Vous êtes allergiques à la chaleur mais adorez les contrées désertiques ? Vous avez regardé 23 fois Aladdin et n’êtes jamais allé aux émirats ? Vous aimez voyager mais refusez de prendre l’avion pour protéger Mène Nature. Bienvenue dans le métavers…
L’émirat de Sharjah aux Emirats arabes unis vient d’inventer une nouvelle forme de tourisme en dupliquant dans le monde virtuel si cher à Mark Zuckerberg l’intégralité de ses 235 km2 de territoire. Le Sharjahverse (c’est son nom…) vous permettra ainsi de découvrir notamment le Musée de civilisation islamique, le Souk Bleu et le Parc géologique de Buhais perdu en plein désert.
Développé en partenariat avec NVIDIA Inception, un programme gratuit conçu pour aider les startups à évoluer plus rapidement grâce à un accès aux technologies de pointe et aux experts du groupe américain spécialisé dans la conception de processeurs, de cartes et de puces graphiques, ce projet est une première en la matière. « La transformation de l’industrie du tourisme de masse vers des pratiques durables de nouvelle génération nécessite une nouvelle façon de penser, constate Khalid Jasim Al Midfa, le président de l’Autorité de développement du commerce et du tourisme de Sharjah (SCTDA). Le tourisme virtuel dans le Sharjahverse offrira un accès sans précédent à presque tous les lieux, des expériences personnalisées pour les clients et un divertissement amélioré. L’approche révolutionnaire et axée sur l’IA de Multiverse permettra de repousser les limites de l’imagination et de promouvoir Sharjah comme une destination d’excellence. » Voilà pour la théorie car dans la pratique, avouons-le, la réplique virtuelle de l’émirat n’a pas grand chose de réel comme tout ce qui concerne actuellement le métavers.
Des progrès à faire
Les odeurs des épices du souk, les bruits du clapotis dans la lagune ou la chaleur de désert qui vous enveloppe comme une couverture douillette… rien de tout cela n’existe dans le monde virtuel. Les images nous ramènent également des années en arrière et nous rappellent les jeux-vidéos des années 90. La technologie va toutefois bientôt bouleverser cette donne. Rappelez-vous, pour les plus anciens d’entre vous, de vos anciens téléphones qui n’avaient de portable que le nom et qui n’étaient aucunement smart… Et que dire du Bi-Bop que France Telecom avait lancé en 1991 ? Quand il voulait parler avec son interlocuteur, le passant devait s’arrêter dans la rue pour être certain de ne pas être coupé… Au risque d’enfoncer une porte ouverte, il est important de rappeler à quel point les innovations se succèdent à un rythme effréné et si le métavers fait aujourd’hui plutôt peine à voir, il ne fait aucun doute qu’il nous coupera bientôt le souffle. Personne ne semble d’ailleurs en douter…
Des milliards de dollars sont actuellement investis dans cet environnement 3D totalement immersif. La municipalité de Pékin, le gouvernement sud-coréen et le Japon ont déjà annoncé d’ambitieux programmes de développement dans ce domaine. Les entreprises ne sont pas en reste. En mars 2022, HSBC s’est associé avec The Sandbox afin de « porter son engagement sportif à un niveau supérieur dans le métavers ». En achetant une parcelle dans l’univers développé par ce jeu, la banque suit l’exemple de ses rivales JP Morgan et de la singapourienne DBS. Elle emboîte aussi le pas à Gucci, Warner, Ubisoft, Snoop Dogg, Adidas ou les Schtroumpfs, qui proposent déjà des expériences aux amateurs du « bac à sable » comme l’expliquait La Quotidienne INfluencia. 68% des sociétés considèrent ainsi que le métavers prendre son essor dans les cinq prochaines années, d’après une enquête de Sortlist. « La vision de Meta est qu’il y aura un milliard d’utilisateurs dans le métaverse d’ici dix ans »,nous déclarait récemment Cédric Atlan, le directeur du Creative Shop de Meta en Europe du Sud. Pour Jacques Séguéla, « le métaverse va sauver la publicité ». Rien de moins… Le presque nonagénaire aux Rolex n’a, il est vrai, jamais été connu pour sa réserve. Cet univers virtuel immersif nous permettra-t-il, à terme, de voyager sans quitter notre domicile ? Sharjah semble le penser. Mais est-ce réellement une bonne chose ? A vous de juger…