain : l’extravagance. Demain, on pourrait bien voir émerger d’autres façons de s'alimenter plus « funky ». De nouvelles offres se développeront à côté de la brasserie traditionnelle où on mangera encore son plat avec des couverts. Il y aura des restos qui vous proposeront des menus complets à inhaler. Des restos/parfumeries où chaque plat sera complété d'une dosette qui, se diffusant dans l’organisme avec les aliments, parfumera délicatement la peau des gastronomes. Sans oublier des bouteilles ou des assiettes qui se mangent .

Sniffer son repas

La « sniff » a la côte. Il y a eu les chefs qui se sont essayés à la sniffette de tomates concassées . Puis les fameux Whifs de chocolat  à inhaler, déclinés ensuite en version « vitamines » à sniffer. Voilà maintenant le shoot de caféine à respirer. Les Aéroshots  se présentent comme des sticks pour lèvres gercées. A l'intérieur, de la caféine pure et de la vitamine B. Ces sniffs préfigurent une nouvelle façon d’envisager l’alimentation, sous un jour purement fonctionnel. Demain, fini le café pour se réveiller : on en boira pour le plaisir gustatif uniquement et l’on se shootera à côté avec une dose de caféine (un aéroshot équivaut à celle d’un expresso).

Manger des cosmétiques

Des grandes marques de yaourts s’y sont essayées avec plus ou moins de succès : l’alimentation cosmétique pourrait revenir sur le devant de la scène très prochainement.

Swallowable Parfum  en est la parfaite illustration. Cette capsule développée par le biologiste Sheref Mansy et l'artiste hollandais Lucy McRae doit être avalée avec un repas. Sa métabolisation produit dans le corps une molécule parfumée qui est ensuite excrétée à travers la peau .  Son expression dépend donc du métabolisme de chacun et surtout du niveau d'activité : plus l’individu transpire, plus il est stressé ou agité, et plus les délicates petites gouttelettes de parfum se répandent sur son corps. De quoi transformer le déjeuner en un moment « beauté ».

Ces tendances laissent entrevoir une gastronomie renouvelée tant sur le fond (avec les insectes) que sur la forme (avec les sniffettes). Sous le coup de contraintes extérieures ou de simples innovations. Différents acteurs de l’alimentation innovent déjà chaque jour pour anticiper ces évolutions. L’alimentation du futur est déjà là.

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