28 mars 2024

Temps de lecture : 2 min

Teritoria lave plus vert que vert

Cette communauté d’hôteliers et de restaurants indépendants présidée par le chef Alain Ducasse encourage ses membres à améliorer leur empreinte environnementale et sociétale. Les règles imposées par la plateforme sont toutefois très -trop ?- souples. 

Les plus optimistes salueront cette initiative qui va -timidement- dans la bonne direction, les autres la classeront dans la catégorie honnie du « greenwashing ».

Fondé en 1975, Les Collectionneurs a changé de nom en novembre dernier pour devenir Teritoria. Cette communauté d’hôteliers et de restaurants indépendants présidée par le chef étoilé Alain Ducasse, qui regroupe 430 établissements en France et en Italie, a profité de cette opération pour opérer un virage stratégique. Ses membres cherchent aujourd’hui à améliorer leur empreinte environnementale et sociétale afin de « rendre désirable le tourisme durable ».

Une prise de conscience tardive

« L’étude que nous avons commandée à OpinionWay montre que les sujets liés à la RSE sont désormais bien intégrés par les entreprises et les Etats qui mettent en place des réglementations de plus en plus strictes mais les voyageurs n’ont pas encore pris conscience de tous ces enjeux, souligne Béatrice Mathurin, la directrice du marketing de Teritoria. Il nous semblait important que nos adhérents répondent à la problématique « Comment ne pas diminuer le plaisir du présent tout en pensant à l’avenir durant nos escapades ? ». » 

Pour répondre à ce défi, la plateforme de réservation, qui a adopté le statut de société à mission, a pris trois engagements concrets. Les membres de son réseau doivent réaliser leur bilan carbone tous les deux ans et non pas tous les quatre ans comme la réglementation actuelle le leur impose. Ils ont, par ailleurs, l’obligation d’obtenir le label QVT qui garantit une bonne qualité de vie au travail. Teritoria a également décidé de reverser 3% de son chiffre d’affaires pour financer des projets d’agroforesterie, un secteur essentiel qui cherche à conserver la richesse des paysages et in fine à protéger des zones appréciées par les touristes. L’initiative est louable mais signifie-t-elle réellement un tournant majeur pour les hôtels et les restaurants concernés? Rien n’est mois sûr.

Des changements mineurs

Pour preuve, aucun des adhérents n’a été exclu après la mise en place des nouvelles règles imposées par la plateforme. À y regarder de plus près, les engagements pris par ce réseau sont en effet très peu contraignants. Le label QVT évalue les progrès et la valorisation des politiques RH des entreprises mais il n’impose aucun minima à respecter absolument. Les conditions dictées par Teritoria ne forcent pas non plus les adhérents à utiliser des énergies vertes, à cuisiner des aliments bio ou à utiliser des matériaux recyclés et/ou recyclables. Alors, beaucoup de bruit pour rien? Béatrice Mathurin ne le pense pas. On pourrait s’en douter…

Ne pas jouer au moralisateur

« Nous souhaitons tirer vers le haut nos adhérents et non pas jouer aux moralisateurs, explique t-elle. Pour avoir un impact rapide et efficace, il suffit souvent d’améliorer ses comportements comme ne pas ouvrir les fenêtres lorsque l’air conditionné fonctionne. Nous n’avons pas de vision idéologique car nous devons également prendre garde de ne pas mettre en péril les hôtels et les restaurants. Ce secteur représente beaucoup d’emplois. » affirme-t-elle.

Des « engagements » très peu engageants, des efforts demandés aux voyageurs pour changer leurs mauvaises habitudes… Persil a inventé la lessive qui lave plus blanc que blanc. Teritoria chercherait-il à peindre ses adhérents plus vert que vert?

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