La deuxième édition du forum de Madrid sur les violences urbaines et l’éducation s’est achevée le 8 novembre dernier. Trois jours consacrés à résoudre les climats difficiles qui règnent dans les villes du monde entier. Et l’unanimité autour du projet argentin La Rueda.
C’est au Matadero, ancien abattoir de la capitale espagnole devenu désormais une ville dans la ville, entièrement consacrée à la culture, que se sont réunis plus de 5000 maires et représentants du monde entier afin de débattre des solutions concrètes à apporter à la violence qui règne au cœur des villes
Faire des citoyens, des acteurs…
Le thème de la décentralisation est revenu dans plusieurs des interventions. La Maire de Bucarest, Gabriela Firea, le Belge Patrick Keuleers, fonctionnaire du Programme des Nations Unies pour le développement, ainsi que l’ancien Directeur général de l’UNESCO, Federico Mayor Zagagoza, ont explicitement appelé à « impliquer les citoyens. A cesser de les considérer comme des spectateurs et leur proposer de devenir des acteurs à part entière de leur vie ».
… Grâce au théâtre social
Et de fait, c’est une expérience de théâtre social ou communautaire qui a fait l’unanimité lors de cette deuxième édition du Forum de Madrid. Pour la compagnie Mosaïques, il s’agit d’identifier des associations et collectifs qui opèrent dans les quartiers, et connaissent donc bien leur population. Une fois cette étape franchie, les intervenants de Mosaïques organisent des groupes de parole afin de déterminer quelles sont les histoires que vivent ces habitants dans leur quartier, – inimités, jalousies, violence, enfants, voisins vexations, victoires, racisme. « La vie du quartier est très complexe aujourd’hui, observe Fernando Gallego intervenant de Mosaïques, «pour nous l’enjeu est de recréer un sentiment d’appartenance, de remettre du lien entre des habitants de tous âges, de toutes conditions, de toutes origines qui ont fini par s’éloigner les uns des autres, qui ne se connaissent ou ne se reconnaissent plus ».
Rejouer ses émotions pour les dompter
Une fois toutes ces anecdotes recueillies, Fernando Gallego et ses coéquipiers organisent une ronde permettant à chacun de livrer à travers son histoire, ses émotions, ses expériences traumatisantes, et la pression qu’ils vivent… Cet apprentissage thérapeutique qui leur offre de rejouer leurs (res)sentiments, leur permet dans le même temps d’en maîtriser les tenants et les aboutissants. Et de ne plus retomber dans ces pièges, voire de pouvoir les repérer et les combattre. Cette expérience cathartique tout droit venue de Buenos Aires où elle se pratiquait communément dans les années 80, est désormais implantée dans cinq quartiers de Madrid. Preuve que La Rueda tourne !