Fabienne Morgaut est passée par l’associatif, le secteur de l’éco-conception, filière du bois. Une proximité avec l’environnement qu’elle renforce quotidiennement, professionnellement. Depuis dix ans très active à la stratégie d’engagement environnemental au sein de Maisons du Monde, elle a été une force vive pour que l’enseigne d’ameublement aux 262 magasins euro­péens se dote d’une fondation en 2015, la responsabilisant dans sa démarche de protection des forêts.

En septembre 2019, elle décrivait sa mission chez Maisons du Monde devant des annonceurs subjugués, réunis par le Club des Annonceurs lors d’une matinée baptisée « Purpose for good ». Elle expliquait que son « purpose » c’était justement de transformer l’impact environnemental des entreprises. Une mission qu’elle s’est attribuée dès la fin de ses études au Celsa.

Elle raconte : « J’ai intégré une association professionnelle travaillant sur les enjeux forestiers du bassin du Congo. Dès le début de mon parcours, j’ai eu l’occasion de voyager, tant dans la forêt au Gabon que dans les usines en Chine. Ma prise de conscience a grandi avec mes expériences, la maternité et des rencontres. J’avais la conviction que pour faire bouger les lignes, l’entreprise était le meilleur territoire d’expérimentation. C’est la rencontre avec le fondateur de Maisons du Monde qui a été décisive, il souhaitait transformer son entreprise en commençant par le produit. »




Fabienne Morgaut « Engageons-nous » illustre une démarche collaborative avec les parties prenantes. Elle est organisée autour de quatre piliers. Tout d’abord, « Acheter en partenaire », où sont traités les enjeux produits et fournisseurs. Main dans la main avec les artisans, nous sommes toujours accompagnés par une tierce partie comme une ONG. Nous investissons du temps avec des équipes locales pour les faire progresser dans la prise en compte des conditions de travail et la traçabilité des matières premières. Le deuxième pilier est « Concevoir en visionnaire ». Nous travaillons sur l’impact environnemental des produits, de l’extraction des matières premières à leur fin de vie. Aujourd’hui, 65 % de notre offre meuble répondent à un critère de durabilité : matière recyclée, bois tracé jusqu’au planteur, labels FSC ou PEFC. Depuis quatre ans, nous organisons avec les éco-organismes, l’ADEME et la Fondation Nicolas Hulot les Trophées de la création durable pour engager les jeunes designers dans l’éco-conception. Le troisième pilier est « Commercer en citoyen ». Nous prenons en compte tous les enjeux environnementaux de nos sites (magasins, siège, entrepôts), tant la performance énergétique que les énergies renouvelables, la gestion des déchets ou l’impact carbone. Maisons du Monde s’est engagé dans une démarche de réduction de son empreinte carbone « directe » (scopes 1 et 2*) pour contenir les émissions de gaz à effet de serre de ses magasins et entrepôts. Cela autour de deux objectifs à horizon 2020 : 25 % de réduction de l’intensité énergétique et 40 % de réduction de l’intensité carbone des activités directes. Depuis 2016, les efforts de réduction des consommations d’énergie, le recours à des achats d’électricité renouvelable, la mobilisation d’un réseau de 240 référents RSE en magasin et l’optimisation du transport des produits participent à la réalisation de ces objectifs. Ainsi, nous avons déjà atténué l’intensité énergétique des bâtiments de 17 % entre 2016 et 2018. Dans le même temps, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de moitié par l’achat d’électricité renouvelable, qui alimente aujourd’hui 89 % des magasins. Le dernier pilier, « S’engager en passionné », concerne nos collaborateurs. Il s’agit d’accompagner leurs évolutions et reconnaître leurs talents pour inventer avec eux les métiers du commerce durable de demain.





FM En 2014, nous avons formulé la stratégie RSE en travaillant d’abord avec les équipes internes : les métiers clés, en particulier les achats et le comité de direction. En 2016, nous avons produit le premier reporting extra-financier et avons embarqué les autres métiers comme les RH, les services généraux et les filiales. En 2018, nous avons étendu la démarche avec une vraie analyse de matérialité pour prioriser les enjeux et les plans d’action. Nous avons pour cela mené des entretiens avec les acteurs externes (clients, fournisseurs, ONG, analystes, institutions) ainsi qu’une consultation avec les collaborateurs.



