23 octobre 2022

Temps de lecture : 8 min

« Télé 7 jours, toujours le magazine le plus acheté en France  toutes catégories confondues, par semaine», Jérémy Parayre

L’arrivée de Diverto le 5 janvier prochain ne lui fait pas peur et ne perturbe pas en soi Télé 7 Jours qui se vend seul, comme un grand, en kiosque et historiquement par abonnements. Le premier hebdo national en vente tous centres d’intérêt confondus, Jérémy Parayre, son directeur, l’a totalement réinventé au cours de ces dernières années pour en faire un écrin dont Marion Cotillard, Monica Bellucci, Emmanuelle Béart et bien d’autres  s’empressent d’en être. De nouveaux lecteurs aussi. Interview du jeune boss de la publication de Télé 7 Jours à l'occasion de la sortie de sa nouvelle formule le 31 octobre !  

Pour nous, Diverto remplace de l’existant, Nous avions TVmag en face, nous aurons Diverto ! J’aime les lancements, c’est rassurant sur notre secteur, c’est vivant.

INfluencia: un nouveau concurrent, Diverto déboule le 5 janvier prochain. Quelle est votre réaction?

Jérémy Parayre: Diverto n’est pas une menace, il prend la place de TVmag, en supplément de presse quotidienne régionale… Il n’est donc pas dans notre « scope ». Pour nous, Diverto remplace de l’existant, Nous avions TVmag en face, nous aurons Diverto ! J’aime les lancements, c’est rassurant sur notre secteur, c’est vivant. Évidemment, la disparition d’un titre historique comme TV Mag est toujours une mauvaise nouvelle.

IN. : il faut dire que Télé 7 jours, le mammouth de la presse TV a bien changé. Avec votre jeunesse et votre vision vous en avez quasiment fait un « féminin » qui apporte un service aux téléspectateurs.

J.P. : j’ai la chance d’être dans un groupe qui permet à ses salariés de suivre leurs intuitions. J’ai commencé comme stagiaire chez Lagardère en juillet 2010, et très vite on m’a confié des piges, j’avais la chance d’assister aux conférences de rédaction. Même si Télé 7 jours avait une image un peu ringarde alors, moi j’avais une passion pour le journalisme du media divertissement, en particulier pour la musique. A mes débuts, la direction m’a laissé couvrir toutes sortes de sujets, des documentaires au cœur de la production de séries ou des télé-crochets…

nous sortions des années 2000 où la téléréalité avait pris toute la place, et abimé pendant 5, 6 ans, les supports…

IN. : vous évoquez cette période comme étant riche, mouvante… Et une direction qui encourageait votre créativité.

J.P. : je n’avais que 20 ans, (NDLR, Jérémy Parayre a aujourd’hui 35 ans) et quelque temps après mon arrivée je me demandais bien ce que j’allais faire dans les programmes TV (rires), au lieu de chercher ailleurs, je me suis mis en tête d’enrichir ce contenu. J’ai vu que, dans le magazine, il y avait une vie avant et après les grilles de programmes. La musique avait été largement délaissée, alors je m’y suis engagé. Je faisais des interviews, on prenait des sujets que je proposais… Et puis, nous sortions des années 2000 où la téléréalité avait pris toute la place, et abimé pendant 5, 6 ans, les supports…

IN. : c’est à dire ?

J.P. : au début des années 2000, la diffusion du magazine était à son maximum, et en même temps, Loft Story, Marjolaine et les Millionnaires ne donnaient pas une image très glorieuse de la télévision. Certes c’était un phénomène que l’on ne pouvait pas ignorer, mais cela abimait, et la télévision et le journal. Quand je suis arrivé, la période était propice au changement et à l’envie de réinventer la presse télé. J’en ai profité.  Je créais des liens avec les agents d’artistes, de chanteurs, de comédiens, et mettais en place des grandes interviews qui devenaient des UNE. Ces interviews, de Katy Perry, Avril Lavigne, Johnny Halliday, et tant d’autres avec cette direction artistique qui abandonnait peu à peu les codes habituels, ont, je crois, fait venir de nouveaux lecteurs en kiosque.

nous en sommes encore étonnés, les gens se sont mis à aller acheter Télé 7 Jours en kiosque. Une population plus jeune, un lectorat composé de quadragénaires qui venaient rejoindre les anciens.

