3 novembre 2016

Temps de lecture : 8 min

Les tendances de l’entertainment 2016/2017 : renaissance de l’homme dans un monde augmenté

Quelles sont les grandes tendances en musique, cinéma, TV, jeux vidéo, brand content ? La 5ème édition des Tendances de l’Entertainment, réalisée par Hopscotch, TF1 et Promostyl, illustre les tentatives d’un monde en transition. Une lecture sociétale qui permet de comprendre et d’anticiper l’air du temps.

Quelles sont les grandes tendances en musique, cinéma, TV, jeux vidéo, brand content ? La 5ème édition des Tendances de l’Entertainment, réalisée par Hopscotch, TF1 et Promostyl, illustre les tentatives d’un monde en transition. Une lecture sociétale qui permet de comprendre et d’anticiper l’air du temps.

Depuis 5 ans, le cabinet Promostyl chasse des macro-tendances de consommation et lifestyle à travers cinq continents. Hopscotch et TF1 examinent comment elles s’expriment dans le cinéma, la musique, la télévision, le brand content et les jeux vidéo et publient chaque année leur étude « Les Tendances de l’Entertainment ». Cette 5ème édition, révélée en exclusivité à INfluencia, présente 4 macro-tendances : Phenomenon, Beyond, Easy et Rekindle. « Elles illustrent les tentatives d’un monde en transition pour penser un avenir encore flou, marqué par la progression des intelligences artificielles dans les différents domaines de l’art et l’ouverture sur les mondes de l’au-delà », expliquent Laurence Malençon, directrice de l’innovation et Yvan Kraut, directeur du planning stratégique de Hopscotch.

Un monde où de nombreuses cartes sont certes déjà distribuées mais où on laisse toutefois beaucoup de possibilités à l’homme. « L’effet feel-good des années précédentes s’abîme dans un panorama plus sombre, toutefois éclairé par une recherche de ‘’reconscientisation’’ de tous nos actes : tourner le dos à la peur, revenir à l’humain, à l’amour, à l’intelligence et à la conscience collective et donner de la hauteur et du sens à nos parcours. Et c’est plutôt encourageant ». Certains comme le journaliste et essayiste, Jean-Louis Servan Schreiber, n’hésitent pas à parler de 2016 comme d’une nouvelle Renaissance que l’on peut éclairer par une nouvelle grille de lecture, le quantique. Pourquoi le quantique ? Parce que, rappelle Laurence Malençon, on a découvert qu’en deçà d’une certaine taille, des particules peuvent se trouver à la fois dans le présent et dans le futur. « Il s’ensuit toute une série de représentations qui sont aujourd’hui en train de révolutionner notre façon de penser », souligne-t-elle.

La tendance Phenomenon : l’attirance vers les mondes possibles

Cette tendance futuriste incarne l’ouverture sur d’autres mondes, notamment les mondes invisibles. « Nous sommes à la croisée du passé, du présent et du futur, dans un instant quantique traversé par l’accélération des découvertes scientifiques », insiste L. Malençon. Ainsi, des technologies comme Face2Face nous donnent l’illusion que notre visage produit nos émotions, alors que ce sont les expressions d’un autre, grâce à un algorithme avancé qui superpose le visage de l’acteur sur celui de la cible, prenant ainsi le contrôle de ses émotions.

2016 est aussi l’année où l’intelligence apprenante se concrétise de plus en plus, grâce au machine learning¸ qui permet aux machines d’apprendre sans être programmées : Sunspring est un court-métrage entièrement écrit par une intelligence artificielle, grâce à un algorithme préalablement nourri avec les scénarii de dizaines de films de science-fiction. Citons également Magenta, l’intelligence artificielle made in Google qui a composé un morceau de musique avec ce même processus.

L’avantage du quantique est que le temps qui passe devient tout relatif, comme dirait Einstein. La balade dans le temps, si elle est freinée dans la réalité par la densité de notre matière, n’est déjà qu’une formalité dans l’entertainment en 2016. Des séries comme Frequency, Timeless ou encore Time After Time nous montrent les aléas et les avantages de ce voyage temporel mais aussi les effets imprédictibles sur le continuum espace-temps. Dans cette dernière, prévue sur ABC en 2017, une enquêtrice découvre qu’elle peut parler, par l’intermédiaire d’un poste de radio amateur, avec son père mort en 1996. Ils travaillent ensemble sur une affaire de meurtre non résolu, mais dont l’effet papillon provoque des ravages dans le présent.

