2 septembre 2024

Temps de lecture : 5 min

Travail et bien-être, la difficile harmonie

Le travail est une contrainte nécessaire pour 58 % des Français, contre 49 % en 2006. C’est ce qu’un sondage Ipsos de septembre 2023 révèle dans un tableau renouvelé de leur rapport au travail à la fin d’une année marquée par une actualité polarisée, où les réformes de l’assurance chômage et des retraites a mis le temps de travail au cœur des luttes sociales. Un article extrait du livre blanc "Médiascopie d'un pays" en collaboration avec le SIG.

Les années post-Covid ont confirmé les transformations introduites à marche forcée durant les trois périodes successives de confinement. Devenu une norme, le télétravail s’est ainsi imposé comme l’outil irremplaçable de gain de flexibilité et d’attractivité pour les salariés, avec de substantielles économies structurelles pour les entreprises. Or, tous les travailleurs ne peuvent bénéficier de cette commodité. Avec la fin de la crise sanitaire, la célébration des métiers essentiels s’est évanouie. Les augmentations salariales des personnels les plus exposés (hospitaliers, enseignants…) n’ont pu qu’imparfaitement compenser les inégalités liées aux conditions d’exercice de nombreux métiers.

Sur fond de bienveillance, les inégalités exacerbées

Faut-il voir en 2023, dans ce retour à l’ordre banal du monde et les manifestations bienveillantes vite oubliées de la période Covid, une désillusion face à la réalité du travail ou une plus grande lucidité vis-à-vis des inégalités systémiques qui s’y développent ? C’est sur ce deuxième point que le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans son rapport annuel sur l’état de la France s’inquiète : jamais les Français n’ont eu une perception aussi aiguë des inégalités qui traversent la société française, et pas seulement face à l’emploi : inégalités face aux services publics, à la santé, à l’éducation… La première d’entre elles concerne le lieu de résidence : que vous soyez ruraux, banlieusards ou urbains, votre vie au travail ne sera pas comparable. Dans ce contexte, imaginer une organisation du travail qui apporte une flexibilité choisie et qui permettrait une meilleure harmonie entre vie professionnelle et vie personnelle des employés constitue le nouveau défi des prochaines années. La semaine de quatre jours sera-t-elle en mesure de répondre à ces nouvelles aspirations ?

Le lent rattrapage des inégalités salariales

En dépit des observatoires, des stratégies de name and shame et du volontarisme affiché, tous les commentateurs s’accordent à dénoncer la lenteur avec laquelle se réduisent les inégalités salariales entre hommes et femmes dans les entreprises. À travail égal, les femmes se voient renvoyées à leur condition de genre. Plus globalement, elles concentrent les emplois à temps partiel qui les pénalisent et les cantonnent à leur rôle de mère lorsque l’enfant paraît. L’écart de salaire entre les hommes et les femmes est de 23,5% dans le secteur privé selon l’Insee (chiffres 2022). Toutefois, depuis la mise en place en 2019 de l’index de l’égalité professionnelle dans les entreprises de plus de 50 salariés, et 44 depuis 2023 le renforcement des sanctions pour les récalcitrants, les entreprises sont forcées d’adopter des mesures plus décisives en faveur d’une égalité salariale véritable.

Le temps de travail en question

Le prolongement du temps de travail associé au report de l’âge du départ à la retraite à 64 ans cristallise durant le premier trimestre 2023 toute l’exaspération des Français face à une réforme impopulaire. Une réforme qui a fait couler beaucoup d’encre. Selon le rapport1 publié par l’Observatoire des Pratiques Socio-numériques de Toulouse (OPSN), «les images des manifestations, des grèves, des blocages mais aussi des débats à l’Assemblée nationale, au Sénat et sur les plateaux de télévision ont saturé l’espace public en France et se sont diffusés massivement à l’étranger». Les chercheurs à l’origine de ce rapport estiment que les médias français ont publié en moyenne chaque jour plus de 1500 contenus en lien avec la réforme pendant les trois premiers mois de l’année. Après des semaines de mouvements sociaux, la loi sera promulguée en avril 2023 au terme de quatre mois de débats parlementaires exacerbant la volonté des partenaires sociaux de faire revenir le gouvernement sur sa décision.

