Un modèle à suivre ou à éviter ? C’est à vous de voir… Pour lutter contre les méfaits réels et/ou imaginaires de la mondialisation, de plus en plus de pays cherchent à protéger et à mettre en avant les produits fabriqués sur leur territoire. Qui a oublié la Une du Parisien Magazine d’octobre 2012 sur laquelle Arnaud Montebourg s’était fait photographier avec une marinière Armor Lux sur le dos, une montre Herbelin eu poignet et un robot Moulinex dans les mains ?
Pour protéger ses producteurs locaux, notre pays a créé en 2011 le label Origine France Garantie . Cette certification est sensée assurer aux consommateurs la traçabilité d’un produit en donnant une indication de provenance claire et objective. Voilà pour la théorie… La réalité est, en effet, bien différente. Un quart des produits estampillés « Made in France » ne seraient en effet pas français, selon un rapport de la (DGCCRF). Des étiquettes non-conformes, des marquages trompeurs et des traçages non respectés sont fréquemment utilisés par les tricheurs.
Swissness : des critères strictes
Pour éviter tous ces abus, la Suisse a tenté de montrer l’exemple en adoptant en 2017, après de nombreuses années de débats enflammés au parlement confédéral, une législation concernant la protection du Swissness. Ce texte « vise à mieux protéger l’appellation « Suisse » et l’utilisation de la croix, et d’empêcher leur détournement afin que la valeur de la « marque Suisse » perdure ». Concernant les denrées alimentaires, cette législation impose qu’au « moins 80 % du poids des matières premières proviennent de la confédération helvétique (100 % de leur poids pour le lait et les produits laitiers) ». Cette limitation très stricte vient de faire tomber une montagne. Au sens propre du terme…
Depuis sa création en 1908 dans l’usine familiale Tobler, le Toblerone affiche sur son emballage la plus connue des montagnes suisses : le Cervin. Cette tradition va prendre fin après 115 années. Le fabricant de la marque, le géant Mondelez qui possède de nombreux autres labels chocolatés dont Cadbury, Côte d’Or, Daim et Milka, a en effet choisi de fabriquer à partir de cet automne une partie des 7… milliards de ses fameuses tablettes de chocolat dans son usine de Bratislava en Slovaquie. La multinationale a tenté de se justifier ex expliquant que sa décision visait à « répondre à l’augmentation de la demande mondiale ». Que les salaires slovaques soient nettement moins élevés que ceux imposés en Suisse, n’y serait pour rien… Après tout, 97% des Toblerone produits sont exportés vers 120 pays. Cette délocalisation partielle va donc contraindre Mondelez a remplacer sur ses emballages le Cervin « par une montagne stylisée et générique ». La silhouette de l’ours symbole de Berne où se trouve l’usine historique des Tobler sera, lui, conservé. Allez comprendre… L’agence Bulletproof, qui a travaillé sur ce dossier, a déjà rendu public son futur design. « Mon Dieu, Toblerone perd le Cervin », s’inquiète le quotidien zurichois Neue Zürcher Zeitung. « On est chocolat ! », a répliqué Le Temps. Une autre nouvelle a encore plus surpris et inquiété nos voisins helvètes.
Le Gruyère peut être produit dans le monde entier
La justice américaine vient en effet de décider que le terme « gruyère » ne serait plus réservé aux fromages suisses ou français. Un véritable crime de lèse-majesté pour les fromagers suisses faiseurs de trous. « Il a été statué que le gruyère, le fromage de ce nom, ne devait pas provenir de la région de Gruyère, dans le canton de Fribourg, en Suisse – où le gruyère est produit selon la recette traditionnelle depuis 1115 –, sur la base du raisonnement selon lequel ce terme est un nom générique pour le fromage et ne peut donc pas être enregistré en tant que marque, déplore le journal… La Gruyère. On peut considérer cela comme un effet secondaire de la mondialisation et du commerce international. Bien sûr, si vou s êtes un amateur de fromage, que vous souhaitez que votre gruyère provienne de la région de Gruyère et que vous désirez soutenir l’économie et les traditions locales, alors vous voudrez très certainement de l’authentique ».
Querelle de clocher?
Un véritable gruyère doit ainsi « avoir une croûte emmorgée, grainée, uniformément brunâtre et saine (avec le) talon du fromage […] légèrement convexe, mesurant de 9,5 cm à 12 cm de hauteur, ayant un diamètre de 55 cm à 65 cm et un poids allant de 25 kg à 40 kg et présentant des caractéristiques chimiques bien précises, contenant de la matière grasse (49 à 53% dans l’extrait sec), de l’eau (34,5 à 36,9%) et du sel (1,1 à 1,7%) ». Il doit également provenir « des cantons de Fribourg, Vaud, Neuchâtel, Jura, Berne » et dans « un rayon géographique de maximum 20 km à partir duquel le lait est collecté ». Voilà qui est dit. Ces querelles de clocher semblent aujourd’hui bien vaines dans la mondialisation actuelle mais les principes, cela ne se discute pas…