«Je sais que les hommes politiques sont jugés sur tout ce qu’ils disent mais parfois, dans le feu de la discussion, nous pouvons aller plus loin qu’on ne l’aurait fait si on s était contenté de lire un discours. Seul ce qui a été soigneusement préparé par écrit doit être pris comme parole d’Evangile».
S’agit-il d’une petite phrase de Eric Woerth expliquant hier, pourquoi, 15 jours après avoir dit qu’aucune décision n’était prise sur la réforme des retraites*, il annonçait officiellement le report de l’âge de la retraite? Tiens, tiens…
Ou bien d’une autre petite phrase du leader du PS, Martine Aubry, contestant le « malentendu » du 17 janvier, lorsqu’elle avait suggéré une retraite « à 61 ou 62 ans. »«La réalité aujourd’hui, c’est que beaucoup de Français partent à 61 ou 62 ans, c’est ce que j’avais dit», a-t-elle ensuite clarifié. Ah bon?
Non, ne rêvons pas, cette vérité «plus vraie que vraie» est sortie de la bouche d’un politicien… australien. C’est effet le chef de l’opposition Tony Abbott qui, cuisiné sans relâche par un journaliste (regardez la vidéo, ça réconcilie avec des bonnes interviews politiques sans concession!), a reconnu à la télé qu’il lui arrivait de dire un peu n’importe quoi, et qu’il ne fallait pas croire tout ce qu’il racontait!
Lapsus? Courage? Plutôt lapsus qui ne va pas renforcer la crédibilité de la confrérie à laquelle il appartient. En France de toute façon, le mal est fait, 76% de nos compatriotes** ne font pas confiance aux hommes politiques!
Mais imaginons un instant les chefs d’entreprise français, les dirigeants d‘agences ou de groupes media, faire également leur mea culpa et reconnaître qu’ils affirment un peu tout et son contraire lorsqu’ils rencontrent des journalistes, ou même dans leurs conférences de presse…
Mais bien sûr, je sais, ce n’est pas possible! Faut vous dire Monsieur, que chez ces gens-là, on ne ment pas, Monsieur, on ne ment pas, on «communique»…
Isabelle Musnik
* déclaration à la presse à l’issue d’une réunion à Matignon consacrée au grand emprunt le 3 mai,: « ce sont des informations qui ne reposent sur rien, il n’y a aucune décision prise par le président de la République et par le Premier ministre ».
**enquête de l’institut Obéa-Infraforces pour France Info et 20 minutes. Avril 2010