Au fil des semaines de contestation, «une question va prendre de l’ampleur, c’est la place du travail dans la vie», rapportait la chercheuse Brigitte Sebbah à Radio France. «C’est bien plus qu’une simple contestation : il y a des débats constructifs sur le financement de la retraite, la place des femmes dans la réforme, sur la place du travail dans nos vies. »

L’allocation chômage sous pression

Et c’est justement «un nouveau pacte de la vie au travail» que proposait Élisabeth Borne le 26 avril 2023, annonçant notamment la disparition de Pôle emploi au profit de France Travail, dont le Gouvernement entend faire «un outil de retour au plein emploi ».

Profitant du regain d’activité post-confinement – le taux de chômage est au plus bas en 2022 pour atteindre 7,5 % de la population active fin 2023 selon l’Insee – cette nouvelle mesure s’inscrit dans un contexte où les entreprises peinent à recruter et où le souhait explicite du Gouvernement est de réduire le coût de l’assurance chômage. Dans le même temps, celui-ci multiplie les mesures pour le retour des personnes éloignées de l’emploi en conditionnant le versement du revenu de solidarité active (RSA) à la réalisation effective de 15 heures d’activité hebdomadaires. Le travail se poursuit en 2024…

1. Rapport intitulé « Débattre coûte que coûte : La réforme des retraites et ses critiques dans la presse et sur les médias sociaux » paru en avril 2023. Laboratoire d’Études et de Recherches Appliquées en Sciences Sociales (LERASS), Université Toulouse III – Paul-Sabatier.

Semaine «de» quatre jours ou semaine «en» quatre jours?

Après l’arrivée des 35 heures dans les entreprises il y a moins d’un quart de siècle, la semaine «de» ou «en» quatre jours apparaît comme une nouvelle avancée sociale, favorisant un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Déjà largement testée dans les collectivités, les administrations et certaines entreprises privées, cette organisation du travail reçoit l’agrément de 80% des salariés, selon l’étude Talent Trends 2023 de Michael Page. L’attrait des jeunes pour cette nouvelle organisation du travail pousse les entreprises à s’intéresser à cette formule pour attirer les talents (avec réduction du temps de travail pour la semaine «de» quatre jours; et pour la semaine «en» quatre jours, conservation du même nombre d’heures travaillées et même rémunération). Cette dernière formule a été mise en avant par Gabriel Attal dans son intervention du 28 mars 2024.

Tech pour toutes

À l’occasion du salon mondial VivaTech en juin 2023, la Première ministre lançait le programme «Tech pour toutes», pour faire de la technologie un secteur pleinement égalitaire entre les femmes et les hommes. Axe fort du plan égalité femmes-hommes «Toutes et tous égaux», présenté le 8 mars, la parité dans les métiers de la tech et du numérique était déjà une des priorités du Gouvernement, qui annonçait un programme ayant pour objectif d’accompagner 10000 jeunes femmes d’ici à 2026 souhaitant commencer ou poursuivre des études supérieures dans le numérique.

Rappelons qu’aujourd’hui, les femmes ne sont que 27 % à évoluer dans les métiers du numérique en France, et 15 % dans ceux de la tech. Dans cette optique, le service sous l’autorité de la Première ministre avait choisi de s’associer à Social Builder, une association pionnière dans l’accompagnement et l’inclusion des femmes dans le numérique. Diffusé depuis le 20 septembre 2023, uniquement en ligne, sur les plateformes vidéo et les réseaux sociaux, le clip visant à agir contre les stéréotypes qui perdurent dans le secteur de la tech et la sous-représentation des femmes a été vu plus de trois millions de fois en moins de deux mois.

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