Vous prenez Lyft ou Uber et vous rajoutez une offre ultra personnalisée et malléable et vous obtenez un concurrent sérieux aux deux pontes du marché. Le fournisseur de ce service unique s’appelle Wingz, INfluencia a rencontré son CEO à San Francisco.
L’humoriste qui écrit son spectacle s’inspire très souvent de scènes de vie ordinaire. Le fondateur d’une start-up puise, lui, son idée dans l’évidence d’un besoin du quotidien manquant. En 2007, le franco-américain Geoff Mathieux attend depuis plusieurs minutes un taxi sous la pluie parisienne quand il se demande « mais qui en ce moment a également besoin d’aller à l’aéroport ? ». Car finalement pourquoi ne serait-il pas possible de partager un taxi en remplissant les sièges vides, pour réduire les coûts et retirer un véhicule des routes déjà encombrées.
« Au départ, c’est une idée écologique et économique », résume le désormais CEO de Wingz, la seule application mobile nord-américaine de VTC réservée aux aéroports. Lancée en 2013 par quatre co-fondateurs, dont Geoff Mathieux, Wingz a décidé de concentrer son service à la demande sur les aéroports, deux ans après la création de l’ancêtre Tickengo, trop similaire d’Uber et Lyft. Le rebranding accouche d’un nouveau produit d’appel : permettre à un particulier de réserver et de payer à l’avance son véhicule privé en ligne pour assurer son transport avant ou après son vol.
Pour se différencier de ses deux encombrants concurrents, la start-up de San Francisco pousse à son paroxysme la carte de la personnalisation et de l’arrangement en avance. Après avoir levé quelques 2,5 millions d’euros dans un nouveau tour de table, Wingz est aujourd’hui opérationnelle dans 9 aéroports des Etats-Unis, compte 271 chauffeurs et plus de 10 000 utilisateurs réguliers. En attendant d’étendre son implantation nationale et le lancement de sa V2 fin février, Geoff Mathieux a répondu aux questions d’INfluencia, dans ses bureaux de San Francisco. Nous étions curieux de comprendre l’innovation et la spécificité de son service sur un marché a priori saturé.
INfluencia : comment Wingz arrive à se démarquer des autres gros acteurs du VTC, dans un marché qui ne laisse plus beaucoup de place ?
Geoff Mathieux : le marché est totalement ouvert et n’est pas réservé à une seule entreprise. C’est pareil pour la rencontre en ligne puisque le leader initial Match.com a été copié par plein de concurrents mais il reste populaire et ses membres sont souvent inscrits sur plusieurs sites à la fois. C’est pareil pour nous avec Uber et Lyft. Les consommateurs se sentent limités s’ils n’ont qu’une option. Ce qui est innovant avec Wingz c’est que le consommateur peut réserver en avance. Dès que vous avez réservé votre avion vous pouvez savoir immédiatement que vous aurez une voiture pour venir vous chercher à l’aéroport ou vous y emmener, même deux semaines ou trois mois à l’avance. Le prix est fixe et pré arrangé, sans aucune charge en plus. Vous savez en avance combien vous allez dépenser, vous connaissez le conducteur et si vous appréciez son service, vous pouvez le recommander et créer un lien durable avec la communauté. Lyft et Uber, sont plutôt dans une relation instantanée.
INfluencia : est-ce que votre plus gros challenge n’est pas justement d’arriver à construire une communauté avec cette audience là ? Car contrairement à Uber par exemple, votre utilisateur ne va utiliser Wingz que très ponctuellement et dans plusieurs villes différentes à chaque fois…
Geoff Mathieux : avec Uber, vous sortez d’un bar ou d’un restaurant et en un clic, votre voiture apparaît. Le conducteur vous amène au lieu voulu et c’est tout. C’est un service et pas une relation humaine. Dans notre cas, le trajet effectué est arrangé en avance et ça se justifie car l’utilisateur a des impératifs de ponctualité. Nous offrons donc la sécurité d’une application qui peut ne pas être manipulée à la dernière minute. Vous pouvez donc créer une relation privilégiée avec le chauffeur que vous appréciez. Nous sommes plus dans la relation avec la personne qui vous permet un confort horaire et logistique. Si votre chauffeur habituel n’est pas disponible, votre demande est envoyée directement aux autres conducteurs de la communauté.