IN. : que se passe-t-il à cette époque avec le lectorat très hétérogène, et surtout composé de seniors abonnés…

J.P. : contre toute attente, je le dis sincèrement, et nous en sommes encore étonnés, les gens se sont mis à aller acheter Télé 7 Jours en kiosque. Une population plus jeune, un lectorat composé de quadragénaires qui venaient rejoindre les anciens.

En fait, là où sans rien faire, on aurait pu prendre un coup de vieux, nous avons redressé la barre et accueilli tous les lectorats.

IN. : le mammouth devient agile ?

J.P. : bien sûr il y a les abonnés captifs, les plus âgés, qui sont au nombre de 600 000 environ. Notre travail a permis dans un premier temps, – parce que des gens venaient nous acheter en kiosque-, d’adresser ces deux cibles sans déstabiliser nos fidèles. En fait, là où sans rien faire, on aurait pu prendre un coup de vieux, nous avons redressé la barre et accueilli tous les lectorats.

De fait, 65% de la diffusion globale se fait par abonnements, tandis qu’en kiosque nous avons une diffusion de 300 000 exemplaires environ. Télé 7 jours est le mag en print  le plus vendu , toutes catégories confondues, par semaine hors suppléments.

Télé 7 jours est le mag en print  le plus vendu , toutes catégories confondues, par semaine hors suppléments.

IN. : quelle est la posture de vos concurrents face à ce vent nouveau ?

J.P. : ce qui était intéressant, c’est qu’en 2010, nos concurrents semblaient délaisser totalement la partie contenu pour se concentrer sur les grilles de programmes, pensant que c’était la seule raison d’achat.  Notre politique était au contraire de laisser plus de place aux interviews et puis surtout nous avons initié un travail sur l’esthétique des couvertures et le choix de nos invités, ce qui nous a permis en fait de contenter nos abonnés et de venir grossir l’acheteur occasionnel en kiosque. Et ce n’est pas anodin dans ce secteur où les baisses de vente papier son inexorables. Télé 7 baisse beaucoup moins vite que ses concurrents.

IN. : faire venir des stars en une de Télé 7 n’était pas évident ?

J.P. : non, cela a été un travail de fond. Dès que certains ont accepté de venir, que les stars ont compris que télé 7 ne faisait pas la course aux clics, et donnait une image intéressante et belle, c’est devenu un rituel d’être en couverture de Télé 7. A partir du moment ou nous avons fait nos propres productions photo, qui se distinguaient de celles nos concurrents, et que nous avons valorisé l’éditorial, en arrêtant de reprendre des informations tout droit venues de ce qui se faisait aux USA par exemple, c’était parti.

J’ai toujours dit, « Populaire ne veut pas dire moche » ce qui était quand même un leitmotiv à l’époque…

IN. : qui sont vos concurrents aujourd’hui et ont-ils réagi face à votre nouveau rôle?

Toujours les mêmes… Télé star, Télé Loisirs, Télé-poche, les quinzomadaires  dans une moindre mesure. Je suis certain que le maître mot est de se renouveler toujours, surtout par les temps qui courent.  Je pousse le curseur plus loin, pour l’excellence de la DA, pour l’interview réellement intéressante, pas seulement professionnelle mais aussi, mettre en avant un parcours de vie à chaque fois. J’ai toujours dit, « Populaire ne veut pas dire moche » ce qui était quand même un leitmotiv à l’époque… Donc en 2018 on retire une bonne fois pour toutes tous les marqueurs pesse télé, la police avec les ombres, le jaune, le rouge, on retouche le logo, on le libère de son cadre blanc et on s’affranchit du rouge historique…

En fait, on finit par parvenir à devenir un mag de culture pop et vintage, un repère.

IN. : la direction vous laisse faire ?

