C’est un fait, nous sommes dans une révolution analogique. Les ventes d’objets comme les vinyles, les carnets et même les jeux de société n’ont cessé de croître au cours de la dernière décennie. Le tout pendant que certaines grandes entreprises comme Amazon, qui avait promis de succéder aux commerces traditionnels, se précipitent pour ouvrir des magasins physiques : Amazon go, Amazon 4 stars, Amazon books…
La revanche de l’analogique
La crise sanitaire a évidemment accéléré un certain nombre de phénomènes mais malgré le boom du e-commerce, nous avons aussi compris que nous avions besoin de nos commerces pour maintenir l’activité économique et l’attractivité de nos environnements urbains. On a vu nettement ce mouvement avec le retour des clients dans les librairies juste après le confinement : les ventes de livres en librairie ont bondi de 178%. Internet n’est peut-être plus l’ennemi du commerce de proximité finalement.
Qu’est-ce qui pousse l’entreprise mondiale du e-commerce ou plus généralement les entreprises digitales à s’implanter dans un marché physique ? Certains pensent que c’est la recherche de nostalgie, l’envie de réel. Mais finalement, beaucoup d’aficionados de l’analogique/physique sont des millenials attirés par l’utilisation brute et sans complexe d’un objet/produit. En tant que designer n’a-t-on pas plus de facilité et de plaisir à dessiner les prémices d’un site web à main levée sur un bout de papier ou encore un beau carnet en cuir ?
Plus de connexion humaine
L’analogique n’est même plus une question d’âge, ce ne sont pas que les “vieux” qui pensaient que tout était mieux avant, de la musique aux films en passant par la mode vestimentaire. Un sondage réalisé sur des jeunes Anglais de 16 à 24 ans révèle que 90% d’entre eux pensent qu’un e-book devrait être moins cher qu’un livre car un livre a plus de valeur. Le digital ne satisfait pas toujours nos besoins d’interactions, le contact humain, l’écoute, la disponibilité, sans parler de la possibilité de toucher et d’essayer, ou de prendre son temps pour évoluer dans l’univers de la marque sont toujours plébiscités par les consommateurs.
Il y a 19 ans nous rêvions d’avoir l’iPod
Il y a 19 ans nous rêvions d’avoir l’iPod dont la promesse était de regrouper toute notre bibliothèque musicale dans notre poche. Aujourd’hui les ventes de vinyles explosent et dépassent celles des CD (ce n’était pas arrivé depuis 1986). La cause ? Sans doute la qualité de l’objet. L’utilisateur écoutera son album favori sur une des nombreuses plateformes de streaming, mais il sera aussi capable d’acheter l’édition vinyle de cet album. Il pourra ainsi admirer, toucher la pochette, le disque ou encore les différents bonus qui ne cessent d’appâter certains consommateurs de musique.
D’ailleurs regardez-vous souvent vos 14000 photos stockées sur votre téléphone ou encore dans votre disque dur à la maison ? La facilité d’accès au contenu de nos jours rend chaque photo très peu personnelle et très peu durable. De plus en plus de personnes prennent l’habitude de développer sur papier leurs photos favorites ou encore de photographier à l’argentique. Les polaroids sont de plus en vogue, et malgré leur technologie datée, ils rendent l’objet de photo “collectionnable”. La quête d’un support physique à connecter avec nos émotions ou nos souvenirs devient essentielle.
L’empire des sens
Un objet nous permet parfois d’ouvrir une fenêtre sur le temps : un ancien walkman, un vêtement ou encore un disque peuvent nous renvoyer des années en arrière. Ces objets ont une valeur inestimable, qu’aucune expérience digitale ne pourrait remplacer. Les espaces et les objets physiques nous offrent une superbe expérience sensorielle. L’utilisation de nos sens, la connaissance et la conscience sont ce qui fait de nous des êtres humains. Nous associons les lieux et les objets aux impressions sensorielles et aux sentiments qui nous touchent.
Opter pour une technologie moins moderne peut sembler insensé. Mais les humains ne sont pas des machines programmées pour donner systématiquement la réponse la plus logique possible. Nous sommes des êtres vivants complexes animés par des émotions que même nous ne comprenons pas toujours. Hyper-connectés, hyper-informés et hyper-exigeants, nous sommes aussi attachés au monde physique finalement, tout n’est qu’une question de dosage.