Des géants comme Saatchi & Saatchi et WPP veulent embaucher davantage de personnes issues des minorités. La travail à distance pourrait les aider…
Transformer un handicap en opportunité. La pandémie a changé à tout jamais l’image du télétravail dans les entreprises. Durant le confinement, près d’un salarié sur deux a travaillé à la maison . Avant même l’arrivée du Covid-19, une étude diligentée par Regus prouvait que les télétravailleurs étaient « plus efficaces que les employés de bureau ». Vaquer à ses occupations professionnelles dans le confort de son salon ou dans le nid douillet de sa bibliothèque n’est pourtant pas toujours la panacée. De plus en plus de sociétés présentes dans la communication, le marketing ou le design semblent néanmoins avoir été conquises par le télétravail. L’agence W l’a instauré deux jours par semaine et l’arrivée d’un éventuel virus contre le Covid-19 ne marquera pas un retour à l’infernal « boulot, métro, dodo » du lundi au vendredi. Cette véritable « révolution » dans le monde salarial pourrait aussi avoir des conséquences heureuses en faveur de la diversité. Le mouvement Black Lives Matter contraint les employeurs à revoir leur politique en matière de recrutement. Dans nos métiers, les minorités sont encore trop peu présentes dans les agences. Mais la généralisation du télétravail pourrait changer la donne.
Les agences de province aussi
« Le travail à distance est devenu une partie importante de nos vies et il cache un énorme potentiel pour apporter plus de diversité (dans nos secteurs), expliquait à Digiday, Andrea Diquez, le PDG de Saatchi & Saatchi à New York. Les grandes villes sont chères et beaucoup de gens n’ont pas la possibilité économique de se déraciner pour occuper l’emploi qu’ils veulent. Le fait d’être agnostique en matière de localisation permettrait aux agences de recruter plus de personnes d’origines diverses. Il est important que nous utilisions ce moment comme une opportunité pour que cela se produise ». Les géants de la pub et de la com situés dans les métropoles ne sont pas les seuls à pouvoir profiter de la situation actuelle. Les plus petites entités basées dans des villes moins importantes ont aussi leur épingle à tirer de ce jeu né depuis l’arrivée de la pandémie. Elles peuvent en effet désormais séduire des salariés très compétents qui ne veulent pas « s’enterrer » en province mais qui accepteraient de travailler de chez eux pour des entreprises basées en dehors des mégalopoles.
Une enveloppe de 30M$
Un des premiers groupes à montrer l’exemple dans ce domaine est WWP. Son président, Mark Read, a ainsi dévoilé une série d’engagements et d’actions afin de lutter contre l’injustice raciale et de soutenir les talents dans la communauté noire. « Depuis ces dernières semaines, j’ai entendu les épanchements de douleur, de colère et de frustration de nos collègues noirs, ainsi qu’une claire demande de changement, a déclaré le CEO de ce géant de 107.000 salariés qui comprend plusieurs marques de renom comme Ogilvy, Grey, Mindshare, Mediacom, Kantar et Hill+Knowlton Strategies dans une lettre ouverte adressée à plus 1200 professionnels de la publicité issue des communautés Black. C’est le moment d’embrasser ce changement, et d’utiliser notre créativité, à notre échelle et notre influence pour faire une différence dans la lutte contre le racisme ». Dans son projet en douze points, WPP s’engage notamment à publier ses données de diversité raciale, à revoir sa politique de recrutement et à investir 30 millions de dollars dans les trois prochaines années dans des programmes en faveur de l’inclusion. Les pandémies peuvent aussi avoir des impacts positifs…