Chaque sortie de l’iPhone est un véritable évènement pour les geeks fans de la pomme croquée et de son smartphone qui a révolutionné la téléphonie mobile. Cette appétence pour un produit et aussi - surtout - pour une marque démontre depuis une demi-décennie l’implication quasi vitale des nouvelles technologies dans la vie du consommateur mais aussi du travailleur. Autant de passion autour des différents acteurs comme Apple, Samsung ou LG prouve bien que l’on est entré dans l’ère de la consumérisation de l’IT avec une pénétration toujours plus grande des équipements mobiles.
Selon la dernière édition de l’« Etude Télécom 2012 : focus sur le marché français » de Deloitte dressant le panorama de l’équipement mobile de la population, 41% des téléphones portables dans notre pays sont désormais des smartphones et 31% des personnes interrogées pour les besoins de l’enquête l’utilisent pour se connecter sur Internet.
Environ un quart de nos compatriotes prévoit d’acheter un smartphone d’ici un an et 14 % une tablette. Des Français qui sont déjà multi-équipés : 35% des propriétaires de téléphone portable en possèdent au moins deux (25% pour les smartphones, 26% pour les ordinateurs portables, 11% pour les tablettes). Et si 74% de nos concitoyens utilisent le wi-fi à la maison, ils sont 45% à le faire dans un magasin ou un café, 43% chez des amis, 27% dans le bus, le train ou l’avion, et 25% au travail.
Un environnement du travail qui évolue
Ces nouveaux comportements et usages d’équipements mobiles favorisent la mobilité au travail. « Notre stratégie est de regarder le mobile comme un poste de travail. Il doit être traité comme un terminal métier de premier rang », explique Philippe Boumhonesque, directeur de la Stratégie Software pour la France d’IBM, qui constate un déploiement massif de la mobilité dans les entreprises. « Les jeunes générations poussent à repenser la façon de travailler », souligne Laurence Costi, conseil en Ressources Humaines.
Depuis deux ans, un nouveau phénomène a fait son apparition dans les entreprises, le BYOD (Bring Your Own Device, que l’on peut traduire par « venez avec votre propre équipement »).
Né d’abord aux États-Unis, il est en train de s’étendre au monde entier au fur et à mesure de l’accélération du développement des NTIC. Les toutes nouvelles générations de smartphones et de tablettes que se sont achetés les salariés pour leur usage personnel étant souvent plus performantes que les équipements fournis par l’entreprise, ils ont tendance à les utiliser dans le cadre de leur travail, notamment les plus jeunes. « La pression des collaborateurs est forte et elle est double », fait remarquer Gilles Ribeaucourt, directeur marketing de Bouygues Télécom Entreprises. On a, d’un côté, le directeur général qui s’est vu offrir le dernier iPad et qui va mettre dessus des logiciels métier, et de l'autre, les salariés issus de la génération Y, qui ont besoin d’être hyperconnectés en permanence.
Selon une étude du cabinet Forrester auprès des info workers (personnes connectées à Internet pour leur travail au moins une heure par jour), 52% utilisent 3 devices ou plus pour leur travail et mêlent le professionnel et le personnel sur 60% de leurs appareils.
Ils sont également 53% à déclarer utiliser leur propre matériel (ordinateur, téléphone portable / smartphone, tablette, logiciel, site web, Internet...) à des fins professionnelles. L'étude Media@work 2012 publiée par l’Ifop révèle que 64% à 71% des actifs français équipés d’un device personnel l’utilisent aussi à titre professionnel, et 84% à 92% des équipés à titre professionnel l’utilisent également à titre personnel. Des chiffres qui doivent être mis en parallèle avec les résultats d’une enquête IDC pour Bouygues Télécom Entreprises de mai 2012 (Observatoire de l’informatique et des télécoms au service des nouvelles organisations du travail, 2e édition : vers le télétravail 2.0) : 52% des responsables informatiques interrogés déclarent n’avoir encore rien prévu en la matière.
Les enjeux DSI et DRH
« J’ai constaté que, depuis deux ans, ces sujets étaient de plus en plus au centre des préoccupations des employeurs. Cela amène l’entreprise à une réflexion globale sur son organisation », constate Garance Mathias, avocate au sein du Cabinet d’avocats Mathias. Et Mireille Dherbes, DRH en management de transition, précise : « il faut prévoir un encadrement des usages notamment au moyen d’une Charte et d’une sensibilisation des salariés ».
À la DRH, les réflexions sur l’organisation du travail, sur les notions d’assurance, de responsabilité des équipements et des données (perte, vol, piratage...) s'intensifient. Autres sujets d'interrogation : qui paye quoi ? Jusqu’à quel point et jusqu’où l’entreprise peut - elle maîtriser le terminal personnel ? Jusqu’où peut aller l’utilisation par le salarié des données de l’entreprise ?
Selon Forrester, 36% des entreprises soutiennent d’une manière ou d’une autre l’acquisition de tablettes et 44% estiment que leurs dépenses sur ce créneau vont augmenter.
Thierry Breton, qui a annoncé qu’il allait mettre en place une politique de BYOD chez Atos France, a précisé que l’entreprise participerait à hauteur de 1 000€ par salarié à l’achat d’un terminal personnel. Pour la DSI, il s’agit de prendre en compte le contrôle de l’accès au réseau, la sécurité du terminal, la gestion des parcs des terminaux mobiles...
Les solutions sur le marché se multiplient : outils de gestion du parc de terminaux mobiles (mobile device management) y compris sur plates-formes multiples, cloud privé, applications Saas, nouveaux systèmes d’exploitation plus conviviaux, virtualisation des applications et du poste de travail.
« Avant, le DSI n'approuvait pas ces nouveaux usages et comportement mobile en entreprise, surtout pour des raisons de sécurité. Aujourd'hui, son rôle est de les accepter. Et nous sommes là pour l'aider à le faire », explique Nicolas Petit, directeur de la division Marketing & Opérations de Microsoft. D’autant que ce qui est en jeu, à terme, est une image moderne d’une entreprise et l’attractivité qu’elle représente pour attirer et garder de nouveaux et jeunes talents.