À l’heure du tout digital, l’humeur est aussi au tout divertissement. À commencer par les séries et le gaming, mais pas seulement. L’entertainment est de toutes les recommandations stratégiques, dans tous les magasins, lieux de vie, et sur tous les supports quelque soit le secteur. Pleins phares sur une industrie vrombissante décortiquée ici par une enquête Havas Group x Cannes Lions.
On parle d’expérience client, d’immersion, on réinvente le retail et le parcours d’achat, on veut de l’intéraction et du jamais vu. Cette folie pour l’immersion étourdissante, qui atténue les frontières entre réel et imaginaire n’est pas pour déplaire à un consommateur qui a, si l’on examine cette étude, un grand besoin de distraction. Mais attention, il semblerait que les attentes de celui-ci dépassent la simple expérience pleine de paillettes et de rêverie. Car si l’entertainment permet parfois de se déconnecter de la réalité, il se doit, pour s’installer durablement, de prôner le changement et d’accompagner l’épanouissement des consommateurs dans leur qualité de citoyens. Coup d’oeil sur des résultats aussi encourageants que révélateurs.
Prosumers pour prédire
A l’approche de la 66ème édition du Festival International de la Créativité, Havas Group dévoile, en partenariat avec les Cannes Lions, les évolutions majeures qui transforment la façon dont les consommateurs appréhendent l’entertainment. La dite enquête intitulée « l’avenir de l’entertainment » porte sur 37 pays, et se concentre ici sur les « prosumers », les consommateurs également nommés « créateurs des tendances de marché » forcément en avance sur leur temps. Une cible que le groupe de communication suit depuis près de quinze ans, et qui permet aux professionnels de la com (notamment) d’anticiper les comportements et préférences de consommations mainstream à venir dans les 6 à 18 mois.
« Netflix & Chill » un point c’est tout
Un premier chiffre qui donne le ton : 83% des sondés considèrent le divertissement comme un besoin vital, là où 54% seulement disent prêter attention aux questions de santé. Problème : si le besoin est viscéral, il peut également s’avérer toxique. Ainsi, une étude récente décryptée par la rédaction soulevait la problématique de la mémoire verbale. Les téléspectateurs de plus de 50 ans qui regardent la télévision en moyenne 3 heures et demi par jour souffrent, six ans plus tard en moyenne d’une baisse établie entre 8 à 10% de leur mémoire verbale alors que cette perte n’est que de 4 à 5% chez les quincas qui passent moins de temps devant leur poste. Une donnée alarmante qui ne semble pas décourager les mastodonte de l’industrie, de developper des programmes propices au fameux « binge-watching ».
À noter également, que 60% des sondés admettent ne pouvoir « rester tranquilles » sans consommer de contenu (comme des enfants en somme), tandis que 56% sont prêts à sacrifier leur sommeil pour regarder une série. Pire : 40% affirment ne pas pouvoir vivre sans Netflix ! Un peu de littérature? De l’interaction humaine? Non, non, on veut juste « Netflix & Chill ».
Amour sous conditions
En éternel insatisfait qu’il est, le consommateur en veut donc plus, et dans tous les recoins de son quotidien. L’étude révèle ainsi que la majorité d’entre eux attendent de nos systèmes éducatifs (62%), de nos lieux de travail (60%), et de nos hôpitaux (37%) qu’ils intègrent plus de divertissements dans leur modèle…
Et afin d’être crédible et durable, le divertissement doit être porteur de sens et inspirer le changement. En effet, pour 93% des prosumers, la valeur du divertissement réside dans son impact sur le long terme : l’émancipation personnelle et l’éducation obtenues grâce au divertissement (88%) mais également faire appel à la représentation de nos cultures locales (78% des prosumers pensent que les plateformes de divertissement mondiales doivent promouvoir du contenu local dans leur langue et 81% d’entre eux estiment qu’il est important que les artistes fassent la promotion de leur culture nationale). Exigeants mais conciliants, ils sont 48% à se dire prêts à payer plus pour un contenu plus impactant. Vive Nolwein et la Bretagne !
Quant aux valeurs portées par les émetteurs de divertissement, peu importe le contexte, elles doivent rimer avec : respect (78%), perseverance (66%), générosité (64%) et ouverture (73%). Des données rassurantes et pleines de sens venant contrebalancer ainsi l’aspect addictif et toxique du divertissement allant parfois jusqu’à l’abrutissement.
Je divertis donc je suis
Une dernière leçon que l’on tire de cette enquête : le divertissement tend à être subi dans bien des circonstances. Entre créateur et consommateur de divertissement, le citoyen à parfois bien du mal à se sentir libre. 55% des jeunes de 13 à 17 ans, estiment qu’ils doivent constamment être divertissants pour leurs amis et leur famille, et 43% se sentent obligés de faire de leur vie un divertissement sur les réseaux sociaux.
En somme, que la culture du divertissement prenne ses aises et s’installe dans le long terme, est plutôt une bonne nouvelle. Une manière de redéfinir les contours d’institutions et de sphères souvent dénuées de chaleur, de réinventer des réalités et de donner du sens à des individus étouffés par la frénésie consumériste ambiante. A condition de ne pas en devenir esclave.