C’est à l'époque du Web 2.0, que toute la sociabilisation du web a commencé, avec tout d’abord le partage d’informations et de données (avec Wikipedia, les plates-formes communautaires, les blogs etc.). La deuxième étape a ensuite bien sûr été la connexion entre les personnes, au travers des réseaux sociaux, Facebook en tête, avant d’aller vers une troisième étape, où ce sont les applications web, les logiciels de productivité etc. qui se connectent, qui intègrent le social.
Mais celle qui nous intéresse le plus aujourd’hui, la plus récente, est celle de la sociabilisation du monde réel, du monde déconnecté, qui est désormais permise grâce à Internet. Les types de relations et d’échanges qui sont devenus la norme sur le web influencent donc la façon dont nous interagissons dans notre vie de tous les jours. Ce phénomène, bien sûr permis en grande partie par les médias sociaux, est l'un des piliers de l’économie collaborative, dont l'une des grandes catégories -celle qui nous intéressera aujourd’hui- est la mobilité, le voyage et le tourisme.
Nous ne voyageons, nous ne voyagerons plus de la même façon
Paradoxalement d’ailleurs, les usages que nous redécouvrons sont très proches des modes de vie de nos anciennes générations : quand nous nous déplaçons, nous voulons désormais interagir avec les personnes locales, à tous les niveaux : pour les services, pour l’échange d’informations, pour la découverte... C’est ce qu’on appelle le tourisme social, le voyage social.
Historiquement, l’industrie du tourisme a démarré sa mutation lors du début du Web 2.0, quand les internautes ont commencé à échanger entre eux, en direct des informations sur leurs voyages. Des plates-formes comme TripAdvisor sont apparues, ce site web étant devenu pour les professionnels du tourisme un passage obligé tant il a aujourd'hui un impact sur leur activité. Mais désormais, les voyageurs ne se contentent plus de partager en ligne, ils veulent se rencontrer, grâce à des plates-formes «Peer-to-peer » où tout se passe sans intermédiaire (ou presque).
Se loger lors d'un déplacement
Dans le domaine de l’hébergement, deux sociétés leaders proposent une nouvelle façon de se loger lors d’un déplacement : Couchsurfing et AirBnb.
Couchsurfing peut être considéré comme un réseau social pour les voyageurs, où des personnes mettent à disposition leur canapé (ou lit, chambre d’ami) pour ceux qui en auraient besoin lors d’un voyage. Cet hébergement est fait à titre gracieux, sauf que la règle est la réciprocité. Ceux qui souhaitent être logés sont donc invités à aussi mettre à disposition un couchage dans leur logement d’origine.
Le modèle d’AirBnb est proche, mais plus transactionnel et unidirectionnel : n’importe qui peut y créer une annonce pour accueillir quelqu'un chez soi pour une ou plusieurs nuits, moyennant un paiement défini par l’utilisateur (avec comme pour toute place de marché un phénomène de prix s’adaptant à l’offre et à la demande). Sur AirBnb, il n’y a donc pas de réciprocité nécessaire, et surtout n’importe quel type de logement peut y être proposé. C’est aussi plus accessible puisque moins communautaire. Les échanges entre les invités et les hôtes peuvent donc être moins importants que sur Couchsurfing.
AirBnb n’est pas la seule plate-forme sur ce modèle, puisqu’on pourra regarder aussi le Français BedyCasa, ou les Allemands Wimdu et 9Flats.
Vivre des expériences locales
Au-delà du logement, de plus en plus de voyageurs cherchent à vivre des expériences locales, permises par des locaux, et non pas par des professionnels du voyage ou par des guides lassés de faire la même chose etc. C’est la mission de plates-formes comme Vayable, Gidsy, Sidetour ou le Français TripXP. Grâce à ces places de marché, vous allez pouvoir trouver quelqu’un pour vous faire la visite « à sa façon » de New-York, ou pour faire une séance photo dans Berlin. Bien sûr, vous pourrez à votre tour proposer une visite des marchés parisiens, ou un cours de macarons.
Si ces places de marché offrent uniquement des services payants, il existe aussi le modèle gratuit, où des bénévoles se proposent de vous faire découvrir leur ville, le temps d’une balade, c’est ce qu’on appelle les « Greeters » et vous pourrez en trouver dans de plus en plus de grandes villes du monde.
D'autres facettes à redécouvrir
Le logement et les activités touristiques ne sont que deux facettes du tourisme social. Bien d’autres sont encore à inventer, ou en train de naître. Si c’est une expérience de repas avec les locaux qui vous intéresse, alors c’est une plate-forme spécialisée comme Cookening qui pourra vous intéresser et si vous souhaitez voyager en groupe, mais souhaitez changer des voyages UCPA, alors des plates-formes comme Tweego ou Tripnco vous aideront à préparer votre voyage avec des personnes partageant vos centres d’intérêt.
Toutes ces plates-formes sont très innovantes, mais le plus important reste la motivation qui est derrière, ce changement de paradigme des voyageurs, cherchant à revenir à des expériences plus authentiques. L'agence JWT a d’ailleurs listé les « Peer-to-peer expériences » comme tendance à surveiller en 2012. Si les sites web vont évoluer, changer, disparaître, le besoin de rencontre va lui perdurer et les professionnels du tourisme devront s’adapter. Il s’agit maintenant de voir comment ces pratiques de niche peuvent fonctionner à grande échelle, AirBnb étant en passe de montrer la voie à tous les acteurs du secteur.