6 juillet 2021

Temps de lecture : 2 min

Voutch : « par sa marginalité et sa pertinence, l’illustration a un impact plus fort en pub que la photo »

On adore l’humour de Voutch qui publie ses premiers dessins dès 1995 dans les magazines Lui, Télérama, Lire, Le Point, Playboy, Psychologies et Madame Figaro et devient auteur d’une dizaine de recueils aux éditions du Cherche Midi. Personnages longilignes, nez protubérants installés bien souvent dans une déco écrasante qui les rapetisse encore… L’artiste est le président du jury dans la catégorie illustration (435 campagnes) du Club des Directeurs artistiques. Il livre son point de vue sur les tendances de l’année.
IN. : alors, belle récolte de votre côté, au palmarès ?

Voutch : on peut constater que cela bouge dans le bon sens en ce moment, même si on le sait, l’illustration en communication, reste marginale. Certains annonceurs font le pari de l’illustration et cela fonctionne. Une campagne, en particulier, a accordé toute sa place à l’illustration et nous l’avons d’ailleurs récompensée pour cette raison. Très audacieux.

IN : la marginalité n’est-elle pas un plus, finalement à l’heure de la surenchère d’images tous azimuts?

Voutch : vous avez absolument raison, cette marginalité, si elle est assumée, comme je viens de le dire, est particulièrement « remarquable » au sens propre du terme. Son impact peut être bien plus fort du coup que celui d’une photo…

IN. : vous avez introduit les maisons d’édition dans ce palmarès. Pour quelle raison ?

Voutch : nous avons pensé qu’il était judicieux et juste d’encourager les maisons d’édition, et la presse, dont le parti pris en matière d’illustration sont parfois percutants. Il faut les encourager.

IN. : comment appréhender le travail de commande quand on est avant tout…un artiste?

Voutch : Le travail de commande exige plus d’intelligence, je dirais, et une capacité d’adaptation importante puisque par nature la commande exige de vous de faire des concessions, ce qui n’est pas le propre de l’artiste, ou de l’auteur en général… Après, à nous illustrateurs de savoir placer ses limites d’acceptation.

IN. : être Voutch vous permet-il d’être force de proposition, auprès des annonceurs ?

Voutch : ce qui est difficile en tant qu’illustrateur, c’est de faire une estimation correcte de son statut auprès des clients (agence et annonceur). Tout part de là. Si on a un statut faible ou moyen, il faut rester diplomate et être prêt à accepter quelques concessions. C’est plus facile, bien entendu, avec un statut plus affirmé.

IN. : cela veut-il dire que « le client est toujours roi » ?

Voutch : Oui même quand un illustrateur a une certaine notoriété, le client aura toujours tendance à considérer qu’il est roi. Quand un travail de commande est réussi, cela signifie que l’illustrateur a su jouer de son statut pour sauvegarder ce qu’il voulait et aussi que les clients lui ont fait confiance et l’ont laissé s’exprimer. Car in fine, choisir un illustrateur pour son talent particulier ,ne rime à rien s’il est ensuite bridé dans la réalisation d’une campagne…

IN. : quel conseil donneriez-vous aux jeunes qui veulent se lancer dans l’illustration ?

Voutch : pour ceux qui envisagent de travailler dans la pub, il faut y aller quand on est fort, sûr de son style, et avec une bonne dose de confiance en soi. C’est ce qui permet de dire à un annonceur : « suivez-moi dans la façon dont j’envisage de traiter votre sujet ». Avec cette maturité, il est plus facile d’appréhender le rapport de force illustrateur / client. Je recommanderais aux jeunes de commencer par la presse ou l’édition pour y affirmer leur talent. Les couvertures de romans, par exemple, sont un secteur idéal pour se faire les dents et affiner son style graphique.

Allez plus loin avec Influencia

the good newsletter

LES FORMATIONS INFLUENCIA

les abonnements Influencia