En Espagne comme en Allemagne, des artisans bouchers ou des fermiers détournent à leur usage les distributeurs automatiques. Les circuits de distribution traditionnels n’ont qu’à bien se tenir.
Dans la tête de tout consommateur, il y a des associations immuables: un prix/un code barre, un distributeur automatique/une friandise… Mais cette dernière idée reçue est peut-être en train de connaître une méga révolution. Déjà Carnettendance, se penchait sur l’usage renouvelé de ces machines qui, par exemple, proposent à la vente des paires de chaussures dans une discothèque, ou encore un bon pour un dîner à deux sur un yacht !
Mais nos voisins, les Espagnols, poussent l’expérience un cran plus loin. L’initiative revient à Izarzugaza, une mini chaîne de trois boucheries du nord de la péninsule. En effet, l’entreprise centenaire, managée par la même famille depuis quatre générations et qui utilise déjà la vente en ligne pour développer sa clientèle, vient d’installer à la porte de l’une de ses boutiques un distributeur automatique. Au choix, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, une large gamme de viandes, de saucisses, de sandwichs ou plats cuisinés. Avec des variations selon les saisons: si en été, les salades sont à l’honneur, en hiver la vedette revient aux boulettes de viande et autres cuissots… Mieux, grâce à un écran tactile polyglotte -en anglais et en castillan, bien sûr! (et bientôt en allemand et en français)- le client peut passer une commande personnalisée et tout comprendre s’il est un touriste. Plutôt astucieux pour répondre aux attentes des consommateurs et sortir de ses frontières… locales. Ainsi Izarzugaza exporte ses spécialités vers une clientèle à Segovie et à Madrid, en attendant de conquérir le monde.
Le filon semble porteur, car l’expérience est également menée, depuis quelques mois, en Allemagne mais cette fois par une ferme. En effet, les dirigeants de Peter-und-Paul-hof, las d’être tiraillés entre le circuit de la grande distribution pas vraiment rémunérateur et le temps perdu à faire les marchés, ont décidé d’installer dans une douzaine de villes, des distributeurs automatiques dédiés aux œufs, au lait, au beurre, au fromage, aux pommes de terre et aux saucisses. Une machine, baptisée Regiomat et mise au point en association avec le fabricant Stuewer. Et pourvu qu’elle soit à l’abri d’un auvent, celle-ci fonctionne 365 jours par an et offre 24 heures sur 24, des produits directement issus de la ferme.
Plutôt judicieuse cette façon de repenser le circuit de distribution, car non seulement elle supprime des intermédiaires, réduit les prix, fait gagner du temps aux agriculteurs et/ou producteurs, mais en plus, elle réjouit les accros au bio ou les locavores. De nouvelles perspectives sont indéniablement à la clef, comme en Suisse, où certaines de ces machines sont installées au départ de sentiers de randonnée. La grande distribution bientôt obsolète?
Florence Berthier