Pour la quatrième année consécutive, Reech publie sa grande enquête de venue référence au fil des temps sur le profil des influenceurs, les plateformes les plus engageantes pour eux, leurs critères d’acceptation d’un partenariat, leurs rémunérations, leurs motivations, les réseaux émergents, etc. Un constat : le marché s’est vraiment professionnalisé. Interview du ceo et co-fondateur de Reech, Guillaume Doki-Thonon
INfluencia : vous publiez votre 4è étude. Quels grands changements avez-vous constatés cette année sur le profil des influenceurs ?
Guillaume Doki-Thonon : cette année, nous avons demandé aux influenceurs quelles étaient leurs motivations. 93% répondent qu’ils ont envie de partager leur passion. C’est ce que nous disons chez Reech depuis toujours : c’est parce que les influenceurs sont des passionnés suivis par une large communauté – car cette passion les érige souvent au rang d’experts – qu’il est stratégique pour les marques de travailler avec eux.
Ce que l’on constate aujourd’hui, c’est l’augmentation des demandes de partenariats émanant des marques, qui prouve l’engouement de celles-ci pour l’influence (62% des influenceurs ont reçu plus de demandes en 2019 qu’en 2018). Enfin, ce qui est de plus en plus important pour les influenceurs, c’est la volonté qu’ils ont de collaborer avec des marques dont les valeurs sont en phase avec les leurs. Ils sont en effet 78% à exercer cette activité pour faire passer un message et 59% à décliner un partenariat avec une marque si ce n’est pas en adéquation avec leurs valeurs.
IN : rencontre-t-on de nouveaux types d’influenceurs ?
G.D-T : l’éthique prend de plus en plus de place. La communauté des influenceurs qui s’exprime sur des sujets éco-responsables se densifie. Et il est intéressant de remarquer que ce sujet irrigue les contenus des influenceurs qui s’expriment sur d’autres thèmes : lifestyle, loisirs, culture, busines, etc. D’ailleurs, ils sont 66%, tout influenceur confondu, à déjà avoir refusé un partenariat. Leurs motifs sont, pour 59% d’entre eux, l’incompatibilité avec leurs valeurs (environnement, social, etc.).
IN : comment les relations avec les marques ont-elles évolué ?
G.D-T : elles évoluent dans le bon sens : les influenceurs sont de plus en plus sélectifs et surtout, souhaitent être des ambassadeurs ou avoir des partenariats récurrents avec les marques. Ils veulent apporter plus de cohérence à leurs collaborations avec elles et surtout, choisir celles dont les valeurs et l’univers sont en phase avec les leurs, et cela aussi par égard pour leur audience.
IN : les entreprises ont-elles changé leur façon de travailler avec les influenceurs ?
G.D-T : les marques sont de plus en plus matures sur le sujet et comprennent l’intérêt de collaborer avec les influenceurs : parce qu’ils sont passionnés, parce qu’ils sont créatifs, parce qu’ils sont suivis par une audience réceptive. D’ailleurs, une des tendances montantes, c’est celle du content studio : confier la création de contenus de la marque voire les réseaux sociaux aux influenceurs. Certaines marques le font déjà. Mais dans leur proposition de collaborations avec les influenceurs, elles continuent de proposer des partenariats qui ne correspondent plus à ce que les influenceurs souhaitent réaliser. Ils sont de plus en plus professionnels et souhaitent collaborer plus étroitement avec les marques. Par exemple, ils sont 69% à vouloir des partenariats de type ambassadeurs mais cela ne concerne que 39% des propositions reçues. Les marques travaillent mieux avec les influenceurs – et inversement – mais doivent encore comprendre leurs motivations.
IN : quels conseils donneriez-vous aux marques pour mieux utiliser les influenceurs et les réseaux sociaux ?
G.D-T : il faut avoir en tête les raisons de refus d’un partenariat : en premier lieu, c’est par manque d’intérêt pour la campagne ou pour la marque. Il est en effet indispensable de prendre le temps de connaître les pratiques des influenceurs que l’on souhaite solliciter. Par exemple, certains influenceurs éthiques refusent tout partenariat qui nécessite un déplacement en avion, par cohérence vis à vis de leurs engagements environnementaux, il faut le savoir ! Ensuite, il convient de rappeler que 65% des demandes de partenariat reçues sont bénévoles. C’est une des raisons pour lesquelles les influenceurs les refusent. Même s’il ne s’agit pas nécessairement de leur activité principale, ils passent du temps sur la création de contenus et … tout travail mérite salaire :). D’ailleurs, quand on parle de rémunération des influenceurs, on a souvent des a priori, l’étude met aussi en avant la réalité sur ce sujet. Quant au budget à leur allouer, des acteurs comme Reech sont là pour l’estimer.
IN : comment expliquez-vous la montée en puissance de Tik Tok et la remontée de Pinterest?
G.D-T : TikTok, c’est le réseau social qui réunit de nombreux critères séduisants : des formats vidéo très courts qui laissent une grande place à l’inventivité. Ce genre de contenu est viral ! Mais rappelons que malgré les chiffres communiqués par le réseau sur le nombre de membres, les marques ont encore des réserves à y mener des campagnes notamment par rapport à l’âge moyen des utilisateurs.
En revanche, Pinterest enregistre une belle (re)montée en puissance ! Ceux qui s’y inscrivent y restent actifs. C’est lié aux efforts de la plateforme pour proposer des nouveautés et au fait que sur ce réseau, le contenu prime sur le nombre d’abonnés, parmi d’autres facteurs.
Sachez que…
● Les jeunes Américains rêvent de devenir influenceurs, détrônant les métiers emblématiques tels qu’astronaute ou pompier
● En France, les influenceurs ont en moyenne 29 ans et 75% sont des femmes
● Seuls 15% exercent cette activité à temps plein
● 93% voient leur activité d’influenceur comme un moyen de partager leur passion VS 47% pour gagner de l’argent
● 66% ont déjà refusé un partenariat avec une marque
● 30% touchent moins de 1000€ par an
● 69% souhaitent des partenariats de type “ambassadeur” alors que cela ne représente que 39% des propositions de la part des marques