Joindre l’utile à l’agréable. Parvenir à sortir du lot avec des moyens relativement modestes face à des mastodontes aux poches pleines qui dépensent sans compter. Asics cherche à répondre à ces questions année après année. Avec un chiffre d’affaires presque dix fois inférieur à celui de Nike et plus de quatre fois plus faible que celui d’Adidas, le groupe japonais ne peut pas rivaliser avec ses imposants rivaux pour coller son logo sur les maillots des plus grands sportifs de la planète. « Sa » plus grande star est, sans aucun doute, le serbe Novak Djokovic qui a remporté 23 titres du Grand Chelem et même si l’entreprise a soutenu pas moins de 325 athlètes qualifiés pour les JO de Paris, la plupart de ses « poulains » ne sont connus que des passionnés de sport. Sa dernière initiative ne manque toutefois pas d’originalité, ni de bon sens.
Pour réaffirmer son engagement à préserver le bien-être mental de ses athlètes, Asics vient de dévoiler un projet visant à les protéger contre le harcèlement en ligne. La cyberintimidation est un fléau qui touche de plus en plus les sportifs de haut niveau, si l’on en croît les conclusions d’une étude publiée par l’Université de Loughborough. Ces pratiques « peuvent avoir des effets néfastes durables sur eux », s’inquiète Andrea Geurin, professeure et directrice de l’Institut sur le Business du Sport.
L’union fait la force
Afin d’offrir à ses athlètes l’accès à des services de cybersécurité et pour minimiser l’exposition à des contenus abusifs lors d’événements majeurs, Asics s’est associé à Signify. Cette société spécialisée dans les data a développé un outil basé sur l’IA, baptisé Threat Matrix, qui gère les abus sur les réseaux sociaux. « Nos athlètes n’ont qu’à nous donner l’accès à leurs réseaux sociaux et nous nous occupons de tout le reste, résume Anne-Laure Barrie, Senior Activation Specialist chez Asics France. Le bouclier de protection mis en place par Signify, qui comprend un mix d’intelligence artificielle et de moyens humains, permet notamment de détecter les messages à caractère raciste et sexiste ainsi que les images et les émojis très négatifs. Ces messages sont dévoilés aux sportifs et nous pouvons les supprimer si nécessaire. » Mieux vaut tard que jamais…
La Toile, ce défouloir de haine
« Malheureusement, les abus en ligne sont un problème auquel presque tous les athlètes de haut niveau doivent faire face de nos jours, regrette Eilish McColgan, une athlète écossaise qui a participé à trois reprises aux Jeux olympiques et qui a été championne des Jeux du Commonwealth du 10.000 mètres et multi-médaillée d’Europe. Personnellement, je reçois une avalanche de messages et de commentaires abusifs, surtout lorsque je participe à des compétitions. Ces propos ne concernent presque jamais mes performances, mais presque toujours mon corps et mon apparence. Au fil des ans, je me suis habituée à ces commentaires et je me défends mais ce n’est pas acceptable. Les abus constants auxquels les athlètes sont confrontés sont inacceptables, et la situation ne fait qu’empirer. Je suis reconnaissante d’avoir le soutien d’Asics et de cette nouvelle initiative pour aider à bloquer et à supprimer les contenus nuisibles, afin que mon esprit puisse se concentrer sur les choses que j’aime le plus : courir et participer à des compétitions ».
Cette nouvelle initiative s’inscrit dans le cadre plus large du « Mind and Body Athlete Support Programme » qui offre aux athlètes Asics l’accès à une multitude de services destinés à améliorer leur bien-être physique et mental, ainsi qu’à des initiatives liées au sport propre. Grâce à ce nouveau programme, la marque nippone s’efforce de fournir aux athlètes un service d’assistance unique conçu pour soutenir leur développement personnel et professionnel.
Anima Sana In Corpore Sano
« Chez Asics, nos cinq lettres ont une signification, souligne Olivier Mignon, responsable mondial du marketing sportif du groupe. Elles sont l’acronyme de l’expression latine “Anima Sana In Corpore Sano” ou “un esprit sain dans un corps sain”. C’est pourquoi le bien-être des athlètes a toujours été au cœur de nos préoccupations. Si nous sommes fiers d’aider les athlètes à gagner et à battre des records, nous ne croyons pas à la victoire à tout prix. Le bien-être physique et mental des athlètes est plus important que n’importe quelle place sur le podium. »
Ce soutien de l’équipementier japonais va beaucoup plus loin qu’une simple aide technologique sur les réseaux sociaux. « Nous proposons à nos athlètes qui en font la demande tout un programme d’accompagnement d’experts et notamment de psychologues, ajoute Eilish McColgan. Cette aide est totalement confidentielle. Nous avons aussi ouvert l’an dernier un centre d’entraînement en altitude à Font-Romeu (Pyrénées Orientales) dans lequel les sportifs peuvent s’entraîner mais aussi faire appel à nos spécialistes. » « Anima Sana In Corpore Sano » prend ici tout son sens…