Le temps se dilate mais il peut aussi se rétrécir, toujours plus vite et plus loin dans le direct. Facebook lance en 2016 Facebook Live. Periscope fait parler de lui avec le suicide d’une jeune fille en direct en mai sous les yeux de 1500 témoins. L’entertainment essaie de penser le phénomène : le film Money Monster, sélectionné à Cannes, sur un scénario de Jodie Foster, raconte le rapt en direct d’un trader dans une émission de TV par un jeune homme qui a tout perdu en suivant ses conseils. Nerve, film de Ariel Schulman et Henry Joost, sorti en septembre, montre les dérives voyeuristes d’une société demandant à des joueurs de réaliser en direct des défis de plus en plus fous, ceux-ci étant diffusés en live sur Internet.

La tendance Beyond : brouiller les cartes et les genres

Beyond illustre la tentative de l’entertainment de penser un monde sans catégories. Au-delà des cases et des stéréotypes, les genres s’hybrident et se confondent, l’organique et le synthétique ne font plus qu’un, l’envers et le décor deviennent indissociables. « En premier lieu, l’entertainment s’applique le dégenrage », souligne Laurence Malençon, brouillant les limites de chaque genre : clips étirables à l’infini, super héros IRL, jeux vidéo films ou expos. En mai 2016, l’adaptation de Warcraft sur grand écran a été un événement marquant pour gamers, fans de la saga et néophytes, et est déjà le plus gros succès de tous les temps pour un long métrage tiré d’une licence vidéo. Le film Assassin’s Creed, avec à l’affiche Michael Fassbender et Marion Cotillard, est prévu pour décembre. Des adaptations d’autres jeux vidéo comme Starcraft, Call of Duty, Uncharted, Tetris, Temple Run ou d’un monde de l’univers Nintendo (probablement Mario ou Zelda) sont envisagées et verront le jour en 2017 et 2018.

« L’appétence pour le live et les expériences immersives ne se dément pas dans l’entertainment, qui cherche à y injecter les nouvelles possibilités amenées par les dernières technologies », continue Laurence Malençon. Nous assistons donc à des festivals hybrides, intégrant VR, nouvelles technologies, et IA. Les premiers JP du futur ou World Future Sports Games auront lieu à Dubai en 2017. Les drones se démocratisent de plus en plus. Cette année, toujours à Dubai, 32 des meilleurs pilotes au monde ont participé à la première édition du World Drone Prix, sur un circuit aérien.

L’hybridation ne s’arrête pas au genre narratif, mais elle concerne dans l’entertainment toutes sortes de créatures, venant d’horizons improbables, métaphores de notre difficulté actuelle à vivre les uns à côté des autres avec nos différences. Son of Zorn, sorti en octobre sur la Fox, raconte l’histoire d’un authentique guerrier de papier animé essayant de renouer avec sa famille, qui elle, vit dans le monde réel.

En 2014, les Tendances de l’Entertainment avaient identifié l’émergence du transgenre, notamment au travers des très remarquées médiatisation du mannequin Andrej Pejic et de la campagne Transitioned des grands magasins Barney. Le succès de l’actrice transgenre Laverne Cox (Orange is the New black), la couverture médiatique de la transition de Kaitlin Jenner aux États-Unis et la transition des frères Wachowski (Matrix) ou de la femme d’affaire Martine Rothblatt, transgenre et transhumaniste, sont autant d’indices qui ont mis le phénomène sous les feux de l’actualité. En 2016, tout un tas de nouveau mots ont fleuri : neutral gender, cisgenre, transitioned, intersexe, transidentité… pour appréhender le phénomène et, dans certains cas aller jusqu’à gommer la référence au genre. L’entertainment légitime le phénomène en l’inscrivant dans l’histoire, avec The Danish Girl, sorti en janvier qui retrace l’histoire de Lili Elbe, née Einar Wegener, une artiste danoise connue comme la première personne à avoir subi une chirurgie de réattribution sexuelle en 1930.

La tendance Easy : et tout devient facile !

