Pertinent, drôle, juste comme une comédie à l’anglaise, le spot Hôtel F1, orchestré par Rosapark pour son nouveau client, en dit long sur le virage créatif et stratégique que prend (plus ou moins vite), la communication pour être en phase avec les nouvelles vies multiples et trépidantes des marques.
Là où les communicants cherchaient il n’y a encore pas si longtemps, les facettes exclusivement positives, voire irréelles d’un produit pour les mettre en avant de belle manière, avec humour, ou simplement du bon sens, en croisant les doigts pour que « leur idée tue » comme l’écrivait Nicolas Bordas, aujourd’hui, il s’agit pour eux, de prendre les sujets de leurs clients à bras le corps, pour en extraire, non pas, des bienfaits utopiques et inatteignables, mais d’en proposer une version en prise avec sa réalité, et celle de ses utilisateurs, psychologiquement et tangiblement crédibles…
En toute humilité
Car l’objectif n’est plus de vendre du rêve aux consommateurs avertis que nous sommes, mais de » jouer » avec nous, en toute complicité. Personne n’a ni l’envie, ni les moyens d’être dupe, innocent, ou naïf. Internet nous l’interdit. La connaissance que nous avons tous, d’un monde qui tourne à vide, (en politique intérieure, sur l’immigration, la pauvreté, le climat, la biodiversité, l’industrialisation, etc), notre incapacité à sauver tous les meubles, réduit la communication à une certaine humilité, la forçant ainsi à utiliser des armes qui ne tuent pas et rendent plus fort : notre psychologie, notre sens de la dérision, » notre désormais obligation d’assumer « , sont les forces de notre histoire commune. Cesser de faire » des promesses produit » (rarement tenues) comme il en était question par le passé, mais au contraire, tenir compte du principe de réalité et en extraire le ludique et pas toujours idéal plus produit. Un exercice bien plus intéressant, et sans doute troublant pour les marchands de rêve, mais qui à n’en pas douter, sied à la génération » com » d’aujourd’hui, et détend les anciens, devenus schizos à force de mentir inlassablement sur (et aux) enseignes, sur (et au) quidam… Il suffit de regarder le dernier spot hôtel F1 signé Rosapark pour saisir ce qu’est la parfaite connaissance d’un insight et son application. Sans ironie aucune.
Des musiciens sur le retour
Ainsi la chaine d’hôtels ne cherche pas à démontrer la perfection de son concept, mais bien à jouer avec cette réalité qui est la sienne et notre perception : soyons clair, un hôtel Formule 1 est toujours mal placé (de préférence au bord de l’autoroute, au-dessus du périph, et ses façades vues depuis le siège conducteur, sont sales), ringard par définition, (il n’y a que les pères de famille nombreuse, ou une mère divorcée pour accepter d’y dormir ne serait-ce qu’une nuit le temps de rejoindre la station des Menuires avec les trois gamins surexcités à l’arrière)… Et impersonnel, (le type à l’accueil a autant envie de nous sourire, que nous, de le saluer). Alors pour annoncer une remise à neuf de ces lieux, une meilleure ergonomie, une literie digne de ce nom, et des prix toujours aussi attractifs, Rosapark choisit de mettre en scène un groupe de musiciens sur le retour » qui a décroché une nouvelle date de concert, et qui va dormir à l’hôtel « … « Youhouuuuuuu » crient-ils en chœur tout au long du film. Le bonheur est dans le pré, au bord de l’eau, sur la route et dans le combi qui les amène enfin à destination. Au « Youhouuuuuu » d’enthousiasme succède un « hooooo » de déception à la vue du F1. Puis nos rockers de province se retrouvent à l’intérieur, comme des gamins, heureusement surpris par les chambres… Le « Youhouuuuuuuuuuu » reprend.
Good morning France
Ce film aux faux airs d’une comédie de Richard Curtis, réalisé par Thomas Quirot (Big Productions) dit tout sur ce que nous sommes, et de ce que la marque entreprend pour mieux correspondre aux attentes de ses clients… Le profil de nos musicos de seconde zone, anti-héros parfaits auxquels nous nous identifions ; le combi, -qui n’a pas rêvé enfant, ado, jeune adulte, de partir en vadrouille avec- ; Et l’hôtel F1 cafard au possible, -qui nous a bien dépannés à un moment ou à un autre-, s’adressent tout droit à nos cœurs et à nos souvenirs… Les meilleurs étant toujours ceux où la galère n’est pas très loin.
Une sensibilité très Rosapark
Un parti-pris également adopté pour la campagne Skoda qui balançait l’air de rien » Vous aussi vous étiez moche dans les années 80 « . Alors… » Peut-on rire de tout » comme s’interrogeait Pierre Desproges? « Oui, on peut », répondait l’humoriste, « mais pas avec n’importe qui ». Rosapark qui a également parmi ses clients, Monoprix dont on connaît la complicité bon enfant de tous les instants avec ses clientes et clients, rit de tout, et pas avec n’importe qui. Ça fait du bien à la tête.