La plateforme digitale culturelle destinée aux 18-24 ans se lance dans la presse traditionnelle et publie son premier magazine. Son semestriel est vendu notamment en kiosque. Le fondateur et CEO de Views, Léo Devaux, boucle ainsi un projet qu’il a imaginé en... 2017.
Le magazine papier en état de mort cérébrale ? Léo Devaux n’y croit pas un instant, lui qui a fait toute sa « carrière » dans un pure-player digital. Avec sa casquette des New York Yankees sur la tête et son sweat-shirt, le jeune homme ressemble plus à un ado qu’à un patron de presse. Et pourtant, les apparences sont souvent trompeuses…
Derrière son bureau figure le chemin de fer de son tout nouveau magazine. Les 136 pages du tout premier numéro de Views ont été épinglées sur ce grand mur blanc. « Pour moi, tout cela est très nouveau, nous avoue-t-il dans un sourire. Les articles que je publie, je le lisais jusqu’à maintenant sur des écrans… »
Lors de sa création en 2016, Views étaitun simple blog culturel destiné aux jeunes. Aujourd’hui, ce média compte 1 million de followers sur les réseaux sociaux. 80% de ses abonnés sont des citadins âgés de 18 à 24 ans qui vivent dans les grandes villes françaises. Léo Devauxa très tôt eu l’envie de lancer un magazine papier. « J’ai sur mon ordinateur des projets de couverture qui remontent à 2017, explique cet ancien étudiant de Sciences Po Strasbourg qui est aussi passé sur les bancs de l’Université Lumière Lyon 2. Mon idée était de proposer un objet premium et de publier des articles plus longs que ceux diffusés sur nos réseaux. »
Les USA montrent la voie
Avant de se lancer, l’éditeur a demandé à ses followers ce qu’ils pensaient de son projet. 70% ont approuvé son idée. Et pour cause… La presse papier commence à voir le ciel se dégager au-dessus de son secteur plongé depuis de nombreuses années dans une grisaille déprimante. C’est vrai tout du moins chez l’Oncle Sam. « Les récentes relances de Life et de i-D aux Etats-Unis montrent que la presse magazine reprend des couleurs, constateLéo Devaux. En France, les magazines sont soit très niches, soit mainstreams. Notre idée était de proposer un titre qui se situe entre ces deux extrêmes. Concernant notre lectorat, nous allons nous appuyer dans un premier temps sur notre communauté qui nous suit sur les réseaux mais nous espérons élargir notre base de lecteurs grâce notamment à notre distribution en kiosque. »
La décision de lancer une version papier à Views a été prise il y a tout juste un an. Son éditeur a commencé par recruter trois rédactrices en cheffe dont une de ses anciennes stagiaires qui a ensuite roulé sa bosse au Monde. Quatre mois et demi de travail ont été nécessaires pour boucler le premier numéro au début de l’été. Les articles ont été écrits par des pigistes et des journalistes numériques du titre qui ont dû être encadrés pour apprendre les codes de la presse « traditionnelle ». Le sommaire propose notamment des portfolios de photographe, une bande dessinée, un article sur les ongles XXL, un dossier qui explique comment la culture apprend aux femmes à s’aimer et plusieurs interviews dont celle du chorégraphe Shay Latukolan. Le magazine ne comprend aucune page de publicité… pour l’instant. « Nous voulions maîtriser de bout en bout ce support et faire de ce premier magazine un manifeste de notre concept, détailleLéo Devaux. Pour le prochain numéro, nous ferons appel aux annonceurs avec lesquels nous avons l’habitude de collaborer sur internet. » Vendu 15 euros, sa périodicité semestrielle peut étonner. « Nous ne souhaitions pas lancer un trimestriel car nous avions peur de ne pas tenir ce rythme, assume l’éditeur. Nous pourrons toutefois sauter le pas à l’avenir. Tout dépend. Aujourd’hui, nous voulons être sûrs de travailler nos sujets en profondeur et de faire des shootings encore plus ambitieux que ceux que nous avons coutume de réaliser. » Le premier numéro a été tiré à quelques milliers d’exemplaires (Léo ne veut pas nous en dire plus à ce sujet). La moitié des ventes devraient être réalisées en kiosque et chez des distributeurs triés sur le volet. La naissance d’un nouveau titre de presse magazine, cela se fête…
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