6 juin 2021

Temps de lecture : 3 min

Vaccination : La RATP, Axa, BNP Paribas, Veolia, Saint-Gobain, Danone et La Poste ont été les premiers à injecter des doses contre la Covid-19

Depuis le 25 février, les entreprises peuvent mettre en place des campagnes de vaccination contre la Covid-19 pour leurs collaborateurs. Peu de salariés ont profité de cette opportunité le premières semaines. Au 22 avril, seules 400.000 injections avaient été réalisées par les médecins du travail. Ce chiffre représente une goutte d’eau au regard des 16 millions de premières doses injectées à la population française dans son ensemble. Les réticences des premiers jours semblent toutefois s’estomper au fil des semaines.

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Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a ainsi révélé que 84% des employés consultés dans sa base souhaitaient recevoir le vaccin sur leur lieu de travail. Le 3 mai, le chef du premier syndicat du privé a même accepté d’unir sa voix à celle du président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, afin d’encourager les salariés à se faire vacciner dans leur société. Les deux dirigeants souhaitent notamment un assouplissement des règles encadrant la vaccination et la mise en place d’une priorisation par catégorie d’âge plutôt que par profession car ils jugent que certains métiers sont laissés de côté par la législation en place. Le patron des patrons a aussi demandé aux employeurs de faire preuve de « souplesse » durant les prochains mois si leurs collaborateurs souhaitaient se faire vacciner sur leur temps de travail : « Il est de l’intérêt de tout le monde, selon lui, que la vaccination soit massive, afin de relancer la vie économique. »

De nombreux freins

Les raisons qui expliquent pourquoi les campagnes de vaccination ont été si timides ces dernières semaines sont nombreuses. Les employés éligibles étaient tout d’abord très peu nombreux. Seules les personnes âgées de 55 à 64 ans et atteintes de comorbidités pouvaient demander une injection. L’ouverture progressive de la vaccination aux plus de 55 ans sans comorbidités et, depuis le 1er mai, aux majeurs atteints de comorbidités devraient accroître le nombre de vaccinations en entreprise. A terme, plus de 25,4 millions de salariés français pourront se faire vacciner au bureau ou à l’usine. Les services de santé au travail ont également eu des problèmes au début à se procurer des doses. La suspension des injections du vaccin Astra Zeneca durant quelques jours en mars a été un coup de frein supplémentaire. La législation très stricte en matière de respect des règles sanitaires a complexifié, encore un peu plus, la mission des médecins du travail. Le secret médical impose en effet que les salariés qui acceptent de se faire vacciner ne se croisent pas dans les couloirs au moment où ils vont se faire piquer. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?

Entre le vaccin et le masque, il faut choisir

Les grands groupes comme la RATP, Axa, BNP Paribas, Veolia, Saint-Gobain, Danone et La Poste ont été les premiers à injecter des doses contre la Covid-19 à leurs collaborateurs. Des sociétés plus modestes commencent aujourd’hui à leur emboîter le pas. Dans les Yvelines depuis le 12 mai, les salariés des entreprises locales de plus de 25 employés peuvent se faire piquer dans le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines qui a été transformé en « vaccinodrome ». Un créneau d’une heure, de 17h à 18 h, leur est réservé à cet effet. Une des premières sociétés à profiter de cette aubaine a été Bluelinea (www.bluelinea.com). « Dès le lundi 17 mai 2021, une centaine de salariés ainsi que des conjoints ont été vaccinés », se félicite Laurent Levasseur, le PDG de cette compagnie spécialisée dans l’accompagnement à domicile des personnes âgées. Tous ont reçu des doses non utilisées la veille. Pour convaincre les plus réticents, le dirigeant a trouvé un argument de poids. Lorsqu’il a annoncé à ses employés que des créneaux au vaccinodrome pourraient leur être réservés, à peine la moitié d’entre eux ont affirmé qu’ils souhaitaient profiter de cette opportunité. « Mais lorsque j’ai dit que si on atteignait 75% de personnes vaccinées, on pourrait retirer le masque dans les locaux, on est passé à 70% d’intéressés », assure Laurent Levasseur. Son initiative répond aussi à une logique économique. En allant au vélodrome, « on va gagner du temps, insiste l’entrepreneur. Les salariés ne seront absents qu’une heure au lieu d’une demi-journée. Et plus vite, on sera vaccinés, plus vite on pourra retrouver une vie normale. » L’Etat semble partager cette analyse.

L’Etat fait pression

« Comme les organisations syndicales et patronales, je souhaite que les entreprises et la médecine du travail jouent pleinement leur rôle dans la stratégie de vaccination contre la Covid-19 comme elles le font chaque année pour la grippe, estime Élisabeth Borne, la ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion. La vaccination en entreprise (doit) monter en puissance en vue de l’ouverture du vaccin à la population générale à partir du 15 juin. » Le secrétaire d’État chargé des Retraites et de la Santé au travail partage la même analyse. « Les services de santé au travail ont la confiance des salariés et permettent une vaccination sur le temps et le lieu de travail ou à proximité, déclare Laurent Pietraszewski. Ceci facilite l’accès des salariés à la vaccination contre la Covid-19. » De retour au bureau, vous prendrez plutôt une dose de Moderna, de Pfizer ou d’Astra Zeneca entre deux pauses cafés avec vos collègues?

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