Juillet-Août 2009 : La consommation des ménages français est en recul. Cette érosion confirme les résultat d’un sondage TNS Sofres d’avant l’été : Pour une très large majorité de Français, la crise est durable et appelle de profondes mutations.
Le pouvoir d’achat est en berne. Ce que l’on avait prévu de différer s’avère au fond peut-être superflu. L’indice de référence du Bonheur National Brut aura au moins cet avantage de commencer au plancher. On pourra alors se féliciter de sa phénoménale progression quand viendront des jours meilleurs.
Au cœur de la tourmente, les marques font face à un désamour sans précédent. C’est une question cruciale pour les agences de design qui consacrent le plus clair de leur temps à leur donner vie, à les nourrir pour les faire grandir. Aux côtés d’entreprises parfois diabolisées, les designers ont l’opportunité de prendre la place laissée vacante par les tenants du marketing de l’hyperconsommation.
Ceux-là sont devenus inaudibles et démodés. Les 30″ déversés comme des tapis de bombes dans les écrans et dans les cerveaux disponibles ont saturé la solution.
Ironie de l’Histoire, un siècle s’est écoulé depuis la création d’AEG, l’une des toutes premières marques globales, actrice d’une mondialisation qui n’avait pas encore de nom. Peter Behrens, avec ses apprentis (Walter Gropius et Mies Van der Rohe !!!) posait pour cet industriel les bases d’une logique commerciale associée à une ambition esthétique et fonctionnelle qui donnerait naissance au Bauhaus.
Nous vivons aujourd’hui une seconde mondialisation, multipolaire cette fois-ci dont les marques sont les vecteurs les plus puissants, mais aussi les plus exposés. Les designers sont légitimes pour, un siècle plus tard, accourir à leur chevet et les réenchanter en faisant valoir une vision responsable, pérenne, porteuse de projet, de fierté et de cohésion. Ils sont les mieux à même de proposer des réponses en phase avec la double attente de consommateurs ultra lucides et de citoyens planétaires.
Moins de matière, moins de signes, moins d’emballage, moins de superflu, moins d’empreinte écologique de la conception à l’exploitation, moins de déchets, moins de pollution visuelle pour plus de cohérence, plus de services, plus de responsabilité, d’attention portée, plus d’élégance, plus d’imagination, plus d’adaptabilité, plus d’expérience, plus de simplicité pour nous accompagner dans la complexité du monde…
Pour les designers, il ne s’agit ni d’une posture ni d’un effet d’aubaine, mais bien d’une vision, jeune d’à peine un siècle, indissociable de leur pratique. Les entreprises le comprennent pleinement. Les Brand managers s’imposent comme de nouveaux interlocuteurs clé des organisations. Un effet papillon inattendu de la crise des subprimes.
Gilles Deléris, Président de l’ADC