Et si notre ville pouvait aussi s’exprimer ? Que dirait-elle ? The MurMur Wall, une structure design doublée d’une intelligence artificielle se nourrit de l’activité locale des réseaux sociaux pour mieux retranscrire les rumeurs ou émotions qui l’agitent. Une vision artistique mettant au cœur du processus la data visualisation et un nouveau mode d’expression.
Les éclairages, les illuminations, les feux d’artifices, les murs d’images, les bâches animées, les œuvres d’art rétro éclairées… Utilitaire, divertissante ou artistique, la lumière est au cœur de la ville. Elle fait d’elle et son ciel nocturne un lieu vivant, un support créatif hors cadre ou un précieux écrin en lui conférant une intensité différente ou une signification particulière. François Marollet qui a fait courir ses tubes de néon bleu animés sur les façades du « Louvre St Honoré » en 2013, en était intimement convaincu comme nous le racontait Bertrand Julien-Laferrière, DG de la Société Foncière Lyonnaise, dans la revue INfluencia consacrée à La Culture.
« Murmur Wall » érigé tout le long de l’entrée principale du Yerba Buena Center for the Arts, le centre culturel d’art moderne de San Francisco, participe de ce mouvement. Sauf que cette fois, cette quête de supplément d’âme est créée grâce aux nouvelles technologies et à leurs canaux. Son ambition ? Faire un mur lumineux qui raconte des rêves, des pensées ou se prête au jeu des graffitis pour mieux tenir en éveil la ville. Ne pas la laisser s’endormir dans son train-train et surtout impliquer les individus qui la fréquentent.
Un objet d’art qui fonctionne comme un réseau social
Conçue par Future Cities Lab, cabinet d’architecture expérimentale, cette installation complexe combine à la fois sculpture, tubes lumineux (composés de tiges optiques et de fibres en acier) et collecteur de données locales jamais stockées car utilisées qu’une seule fois. Plongeant instantanément le spectateur dans le futur et l’intelligence artificielle, tout en l’impliquant directement grâce à la data visualisation. En effet, son animation (intensité et rythme) s’inspire de l’activité de chaque individu à proximité sur les réseaux sociaux qui sont. De plus, elle capte les mots les plus récurrents utilisés sur les moteurs de recherche et les met en exergue sur des panneaux numériques qui s’insèrent dans l’entrelacs des tubulures qui composent l’œuvre.
Invitant à aller au-delà de la contemplation, et à se saisir des verbatim au hasard pour ouvrir le débat avec les autres personnes présentes ou même livrer ses angoisses et ses espoirs. Unique dans sa démarche, cette interface artistique est apostrophante et vivante à bien des égards. Artistiquement ludique elle l’est aussi sur le fond en sortant de son bastion le civisme qui veille en chacun de nous. Tout en constituant un lieu de rassemblement, elle renvoie chacun face à ses interrogations. Et pousse à partager et à affirmer sa richesse en tant qu’être humain et citadin sur place ou sur le site murmurwall.net qui prolonge la conversation. De même, en suscitant une interaction avec la ville dont les rumeurs sont retranscrites lumineusement, elle en donne une interprétation immédiate et en offre un message à interpréter librement.
Un nouveau totem pour s’exprimer avec créativité
Définitivement plein de ressources et reflet des attentes de notre société, cet objet d’art fonctionne exactement comme un réseau social révélant au grand jour ce qui est caché dans les smartphones. A ce titre, ce totem numérique et poétique pourrait tout à fait s’insérer comme un objet de communication et exciter la créativité de tous ses acteurs à commencer par la communication extérieure. Grâce à sa fluidité et sa proximité, il pourrait, en effet, très bien délivrer des informations utiles sur la ville, sur le départ ou l’arrivée d’un moyen de transport, sur un événement, créer une ambiance, intégrer des marques sous forme de mécénat pour leur permettre de développer un storytelling substantiel qui fait sens.