Si l’on devait caractériser l’un des impacts les plus forts de la modernité liquide sur le brainworker, c’est probablement celui-là : la difficulté à trouver un équilibre stable et productif entre l’exigence quotidienne de produire dans les délais impartis (créer des produits, rédiger des contenus, lancer des campagnes), la nécessité de faire en sorte que ces productions remplissent les objectifs de performance (trafic, ventes, notoriété), et la capacité d’avoir un temps d’avance sur les évolutions à venir (se différencier, prévoir les tendances émergentes, innover).
Or cette équation, déjà sur le papier assez complexe à résoudre, devient un vrai casse-tête dans un contexte où l’on demande aux collaborateurs plus de productivité avec des équipes, des salaires, et des budgets qui peinent à être étendus. Et ce en brandissant l’argument du digital et de la technologie, sensé résoudre tous les problèmes. Sans doute que l’emballement du marché pour le digital, la data, et maintenant l’intelligence artificielle a conduit à un peu trop d’optimisme quant à la réalité pratique de leur mise en œuvre dans les organisations. Une explication possible de cette confusion est notamment le fait que plusieurs dynamiques contradictoires créent au bout du compte plus de frictions qu’elles ne génèrent des gains de productivité.
D’abord, la fragmentation des solutions technologiques, qui démultiplient les environnements de travail et demandent autant de formations spécifiques. Et cette même fragmentation est d’autant plus compliquée à appréhender qu’elle ne s’accompagne pas toujours d’une intégration simple entre les différents outils, qu’ils soient en place ou nouveaux. Ensuite, au niveau de la génèse même des solutions, l’attention n’est pas toujours portée sur les moments de vie du collaborateur et la réalité de son quotidien. On assiste à l’empilement de fonctionnalités et de traitements qui parce qu’ils sont devenus possibles, sont proposés et poussés de façon systématique au détriment d’une logique orientée métier. Le mieux est ici l’ennemi du bien, ce qui a pour conséquence des taux d’utilisation parfois désastreux de solutions pourtant très innovantes. Enfin, les organisations elles-mêmes ont du mal à s’adapter de façon dynamique et continue à l’ébullition du marché de la technologie. Il faudrait passer sa vie dans les salons pour avoir une maîtrise de tout ce qui existe. De plus, qui dit nouvelle solution dit souvent nouveau workflow, nouveau process, nouvelle intégration, et il n’est pas réaliste de repenser les rôles et fonctions de chacun à chaque saison.
La solution passe par l’ » intelligence étendue «
Alors que fait-on face à ce paradoxe d’une explosion technologique qui finalement met en difficulté les entreprises dans la mise en œuvre de leur transformation digitale ? Revenons-en au triptyque du brainworker : concrètement, plus je passe de temps à produire, moins je peux anticiper. Et plus je produis dans la précipitation, moins j’ai de chances de performer. J’ai donc besoin d’être orienté rapidement pour produire plus vite, et dans la bonne direction pour produire mieux. Et ainsi dégager du temps pour prendre de la hauteur et anticiper. Le tout sans avoir à bousculer ma façon de travailler tous les quatre matins.
Ce paradigme existe, et il s’appelle » intelligence étendue » : faire correspondre à chaque moment du quotidien d’un brainworker une réponse qui cible et répond à ses problématiques grâce à la technologie et en particulier l’intelligence artificielle. Pas par la data ou un énième dashboard, mais bien par une exploitation de cette data, remise en scène et en contexte pour avoir une vraie valeur métier en étant opérante. Ça vous rappelle quelque chose ? C’est normal, c’est déjà une réalité dans votre vie privée grâce aux smartphones et autres enceintes connectées. Reste à en faire une réalité dans le monde de l’entreprise.