INfluencia : mais la communauté est-elle la pierre angulaire du modèle économique de Wingz, ou bien finalement elle se construira d’elle-même une fois que le service sera connu du plus grand nombre ?
Geoff Mathieux : la partie communautaire est très importante car Wingz devient un réseau social de conducteurs entre eux et avec les utilisateurs. Imaginez un Facebook où au lieu d’avoir la photo de la personne, vous avez celle de sa voiture. Les informations de chacun sont partagées avec les utilisateurs donc ils se connaissent et cela crée des liens. On est dans le « online to offline ».
INfluencia : en gros vous avez numérisé le service lambda entre un client et un chauffeur de taxi, qui peut lui aussi donner sa carte et solliciter la fidélité ?
Geoff Mathieux : exactement, mais à un prix beaucoup moins cher puisque c’est 50% de moins qu’un taxi. Nos conducteurs possèdent déjà des voitures, en l’occurrence personnelles, ils ne sont pas en train d’essayer d’en amortir une nouvelle achetée exprès. La grosse révolution, et c’est pour cela qu’il y a de la place pour plusieurs sociétés sur ce marché, c’est qu’on utilise des véhicules personnels. Pour la majorité nos conducteurs sont également chauffeurs sur Uber et Lyft. Pour eux le plus d’applications VTC il y a, mieux c’est, car c’est plus de clients potentiels et donc de revenus.
INfluencia : si le produit d’appel de Wingz est la personnalisation, quelle est donc votre stratégie marketing ?
Geoff Mathieux : nous sommes plutôt une société de voyage que de taxis. Nous faisons partie du processus global de réservation d’un voyage : billet, hôtel, transport. Nous faisons du porte à porte dans le service et notre boulot commercial c’est de travailler avec les tour-operators et les aéroports. L’idée c’est qu’eux proposent le service alors que le consommateur ne le connaît pas. Une des nouveautés qui nous permet aussi de nous différencier, c’est l’ajustement des horaires en fonction des retards des vols. Pour cela nous les vérifions et s’il y a besoin d’ajuster l’heure à laquelle la voiture était réservée, on le fera en vous avertissant sans que vous ayez à faire quoi que ce soit. On accompagne nos clients dans leur voyage, pour rendre l’expérience la moins stressante et la plus agréable possible.
INfluencia : concrètement quelles sont les autres fonctionnalités qui incitent l’utilisateur de Wingz à se sentir différent de ceux des communautés concurrentes ?
Geoff Mathieux : ce qu’on fait en plus c’est le partage des informations personnelles des membres, qui peuvent ensuite communiquer entre eux s’ils le souhaitent sans passer par l’intermédiaire du site. Nous rapprochons les gens. Les conducteurs créent aussi leur propre carte de visite avec l’URL Wingz. On leur offre chacun un site gratuit pour vitrine. Cela crée une identité en plus en ligne, et elle est partageable. C’est une vraie valeur, plus humaine et moins anonyme.
INfluencia : une fois dans l’espace du véhicule vous n’avez plus de droit de regard sur ma relation avec le conducteur. Donc si je veux lui demander de me ramener un café et mon journal et que je le rembourse en cash une fois dans la voiture, Wingz l’autorise ?
Geoff Mathieux : tout à fait ! Toute relation humaine en dehors du service est possible, évidemment. C’est même une fonctionnalité qu’on veut ajouter au service, en donnant aussi par exemple la possibilité de se faire amener par le conducteur un repas à prendre dans l’avion.
Télécharger l’appli
he’s got his driving gloves on. no messing around @WingzTeam! pic.twitter.com/6dq8zNaFQg
— Jen Paragallo (@marathonjp) 18 Janvier 2014
Seriously? $28 for my direct ride to SFO airport? You rock @WingzTeam! Bye bye @SuperShuttle
— MissHappyFood (@MissHappyFood) 21 Janvier 2014
Great new way to LAX @Wingzteam. Half the fare of taxi. Flight cancelled but the ride at 5 AM was perfect.
— Nina Weinstein (@ninabweinstein) 21 Janvier 2014
Just used @WingzTeam for the first time. Loving it so far.
— Johnny Lee (@jhclee) 18 Janvier 2014