Suite au Festival Ars Electronica, qui s’est tenu du 9 au 13 septembre dernier, nous vous présentons notre coup de coeur : la pangolin -on vous voit froncer les sourcils-, une robe à la pointe de la neuro-technologie qui reflète l’humeur de celle ou celui qui la porte. C’est par ici !
En 2020, le mot « pangolin » rime forcément avec coronavirus. Et pourtant, une designer, spécialisée dans les vêtements intelligents, a choisi de donner ce nom à son écrin du futur. Néerlandaise, l’artiste Anouk Wipprecht a imaginé une robe qui change d’aspect selon votre humeur. Si vous êtes calme, ce sera un violet pastel. Si vous êtes stressé, des lumières scintillent, des petits éléments robotisés apparaissent et s’agitent.
Imprimé en 3D, ce vêtement « androïde » fonctionne avec une sorte de large serre-tête qui vient se positionner sur le haut du crâne. Cette interface cerveau-machine, ou BCI -pour Brain-Computer Interface-, qui rappelle fortement Neuralink, se compose de plus de 1.200 capteurs d’électroencéphalographie ressemblant à des écailles. D’où le nom de Pangolin -de son nom complet, Pangolin Scales BCI+Dress-. Au bout, on retrouve 64 circuits imprimés directement reliés à la robe.
« J’ai collaboré avec Igor Knezevic de Los Angeles sur ce projet, qui a été imprimé chez Shapeways. Igor et moi avons imaginé ces pièces de connexion, et j’utilise de petites vis pour fixer toutes les pièces ensemble », déclare Anouk Wipprecht. « La robe est composée de 9 pièces, avec les fonds de servo déjà mis en place, et de 32 sommets d’œufs de servo, avec des pièces de connexion. Les pièces sont imprimées en PA-11 par frittage laser, après quoi j’ai construit la robe entière, l’ai apprêtée et l’ai peinte par pulvérisation en blanc semi-brillant et l’ai protégée contre les rayures à l’aide d’une couche de finition en spray transparent. La robe fonctionne presque comme un exosquelette qui abrite les 32 « œufs » et les 32 « écailles » servo ».
Un prolongement de la personne
L’ensemble prend l’allure d’un cyborg. Chaque signal neurologique détecté par ce « casque » actionne l’une des 64 écailles posées sur la robe, et comme l’humeur de chacun est unique, l’aspect de la robe l’est également. L’autre performance est d’avoir réussi à créer une robe qui reste fine et légère avec une structure de 3 mm d’épaisseur en nylon. Présentée ce week-end au Festival Ars Electronica, en Autriche, la Pangolin Scales BCI+ a été créée en collaboration avec l’Institut des circuits intégrés de l’Université Johannes Kepler de Linz et la société de neurotechnologie G.tec.
Une fashion tech designer qui bouleverse les codes
Elle n’a pas vocation à être vendue, car il s’agit pour sa créatrice de donner un premier aperçu des vêtements de demain qui permettront d’accroître les interactions entre les personnes et leur environnement. Ces dernières années celle qui se décrit comme étant une « Fashion tech designer », n’a cessé de bouleverser les codes, mêlant artisanat, électronique et impression 3D, pour créer des robes interactives dotées de fonctionnalités surprenantes. C’était déjà le cas de ses précédents projets, à savoir la Spider dress, qui déployait autour d’elle des pattes d’araignée pour protéger son espace personnel, ou encore de la Synapse, une autre itération capable de refléter l’humeur de son porteur grâce à la présence de capteurs et d’un électrocardiogramme qui s’animait lorsqu’une personne s’approchait. De quoi satisfaire les apôtres de la distanciation sociale.