J.P. : oui, du moment que l’on gardait le 7, c’était bon (rires). On s’est démenés ensuite pour avoir ces stars comme je le disais plus haut, Monica Bellucci, Marion Cotillard, qui étaient plutôt accaparées par  la presse féminine habituellement. En fait, on finit par parvenir à devenir un mag de culture pop et vintage, un repère. Aujourd’hui, quand un artiste s’adresse à Télé 7 Jours, c’est parce qu’il sait qu’il va toucher beaucoup de monde. La presse TV était uniquement dans son rôle de conseil programmes… Moi je voulais que les chaines de télévision, les agents, les artistes soient en lien direct avec les lecteurs, et faire de nous un simple médiateur. Il ne faut pas oublier qu’il y a encore quelques années, internet ne produisait presque rien, c’était donc la presse papier qui était reprise sur les sites…Ce qui change aujourd’hui, bien sûr.

Nouvelle formule de Télé 7 Jours à paraître le 31 octobre.

dans notre nouvelle formule à paraitre le 31 octobre, on passe à une double page streaming pour permettre aux spectateurs de suivre et de ne pas se retrouver à 22 heures le bec dans l’eau !

IN. : depuis, vous avez un site, une application, votre manière de travailler à changé ? vous êtes moins nombreux à la rédaction, je crois.

J.P. : 26 personnes pour le print. Mais c’est un paquebot télé 7 Jours, même si la pagination a baissé. Ce sont 124 pages en moyenne par semaine que nous concoctons. Côté internet, on a battu notre record avec 29 millions de visites en septembre, et 9 millions de visiteurs uniques. En ce moment nous nous attaquons à une nouvelle formule site, et à un nouvelle appli. On les dévoilera dans le courant de l’année 2023.

IN. : vous êtes malgré tout un guide, que devez-vous faire évoluer aujourd’hui au regard des nouvelles façons de consommer du media ?

J.P. :  pour les plateformes, on a créé des pages, on y fait de la pédagogie. Il est urgent d’accorder plus de place à ses plateformes. Nous recommandons des programmes, sans oublier notre côté serviciel. On s’aperçoit que les gens sont perdus face à cette offre de plateformes. Nous avons créé il y a plusieurs année, une page dédiée, et dans notre nouvelle formule à paraitre le 31 octobre, on passe à une double page streaming pour permettre aux spectateurs de suivre et de ne pas se retrouver à 22 heures le bec dans l’eau !

IN. : Youtube, au programme de Télé 7 est-ce  envisageable?

J.P. : oui on crée une page streaming où l’on parlera des nouveaux usages, on les inclura à nos programmes.

IN. : y aura-t-il un jour un influenceur en couverture de Télé 7 ?

J.P. : non pas dans l’immédiat. Il y a une différence entre les influenceurs connus de nous et de nos lecteurs. Mais s’’ils parviennent à devenir hyper connus pour de bonnes raisons pourquoi pas ?

Télérama est donc un concurrent dans la construction du magazine, mais pas dans la ligne édito

IN. : Télérama est-il concurrent ?

J.P. : il n’a jamais été considéré dans la presse tv mais dans la presse culturelle. Mais je tiens à dissiper un petit malentendu, si chez Télérama on visionne les programmes, chez Télé 7 aussi nous visionnons, critiquons et notons les programmes…nous-même, à la rédaction. Il est donc un concurrent dans la construction du magazine, mais pas dans la ligne édito, même si je l’apprécie personnellement.

IN. : pendant la covid vous êtes aussi devenu directeur d’une nouvelle publication, S ?

J.P. : Le mag S nait à l’époque où je sentais qu’on avait une carte à jouer entre la presse féminine dite senior et celle dite haut de gamme, il y avait encore quelque chose de…populaire, un truc beau à faire,  et j’ai tout de suite pensé à Sophie Davant… Cela fait deux ans. Et une nouvelle formule sera lancée en janvier !

IN. : une nouvelle formule, et des droits dérivés ?

J.P. : né en période de covid,  S a deux ans, c’est bien pour se renouveler, ce sont 13 numéros, riches, qu’il faut savoir renouveler car le traitement de sujets a changé avec cette période agitée que nous vivons. On voit qu’il n’y a plus le même détachement par rapport à l’avenir, les gens veulent privilégier leur bien-être. Ils se se recentrent sur l’essentiel, ont envie de proximité, de témoignages, de lire un mag qui leur ressemble, et les fait rêver d’elles, pas de stars forcément !

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