2 septembre 2024

Temps de lecture : 3 min

Xavier Lagardère  (Lufthansa Innovation Hub) : « Notre objectif est d’identifier des projets et de les aider à voler de leurs propres ailes »

Lancé il y a tout juste dix ans, le Lufthansa Innovation Hub est l’incubateur du groupe aérien allemand. Son tout nouveau directeur général nommé au mois de février, est Xavier Lagardère. Ce grenoblois, qui a notamment étudié à l’Université polytechnique de Catalogne, au MIT et à l’INSEAD, nous explique les missions qui lui ont été confiées.

INNOVATION

INfluencia : Quel est le rôle du Lufthansa Innovation Hub ?

Xavier Lagardère : Le PDG de LufthansaCarsten Spohr, est à l’initiative de ce projet lancé il y a tout juste dix ans lorsque le boom de la tech était à son apogée à Berlin. L’objectif de ce hub est d’identifier les changements et les tendances dans le secteur du voyage et de les traduire en nouvelles opportunités commerciales afin de rendre les voyages plus faciles, plus pratiques et plus agréables.

IN. : Concrètement, comment fonctionne cette entité ?

X. L. : Nos débuts ressemblent vraiment à ceux d’une startup. Le hub était logé dans un appartement du centre de Berlin. Notre ligne rouge n’a pas changé depuis une décennie. Nous agissons comme des créateurs d’entreprises (« venture builders »). Nous montons des projets que les salariés du groupe en interne n’ont pas le temps, ni les moyens de réaliser eux-mêmes. Nous sommes un laboratoire d’expérimentation très réactif qui lance des programmes, en freine d’autres lorsque les résultats escomptés ne sont pas atteints ou au contraire accélère la cadence lorsque le potentiel est là. Notre périmètre d’action est bien plus large que le simple transport aérien car nous couvrons tous les sujets technologiques liés au voyage. Les anglo-saxons appellent cela la « travel-mobility tech ». Cela peut aller des ballons aériens aux expériences en réalité virtuelle.

IN. : Quels sont les profils des personnes qui travaillent dans votre hub ?

X. L. : Nous sommes aujourd’hui une soixantaine de collaborateurs à Berlin et cinq personnes à Singapour. Toutes ces personnes ont une mentalité de start-uppers. Ce sont des entrepreneurs dans l’âme qui ressemblent un peu à des couteaux suisses. Certains montent des projets et ont pour vocation de rester chez nous. D’autres ont eu une idée qu’ils développent et nous jouons pour eux le rôle d’incubateur. C’est le cas notamment de Stanislav Bondarenko,le fondateur de Swifty, qui est un chatbot à intelligence artificielle spécialisée dans le voyage.

IN. : Vous prenez des participations dans les structures que vous incubez ?

X. L. : Oui, nous prenons des participations minoritaires dans ces sociétés et nous siégeons à leur tour de table. Les entrepreneurs que nous accueillons dans notre hub sont nos salariés durant la durée pendant laquelle nous incubons leur entreprise. 

IN. : Quelle est votre marge de manœuvre au sein du groupe Lufthansa ?

X. L. : Nous sommes assez libre vis-à-vis de notre maison-mère. Nous fonctionnons comme une filiale du groupe.

IN. : Vous avez été nommé il y a six mois à peine à la direction générale du Hub. Quelles missions vous ont été confiées ?

X. L. : Certaines personnes extérieures à Lufthansa peuvent me considérer comme le français du groupe mais mes collègues savent que je travaille depuis près d’une décennie pour cette compagnie. J’ai occupé plusieurs postes. En tant que directeur de la distribution, j’ai notamment piloté la stratégie Go-To-Market de Lufthansa, Swiss et Austrian Airlines. J’occupe aussi toujours la fonction de Chief Data Officer et VP en charge de l’innovation. J’ai reçu pour ordre de mission lors de ma nomination à la tête du hub de développer les relations entre cette filiale et le reste du groupe. Nous allons chercher à soutenir des projets plus impactants. 

IN. : Comment comptez-vous vous y prendre?

X. L. : L’idée est d’identifier des projets et de les aider à voler de leur propres ailes comme nous le faisons avec SwiftyÀ terme, je souhaiterais avoir un portefeuille d’une dizaine de ces spin-offs. 

IN. : Comptez-vous étoffer vos équipes à l’étranger?

X. L. : Nous y pensons notamment en Asie où nous avons uniquement une petite présence à Singapour. Notre compagnie aérienne est active dans le monde entier. Il est donc assez simple pour nous d’avoir une présence physique dans différents pays. Je pense, par ailleurs, que certains de nos actifs, comme notre plateforme de datas ou nos programmes de formation spécialisés dans l’innovation, pourraient être monétisés et créer de la valeur pour le groupe Lufthansa.

IN. : D’autres compagnies aériennes ont-elles développé des hubs similaires au vôtre ?

X. L. : Sur une telle durée, à ma connaissance, non. IAG (le groupe possède notamment les compagnies aériennes British AirwaysIberiaVueling et Aer Lingus n.d.l.r.) vient de relancer son accélérateur Hangar 51 après l’avoir stoppé. L’américain JetBlue a créé JetBlue Ventures. Lufthansa a toutefois montré la voie à suivre dans ce secteur.

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