18 novembre 2019

Temps de lecture : 3 min

Traquer les violences conjugales est aussi l’affaire des entreprises

Utiliser l’entreprise, lieu de vie et d’échange, pour enquêter sur les violences conjugales faites aux collaborateur.rices , voilà l’angle d’attaque de l’étude européenne menée par la fondation FACE (Fondation Agir Contre l’Exclusion ) et les entreprises du réseau OneInThreeWomen (Kering, L’Oréal, Korian, BNP Paribas, Carrefour et OuiCare).

Utiliser l’entreprise, lieu de vie et d’échange, pour enquêter sur les violences conjugales faites aux collaborateur.rices , voilà l’angle d’attaque de l’étude européenne menée par la fondation FACE (Fondation Agir Contre l’Exclusion ) et les entreprises du réseau OneInThreeWomen (Kering, L’Oréal, Korian, BNP Paribas, Carrefour et OuiCare).

Une étude envoyée à plus de 40000 personnes, qui a permis de mettre en exergue les impacts majeurs des violences conjugales sur l’entreprise. Ainsi, 16% des femmes et 4% des hommes interrogé.e.s ont signalé des expériences actuelles ou passées de brutalités conjugales; 24% des victimes ont pris des congés en raison de ces dernières. 2 salarié.e.s sur 10 ont déclaré subir ou avoir subi des violences conjugales avec des conséquences sur leur vie professionnelle, (55%) des interrogé.e.s ont notamment évoqué des retards, de l’absentéisme ou encore d’une baisse de leur productivité.

Harceleurs sans vergogne

L’étude a également permis de montrer que les agressions conjugales ne s’arrêtaient pas aux portes du domicile, mais qu’elles se manifestaient aussi sur le lieu de travail. Soit par l’intermédiaire d’appels et de messages injurieux via des SMS (87%), par emails (33%) et sur les réseaux sociaux (27%), sur place ou à proximité (57%). En effet, les harceleurs n’hésitent pas pour 44%, à se présenter sur le lieu de travail (44%), prendre contact avec des collègues (37%), ou menacer leur compagnes de les contacter (33%). Si la volonté pour OneInThree Women est de protéger ces victimes, il faut dans un premier temps savoir, vouloir ou pouvoir les détecter Ces dernières éprouvent des troubles émotionnels inhabituels (11%) font des confessions sur « des problèmes à la maison », montrent des blessures physiques (9,5%), et des changements au niveau de la performance et de la productivité (9,5%), sans oublier des absences et des retards (9,3%), un calme ou une discrétion soudains (8,1%).

Les collègues qui savent sont anxieux, eux aussi

Pas mieux pour ceux qui sont au courant de ce que traversent ces collègues, qui affirment « une fois informés de ce mal être, éprouver du stress, de l’anxiété, par peur qu’il n’arrive quelque chose à leur camarade », explique Laurence Drake déléguée générale de FACE… L’étude révèle également une forme de silence autour des sévices subis. En effet, seules 37% d’entre elles ont déclaré avoir discuté avec un.e collègue de ce qu’elles subissaient. Les 63% restantes n’en ont pas parlé car elles trouvaient cela inapproprié sur le lieu de travail (67%), mais aussi par peur, honte, déni ou encore crainte que cela n’affecte leur travail ou leurs perspectives de carrière. L’enquête formule des recommandations destinées aux entreprises afin de leur permettre de jouer un rôle dans la prévention de ces harcèlements.

L’entreprise soit être un endroit sûr

« Il s’agit de bâtir des programmes pour promouvoir de manière active l’égalité femmes-hommes, de créer un réseau de porte-paroles contre les violences conjugales au sein de chaque entreprise; créer des politiques d’entreprise sur les violences conjugales au travail; organiser des sessions de sensibilisation à tous les niveaux de la société » énumère Laurence Drake,  poursuivre la mise en place et/ou le déploiement de dispositifs d’accompagnement pour les salarié.e.s; impliquer l’ensemble des collaborateur.rice.s, y compris les équipes dirigeantes; travailler sur les risques qu’impliquent les auteur.e.s de violences conjugales sur le lieu de travail ». En clair, l’entreprise, doit être un lieu sûr au cœur de cette lutte. Celles qui font partie du réseau OneInThreeWomen ont donc réaffirmé leur engagement dans la poursuite des actions menées durant l’année 2019, notamment en matière de sensibilisation des collaborateur.rice.s à toutes les échelles. Parmi les principales perspectives du travail à poursuivre et intensifier, les membres ont par ailleurs également évoqué la nécessité de travailler sur l’employabilité des salarié.e.s victimes ainsi que sur le sujet de «l’entreprise étendue» qui consiste à resserrer les liens avec les associations partenaires ou travailler sur les achats solidaires .

Impliquer de nouvelles entreprises en 2020

Au programme de 2020, le réseau veut impliquer de nouvelles entreprises sur ce sujet et continuer à accompagner les entreprises dans l’élaboration de politiques internes pour soutenir au mieux leurs salariées victimes. Laurence Drake résume « notre boulot c’est d’agir sur « le vulnérable » qui fait (peut faire) irruption dans la vie de chacun. De bien comprendre que la bienveillance et la solidarité ne sont pas que des mots creux. Que ce sont des moteurs, des disciplines qu’il faut faire siennes, y compris en entreprise où l’on se rend chaque jour ». Quid du retour à la maison ? «L’entreprise n’est pas là pour sauver les personnes, en revanche nous nous devons d’orienter ces personnes vers les bonnes associations et institutions responsables, et être là pour elles », conclut Laurence Drake. Walk the line…

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