Easy résume l’aspiration à retrouver un monde lisible, maitrisable par le plus grand nombre. Si cette tendance concourt parfois une simplification à l’extrême, elle indique aussi de nouvelles pistes d’apprentissage et participe à la réinvention du partage des savoirs. Les inventions les plus farfelues sont à la portée de tous, la science se mêle à l’entertainment pour être accessible à la plus vaste majorité.

Dans le jeu télévisé hollandais, The Eureka Moment, deux couples se font face en testant leurs connaissances scientifiques et se retrouvent au cœur d’expériences improbables. Le jeu télévisé scandinave, Doctors vs Internet (NRK Production/Scandinavie) invite des personnes ordinaires à entrer en compétition avec de vrais médecins pour établir un diagnostic médical en s’aidant d’internet. Enfin Electtroboome met en scène des webexpériences créées par un youtubeur/ingénieur, Mehdi Sadaghdar, qui présente le fonctionnement de nombreux mécanismes de manière ludique, n’hésitant pas à payer de sa personne pour faire avancer la science. Au total ses vidéos cumulent 55 millions de vues.

La ville devient un grand terrain de jeu. Dans Mirror’s Edge Catalyst, on explore une ville appelée « Glass », où le jeu devient un « ParKour », qui demande de maîtriser l’univers urbain en sautant d’immeuble en immeuble et se déroule entièrement à la première personne, le grand public a un rapport complexe avec la politique, de fait les politiciens tentent par tous les moyens de rendre la politique simple, lisible, attractive, en y appliquant les ressorts du divertissement. En 2016, Barack Obama a exécuté un Slow Jam avec Jimmy Fallon; Frank Underwood, président dans House of Cards, n’hésite pas à apostropher David Cameron ou Manuel Valls sur Twitter.

La tendance Rekindle : en quête de conscience

Rekindle est une tendance qui nous invite à faire une pause dans un monde qui ne sait plus s’arrêter, à le reconstruire autour de l’humain et à prendre du recul pour se poser les bonnes questions sur les problématiques actuelles. Elle nous invite à reconscientiser nos existences à la lumière de l’intérêt collectif et de la joie de vivre. 2016 fait la part belle à la poésie sous toutes ses formes. La Wintergatan Marble Machine, capable de faire de la musique avec 2000 billes, a marqué les esprits par sa complexité, la subtilité et la beauté des notes qu’elle produit, collectant à date plus de 27 millions de vue sur YouTube.

2013 avait enterré le livre sous l’éclosion des liseuses et des iPad. Trois ans plus tard, le marché ne s’est jamais aussi bien porté. Quelques VIP prestigieux défendent sa cause : Emma Watson a lancé en juillet un club de lecture féministe « Our Shared Shelf », qui promeut Marjane Satrapi et autres auteures incarnant le Girl Power. Bill Gates présente régulièrement cinq livres aux lecteurs américains en manque de recommandations dans de petits films en motion design : des lectures d’anticipation pour la plupart.

Le Pyjalivre est un pyjama contenant des QR Code. Lorsque l’enfant revêtit ce vêtement, il peut scanner le dessin et accéder à des applications interactives et des livres numériques. Développer une intelligence relationnelle, se mettre à la place de l’autre : l’empathie est le maître mot de ces années de reconscientisation. Pour y arriver, le divertissement travaille ses schémas narratifs, et multiplie les points de vue. Le film documentaire Exodus: Breaking Into Europe, diffusé en juillet dernier sur BBC2, retrace le parcours de migrants vers l’Europe, filmé avec des caméras de smartphones.

Au Japon, Kids Love Therapy, distribué par ABC est une émission de télévision qui se penche sur un sujet inconnu : la manière dont les enfants tombent amoureux et vivent leur premier chagrin d’amour. Dans cette émission, les adultes soutiennent et aident les enfants à comprendre ce qui leur arrive, exprimer leurs sentiments et à aller de l’avant.

« Au final », conclut Laurence Malençon « ces tendances illustrent aussi les principaux points d’optimisation de valeur sur lesquelles s’axent les marques dans leur démarche d’innovation : l’accès à de nouveaux mondes et de nouvelles possibilités, la disruption, la simplification de la vie quotidienne, la consommation responsable et durable ».

Les tendances de l’entertainment 2016/2017 : renaissance de l’homme dans un monde augmente publié par INfluencia

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