Un bon mot, un mot doux ou un mot intelligent voire acerbe, Ronan Chastellier, auteur, chroniqueur et surtout sociologue devant l’éternel, livre un mélange de pensées pures et impies sur notre univers consumériste. Pour ce premier billet, il ouvre le bal avec UHU…
Il y de la viscosité, de la colle dans l’air, vous ne trouvez pas ? De quoi la colle UHU Twist & Glue est elle le nom ? En quoi cette colle incarne-t-elle une certaine gluance contemporaine ? Et allons-nous vers un univers collant ? UHU en bâtonnet, cette mythique substance gluante blanchâtre, qui « colle tout sur tout », semble vouloir dire quelque chose au plan sociétal…
Un besoin de coller tout le temps
Dans un romantisme de la proximité ou une sorte d’érotisme primaire tout le monde se colle, s’impose un état de voisinage forcé jusqu’à ce que cela finisse par causer de l’embarras quand on s’approche trop près, quand on commence à ressentir la présence suffocante de l’autre. UHU Twist & Glue avec sa tête pivotante et son applicateur 3 positions, incarne les nouveaux styles d’attachement modernes et aussi tout ce qui est collant aujourd’hui.
Comme une Ex. Comme l’Urssaf. L’espace interpersonnel semble parfois saturé de UHU Twist &Glue. Ce qui pour le dire plus philosophiquement, dément fondamentalement l’autonomie du sujet, rend la liberté imparfaite. Voilà pourquoi il faut sérieusement faire rentrer la gamme UHU (Twist &Glue, Stic, Patafix, Colle tout extra…) dans l’histoire de la pensée.
Dans une conception UHU de l’existence, il y aurait un rythme dramaturgique à trois temps. La perfection originelle, la catastrophe de la séparation et le bienheureux rétablissement par le collage. La capacité à régler tout problème par un jet de colle sur mesure, précis, fin ou large pour nous faire revenir à l’état d’unité originel, c’est vraiment cool !