« Les budgets ont augmenté, les associations sont soutenues, le 3919 est désormais disponible 24 heures sur 24, mais une femme meurt tous les deux jours et demi en France. La violence reste un défouloir. Dans le dernier rapport du HCE [Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, ndlr] datant de l’an dernier, ce qui a fait beaucoup de bruit, c’est le sexisme chaque fois plus admis par un grand nombre de jeunes adultes, et le fait que de nombreuses jeunes femmes affirment préférer rester à la maison.» Sortir c’est s’exposer au risque… « Et toujours en bruit de fond ce regret de voir à quel point l’Espagne est en avance sur ces sujets de violences faites aux femmes, sur l’efficacité de la chaîne mise en place [depuis 2003, le pays s’est doté d’un arsenal législatif renforcé qui a permis de faire reculer le nombre de féminicides : 49 en 2022 vs 71 en 2003, ndlr], et des résultats stupéfiants obtenus par la justice », explique Emmanuelle de Montesson, directrice générale de BETC. Ce fameux numéro 3919, remis au goût du jour en 2015, fait partie des actions positives et concrètes. «Savoir qui appeler reste encore aujourd’hui le moyen, le réflexe le plus efficace […] Ce numéro a l’avantage de s’imposer dans la durée et est devenu un réflexe pour les associations ou établissements qui veulent mettre en place une campagne de prévention», soutient Emmanuelle de Montesson.
C’est la coordination et l’action qui changent tout…
De son côté, la RATP et la SNCF, très concernées par le problème puisque 87% des femmes sont victimes de violences dans les transports, s’engagent. Grâce à des actions «contre l’outrage sexiste, le nombre de déclarations dans son périmètre est bien plus important que par le passé», se réjouit Anne Meunier, responsable de la lutte contre ce fléau à la SNCF. «Les consciences sont éveillées, ce n’était pas le cas il y a encore peu. Notre constat ? La coordination est essentielle, c’est cette chaîne en continuum qui permet d’avancer concrètement. Chaque victime prise en charge par nos agents, c’est une victoire. Parce que nous savons que nous irons au bout d’un process personnalisé. Le plus important reste le suivi, la proximité, l ’action », poursuit-elle en appréciant également «le rôle essentiel des débats actuels, notamment suscités par Judith Godrèche, sur la Toile ».
Quant à cette valse médiatique incessante, déroulant scandale après scandale, drame après drame, jusqu’à la nausée, elle est une des meilleures façons de refuser de taire cette réalité sur laquelle, aux yeux de tous, il est possible d’agir. Chacun à son niveau. En ouvrant grand les yeux et les oreilles, mais aussi la bouche.