Follis : une monnaie qui valorise le temps d’une autre façon que par l’argent pour dynamiser la relation entre une agence et ses partenaires. Pour redonner à la monnaie sa fonction première, celle de l’échange.
Que c’est compliqué de se parler, de s’écouter, de laisser le temps à l’autre d’aller au bout de son idée, de considérer ce qu’il dit avant de formuler son propre point de vue. Cela nécessite d’en avoir envie surtout. Alors quand il s’agit d’une marque ou d’une entreprise … On a tous en tête l’image de ce dirigeant quittant une salle de conférence, galopant avec la toujours très bonne raison du rendez-vous suivant, tellement important, si important, qu’il n’a pas du tout le temps de vous parler, vous rencontrer, vous écouter. Il en est toujours sincèrement navré et charge le ou les communicants à ses côtés de noter la question, le contact, et de s’en occuper.
Bien sûr, il y a des temps d’échanges avec « les parties prenantes » de l’entreprise. Exercice obligé par les règles corsetées des indicateurs RSE. Des réunions dans lesquelles, trop souvent, la parole se drape dans la posture, les éléments de langage (si bien rabotés par les mêmes conseils) et où l’on n’échappe pas à des Q&A (questions-réponses en Français) tout aussi maîtrisées et tiédasses. Pourtant… Notre métier de communiquant se joue là aussi. Surtout non ? Nous sommes très bien équipés en tuyauteries et sommes devenus experts des medias, du content et des data. Pourtant, quand il s’agit de construire une relation, de prendre le risque du dialogue qui nécessite du temps, de la considération, de la bienveillance : on se sent assez désarmés. C’est pour créer les conditions d’un dialogue fructueux permettant de faire bouger les lignes que Sidièse a créé des temps d’échange informels entre l’entreprise et un large réseau d’influenceurs qu’elle a constitué au fil des années : experts, scientifiques, élus, blogueurs, journalistes, activistes associatifs, artistes alternatifs… La règle est toujours la même : se donner du temps, accepter de ne pas contrôler les échanges, faire confiance à l’intelligence collective.
A chaque fois, c’est la même surprise, les participants sont bienveillants, constructifs, généreux. Bien entendu, on s’engueule parfois, on se confronte souvent, mais on s’écoute et on ne s’empoigne jamais. De ces débats naissent des coups de cœurs, des innovations, des opportunités croisées. Pour l’entreprise, les bénéfices sont clairs : déminer les conflits, débusquer les malentendus, faire évoluer les convictions et mieux percevoir d’autres sensibilités, de nouvelles opportunités.
A l’heure où s’inventent de nouveaux modèles économiques, le travail coopératif, les fab-labs, il nous a paru essentiel de valoriser cet état d’esprit, ce savoir-être, par un geste symbolique, joyeux et ludique. Quoi de mieux qu’une monnaie pour partager ? Une monnaie pour relier toute une communauté de change-makers et d’acteurs engagés capables de partager cette culture de coopération.
Pour inventer cette monnaie complémentaire, Sidièse a souhaité associer un complice, amoureux du verbe et de la poésie, l’artiste Patrice Zana. C’est lui qui l’a baptisée Follis, nom d’une ancienne monnaie romaine oubliée et en a écrit son Manifeste poétique et jubilatoire. Avec lui, les créatifs de l’agence ont déployé une campagne digitale mêlant animation de la communauté et promotion de la démarche.
C’est au Pavillon Vendôme de Clichy-sur-Seine où se tient « DADA Merci ! », la nouvelle exposition de l’artiste que les pièces ont été partagées avec les premiers récipiendaires : 109 personnes qui ont donné de leur temps et apporté du « sang neuf » à un projet de l’agence. Chacun, riche de son Follis, peut trouver dans cet écosystème appelé à grandir au fur et à mesure des événements, celui ou celle avec qui échanger et « consommer » 109 minutes de conseil ou de collaboration. Ou juste un temps libre pour se rencontrer… Follis réaffirme l’idée que la communication peut être communautaire, joyeuse et poétique : un must non ?