Dans un futur proche, tous les éléments qui détruisaient la TV (consommation plurimédias, délinéarisée, besoin dinteractivité, etc.) seront les principaux piliers créateurs de valeur pour la télé connectée. Notre petit écran réussira sa mutation et se transformera en un métamédia cristallisateur des nouvelles normes du web, tout en capitalisant sur ses fondements de leader.
Le premier élément de cette expérience restera la télécommande. Fini lère de la télécommande telle que nous la connaissons: le pilotage de la télévision sera totalement bouleversé. Premier outil alternatif : nos mains !
La généralisation de la technologie Kinect fera de nos dix doigts le premier outil de navigation télévisuel. «Premier outil» car la télécommande va, certes, se retrouver challengée, mais ce défi nannonce pas sa disparition. Il faudra compter sur des modes de navigation choisis en fonction de lexpérience proposée. Face à notre TV nous choisirons naturellement de jouer sur nos écrans avec une manette et nous ferons de nos smartphones le principal outil pour piloter les applications TV. Les télécommandes ne seront pas en reste. Avec une allure de clavier portatif (Lenovo Multimedia Remote, Sony Google TV Remote), une nouvelle génération sera développée pour une télévision cliquable et conversationnelle.
Plus de choix, plus de pouvoir
Cette évolution est caractéristique dun changement majeur : nous ne serons plus des téléspectateurs mais des acteurs de la TV. Ne nous emballons pas pour autant ! Nous continuerons de nous affaler sur nos canapés avec un bon repas en tenant la position la plus inactive de notre journée ! Mais il faudra désormais composer avec des personnes qui seront aussi des acteurs de leur TV. Lélargissement de loffre de contenus, naturellement provoqué par la fusion de la TV et du digital nous mettra en position de force (plus de choix = plus de pouvoir). Nous serons adulés par les nouveaux entrants tels que LG, Yahoo, Google et Apple qui auront pour seule motivation de faire la course à lexclusivité des contenus que nous aurons sélectionnés. Le contrat signé entre Samsung et Rovio pour exploiter le jeu Angry Birds en est le parfait exemple. La marque entend développer une expérience enrichie via la création dune chaîne dédiée comprenant, entre autres, des contenus animés autour de ces oiseaux mondialement connus.
La TV connectée marquera lavènement du « digitalement célèbre » Freddie Wong en nouveau pape de la fiction avec ses 3 millions dabonnés actuels à sa chaîne YouTube. RedBull provoquera un séisme en devenant la chaîne leader des sports extrêmes (ndlr : le roi de la boisson énergétique a annoncé le lancement de sa chaîne pour la TV connectée). Des marques, des réalisateurs, des développeurs: voici les nouvelles stars de la TV. Des acteurs qui ont très vite intégré les conversations et la présence sur les réseaux sociaux comme le facteur clé de succès.
Des contenus sociaux
La TV a connu la course au « Prime Time » qui visait à rassembler le plus grand nombre de téléspectateurs à une heure donnée. Par la suite, la logique a évolué vers le « My Time » qui consistait à rendre le contenu liquide pour faire face à une consommation Any Time Any Where Any Device (applications, catch-up, etc.). Avec la TV connectée, il faudra penser en « Shared Time » pour prendre le leadership de la conversation pendant et autour des programmes.
La dynamique sociale et conversationnelle mise en avant par le digital se retrouvera désormais appliquée à la TV où se mènera la bataille de la conversation. Les réseaux sociaux auront continué leur expansion et laddiction à ces derniers naura cessé daugmenter.
Au-delà de la construction de centres psychiatriques dédiés à ce qui sera lépidémie du XXIème siècle, il est évident que nous utiliserons les réseaux sociaux sur ce qui restera lécran principal. Les contenus consommés sur la TV seront contenus sociaux. En rentrant chez nous, nous nous verrons automatiquement proposer des contenus sélectionnés par les mots clés présents dans les conversations que nous aurons tenues, des « likes» générés, des contenus tweetés, etc.
Le « Filter Bubble » sera plus que jamais dactualité. Cette théorie développée par Eli Pariser met laccent sur le fait que notre activité sur Internet (conversations, sites fréquentés, etc.) agit comme un filtre sur nos recherches. Ainsi, les moteurs privilégient les résultats les plus en affinité avec ce que nous aimons au détriment de la neutralité et de louverture vers de nouvelles typologies dinformations... Des moteurs que nous utiliserons de plus en plus pour sélectionner nos programmes. Une aubaine pour la Google TV qui naura pas trouvé de concurrent sérieux pour déjouer la puissance de son algorithme.
Garder le lead de la conversation
Nous consommerons le contenu télévisuel avec les Live Feed issus de nos réseaux sociaux. Ainsi, en voyant nos amis réagir à un scandale sur le plateau de Vivement Dimanche Prochain (toujours animé par Michel Drucker), ou en voyant le hashtag #ScandaleVDP remonter en trending topic, la tentation de zapper vers le plateau rouge a de grandes chances de sopérer.
Nous poserons nos questions en direct sur ce plateau et nous pourrons directement acheter la robe de linvitée de la semaine en un clic puisque nous assisterons à une généralisation des contenus interactifs. Une interactivité pour un objectif majeur: garder le lead de la conversation.
Pour nous communicants, cest lavènement du contenu, du community management et de lintégration. Trois dominantes que nous avons tous plus ou moins commencé à intégrer et qui seront les facteurs clés de succès dune communication efficace sur la TV connectée. Avec un media pilier qui se plie aux règles du digital, cest toute une industrie qui doit mener sa révolution.