Le site de rencontres extraconjugales Ashley Madison a lancé dans la Silicon Valley une campagne d’affichage qui s’inscrit dans l’air du temps. Harvey Weinstein continue de faire des vagues aux Etats-Unis…
On ne mélange pas le plaisir avec les affaires. Croyez-en le spécialiste des rencontres extraconjugales … Ashley Madison a collé, le 25 juin dernier et pour une durée d’un mois, aux quatre coins de la Silicon Valley des affiches montrant une femme qui lèche la joue d’un homme visiblement surpris avec pour seul message : « Office Affairs are NSFW » que l’on pourrait traduire par « les liaisons amoureuses au bureau ne sont pas sans danger ». Le hashtag inscrit au bas de cette publicité #cheatbetter ou #trompermieux renforce encore un peu plus le clou planté par le site de rencontres destiné aux internautes qui ne sont pas célibataires.
« Life is short. Have an affair »
Cette campagne peut sembler un rien déroutante pour une plateforme qui a toujours vanté les bienfaits des relations adultères. Son slogan, « Life is short. Have an affair » (« la vie est courte, ayez une aventure » ), ne saurait être plus clair. Mais par les temps qui courent, certains « appels au crime » doivent être remis dans leur contexte. Les scandales qui explosent presque chaque semaine aux Etats-Unis concernant le harcèlement sexuel au travail et l’envergure des mouvements #Metoo et #BalanceTonPorc ont contraint Ashley Madison à imaginer cette publicité très « politiquement correct » qui détonne dans sa stratégie de communication.
Au mois de janvier, son spot imaginé par 5 Stranger Films entrait davantage dans sa ligne habituelle de promotion externe. Le clip montrait une femme sortant d’une maison pour faire son jogging. Une voix off posait alors ces quelques questions : « Pourquoi est-ce que je me lève avant tout le monde ? Pourquoi est-ce que je cours plus vite qu’hier ? Pourquoi est-ce que je n’écoute pas ma douleur ? Pourquoi est-ce que je n’abandonne jamais ? ». Soudain, la joggeuse stoppait sa course et répondait : « parce que je ne veux pas me faire attraper » juste avant de piquer un sprint pour ne pas se faire rosser par une autre femme qui l’insultait . Le spot se terminait par le logo du site avec la lettre « o » de « Madison » qui tombait comme une alliance abandonnée sur la table du salon. Délicat, vous avez dit délicat ? Le site de rencontres qui revendique plus de 30 millions de membres n’est plus à une polémique près…
Victime d’une cyberattaque
En juillet 2015, la plateforme a été victime d’une cyberattaque d’un groupe de hackers nommé The Impact Team qui avait rassemblé les données privées de ses 36 millions de comptes situés dans plus de 50 pays. Ces informations, supposées rester confidentielles, comprenaient les numéros de téléphone et les adresses des internautes enregistrés sur le site mais aussi leurs pratiques sexuelles préférées. Cette fuite a provoqué de nombreux divorces ainsi que le suicide de deux personnes dont un pasteur américain.
Les services d’enquête de l’armée américaine ont, pour leur part, affirmé qu’ils avaient enquêté sur les propriétaires des 10 000 comptes qui avaient été créés avec des adresses de courrier électronique professionnelles se terminant par « army.mil » ou « navy.mil ». L’infidélité est, en effet, interdite par le code de conduite militaire et elle peut même être sanctionnée par l’exclusion du contrevenant des forces armées. Pour mettre fin aux poursuites judiciaires lancées à son encontre, le propriétaire d’Ashley Madison, Ruby Corp, a accepté de verser 11,2 millions de dollars aux victimes du piratage. Cette affaire a aussi montré que le site trichait pour attirer les internautes masculins.
Plus de l’ordre du fantasme que de la gaudriole
Des informations fuitées lors de la cyberattaque mais vérifiées par le site Gizmodo ont ainsi montré que sur les 5,5 millions de profils féminins officiellement inscrits sur la plateforme, moins de 1 500 avaient vérifié leurs messages internes, contre plus de 20,2 millions pour les membres masculins. Et à peine 2 409 femmes ont utilisé au moins une fois la messagerie instantanée du site contre 11,03 millions d’hommes.
« Lorsqu’on regarde ces chiffres », conclut Gizmodo, « il est difficile de nier que la vaste majorité des hommes qui utilisaient Ashley Madison ne rencontraient pas des maîtresses sur le site. Ils payaient pour un fantasme ». Le rêve serait néanmoins interdit sur les lieux de travail. Les temps changent…