Tendance ou phénomène à long terme ? Seule lhistoire le dira mais le mouvement, fondé en 2008 par Woody Tasch, business angel passionné par le développement durable, auteur dun ouvrage intitulé « Inquiries into the Nature Of Slow Money : Investing as if Food, Farms and Fertility Mattered » (devenu la bible du mouvement) capitalise sur la crise de confiance des Américains à légard de Wall Street et des banques. Aux Etats-Unis, on assiste au grand retour du « localvesting » (les investissements dans des petites entreprises locales), du « buy local », de la consommation collaborative (ou économie du partage) et du « crowdsourcing ».
La popularité de Slow Money, qui consiste à réinvestir dans le terroir et les produits du terroir et connecter fermiers, investisseurs, et entrepreneurs sexplique ainsi par la volonté des Américains de tisser des liens plus forts avec leur communauté. Les membres de lalliance Slow Money, qui compte plus de 20 000 adeptes, sont constitués dinvestisseurs (gros ou petits) prêts à investir de largent dans des fermes, des entreprises agroalimentaires et des restaurants locaux dans le noble but de restaurer la fertilité du sol.
Nommée lune des 5 tendances financières de 2011 par Entrepreneur.com, Slow Money sest donné pour but de convaincre d'ici 10 ans 1 million dAméricains de consacrer 1% de leurs investissements dans des petites entreprises agroalimentaires à condition quelles soient écolos et socialement responsables
.
Lors du sommet annuel qui réunissait les adeptes du mouvement (qui sest tenu à San Francisco, temple de lagriculture bio), au cours duquel une trentaine de restaurateurs et fermiers sont montés sur scène pour solliciter des fonds auprès de la communauté, Woody Tasch a notamment demandé aux 500 personnes présentes dans la salle dimaginer un monde où « 50% de notre argent serait investi dans un périmètre de 80 km ».
PAS DE PHILANTHROPIE
Au cours des trois dernières années, 9 millions de dollars ont été investis par les adeptes de Slow Money. « Cela ne représente que 0,5% des 16 milliards de dollars que Goldman Sachs a déboursés en 2011 en bonus pour ses dirigeants », a relativisé Woody Tasch. Pourtant, si cette somme parait dérisoire elle marque cependant, selon lui, le début dune « révolution non violente ».
Neuf membres de « Slow Money Northern California » viennent de prêter 40 000 dollars (à un taux dintérêt de 6%) à un éleveur de poules de la région. Certains se font rembourser en argent, dautres en œufs et poulets mais les adeptes du mouvement jurent quil ne sagit pas de philanthropie et que leurs investissements seront rentables à long terme. Slowly but surely.