FM Pour emmener les salariés, nous animons depuis 2017 des référents RSE en magasin et au siège. Ils sont au nombre de 250 aujourd’hui et nous déploierons la même mécanique dans nos autres pays d’implantation en 2020 (Allemagne, Italie, etc.). Ces référents sont clés pour infuser la démarche, ils ont aussi bien un rôle comportemental sur l’énergie et les déchets que « d’ambassadorat » pour faire connaître nos actions auprès des équipes et des clients. Ensuite, nous avons depuis 2011 des programmes de sensibilisation vers les collaborateurs pour leur rendre accessible la solidarité. Ce sont aussi bien des solidarytrips dans les pays du sud, sur des programmes financés par la Fondation, que des challenges locaux et aussi des animations au siège autour d’un potager, des ruches et des moutons !





FM Depuis 2017, nos clients sont invités à participer de notre engagement par l’Arrondi, un système de micro-don en caisse pour arrondir ses achats à l’euro supérieur en faveur d’une association. Ce sont les collaborateurs qui votent pour les projets bénéficiaires parmi une sélection opérée par la Fondation Maisons du Monde, et ils partent ensuite en solidarytrip découvrir la structure financée grâce aux clients. Une boucle de solidarité ! On tient à une grande transparence sur l’utilisation des fonds : 100 % des dons clients sont reversés à l’association et nous pilotons les livrables et l’impact du projet avec elle.



FM Après dix ans de soutien aux associations, nous avons ressenti le besoin de donner un cadre et de choisir un combat cohérent avec notre activité. En 2015, nous avons donc créé une fondation, sous l’égide de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme, dédiée à la préservation des forêts dans le monde et à la revalorisation du matériau bois. Aujourd’hui, nous soutenons 25 projets dans 11 pays sur des financements pluriannuels. Ce cadre nous a permis d’être plus efficace et lisible tant pour nos collaborateurs que nos clients, ce qui est une source de grande fierté. Mener de front avec mes équipes la stratégie RSE et la philanthropie me permet de maintenir un équilibre et une cohérence entre nos actions. La philanthropie est une démarche complémentaire au service de l’intérêt général, mais qui ne se substitue en aucun cas à une vision RSE objectivée. Elle permet de renforcer notre engagement en le rendant plus visible.



FM Je suis convaincue que nous devons apprendre à collaborer entre entreprises, fondations, associations malgré nos propres enjeux de marque. « Aux arbres » est née d’une envie de rassembler et fédérer autour d’une grande cause pour parler d’une même voix auprès du citoyen afin de valoriser les solutions qui existent pour préserver la forêt. L’expérience nous a prouvé qu’il y avait une attente énorme des citoyens pour comprendre les enjeux et s’impliquer dans l’action. Tous les événements environnementaux sont encore trop dans la dénonciation, ce qui compte c’est l’action, les solutions. Ces solutions viennent de porteurs de projets, aussi bien les associations que les entreprises. Toutes ces parties prenantes doivent apprendre à jouer ensemble. C’était peut-être encore un peu naïf il y a deux ans, aujourd’hui c’est une évidence. D’autres marques, qui nous rejoignent pour l’édition 2020, ont compris l’intérêt de collaborer sur des enjeux qui dépassent l’enceinte de nos entreprises. Nous coordonnons une trentaine d’associations dans un village des solutions, car le cœur de la prochaine édition c’est le passage à l’action et notre empreinte forêt dans un monde où nous sommes de plus en plus urbains.





FM Nous finalisons le nouveau plan qui sera publié dans notre document de référence au premier trimestre 2020. Les grands sujets sont le carbone et la biodiversité.



FM Ne jamais renoncer et travailler main dans la main avec les ONG. Il faut avoir l’humilité de reconnaître ses enjeux et de travailler avec transparence un plan de progrès échelonné sur cinq ans. Travailler des compétences au sein du service développement durable qui rejoignent ensuite les métiers est une bonne façon également d’infuser la stratégie dans le cœur business.

*Pour une information détaillée sur les différents périmètres de mesure des émissions de gaz à effet de serre, consulter le site e-rse.net