Les plateformes de SVoD vivent un rêve éveillé. Leurs nombres d’abonnés continuent de monter en flèche, leurs revenus et leurs bénéfices grimpent pour les plus chanceuses d’entre elles mais leurs dépenses commencent enfin à chuter au fur et à mesure qu’elles limitent le nombre de nouveaux contenus qu’elles mettent en ligne. Gagner plus en offrant moins. N’est-ce pas là le rêve de toute entreprise libérale ? Tous les acteurs de ce secteur n’arriveront toutefois pas à tirer leur épingle de ce jeu coûteux mais potentiellement très rémunérateur. Les plus forts devraient sortir de cette période encore plus puissants alors que les plus faibles et les retardataires risquent de se retrouver abandonnés le long de l’autoroute de la réussite. Streaming, ton univers impitoyable…
Des milliards engloutis
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Ces cinq dernières années, les plateformes de SVoD ont dépensé sans compter pour attirer les téléspectateurs et les convaincre de souscrire à leurs abonnements. L’année dernière, les six principaux acteurs de ce secteur (Disney, Comcast, Google, Warner Bros., Discovery, Netflix et Paramount) ont englouti 126 milliards de dollars dans la production de contenus. Ces géants représentent plus de la moitié (50,6%) des investissements de ce secteur contre à peine 47,5% un an plus tôt, si l’on en croît les données publiées par le cabinet britannique d’analyse Ampere Analytics. Cette course en avant pour le moins coûteuse devrait prendre fin cette année, juge The Economist. Les dépenses de Disney en matière de contenu, hormis le sport, ont déjà chuté, à elles seules, de 30% ces deux dernières années.
Des séries condamnées
Certaines de vos séries préférées vont connaître une nouvelle saison en 2025 dont Mercredi (Netflix), The Last of Us (HBO/Max), Black Mirror (Netflix), The Bear (FX/Disney+), Severance (Apple TV+), The White Lotus (HBO/Max) ou Stranger Things (Netflix). D’autres seront annulées ou terminées comme Andor (Disney+), Big Mouth (Netflix), Bosh (Prime Video), Cobra Kai (Netflix), The Handmaid’s Tale (Hulu/OCS) ou You (Netflix).
Des tarifs en hausse
Les abonnements à prix cassés vont, eux, définitivement devenir choses du passé. Netflix vient encore d’augmenter le tarif de ses abonnements qui passent de 15,49$ à 17,99$ pour sa version standard. Au mois d’août dernier, Disney+ a annoncé que le prix mensuel d’accès sans publicité à sa plateforme grimpait de 13,99$ à 15,99$. Après avoir augmenté de 20 euros le prix de son abonnement Prime, Amazon propose, pour sa part, aux utilisateurs de son service de streaming de faire le choix de payer plus ou de regarder de la publicité lors du visionnage de leurs séries préférées. Apple TV+ pourrait bientôt franchir ce pas, selon les analystes.
Ces hausses de prix ne sont pas dues au hasard. Les plateformes de SVoD tentent aujourd’hui de récupérer une partie des énormes investissements qu’elles ont englouti ces dernières années. Jusqu’à maintenant, ces groupes cherchaient à attirer des abonnés. Cette phase est aujourd’hui terminée. Et pour cause. En France, sept personnes sur dix ont déjà souscrit à une de leurs formules payantes, selon la toute dernière étude Ipsos réalisée pour Médias en Seine. Chaque Français possède en moyenne 1,8 abonnement payant. Les moins de 35 ans en ont 2,9. Près de la moitié des utilisateurs (47%) sont des adeptes de Netflix, loin devant Amazon Prime Video (34%), Disney+ (17%), Canal+ (17%), beIN Sports (7%) ou Paramount+ (7%). Ces chiffres impressionnants commencent à avoir des répercussions sonnantes et trébuchantes pour certaines plateformes.
Consolidation en vue
Au troisième trimestre 2024, Netflix a dégagé une marge opérationnelle de 30%. En trois mois, le géant du streaming a séduit 5,1 millions d’abonnés supplémentaires et son chiffre d’affaires a bondi de 15%, à 9,82 Mds$. Deux ans seulement après son lancement, son offre avec publicité a séduit plus de 70 millions d’utilisateurs actifs. Qui dit mieux ?
Si le leader du secteur va bien, certains de ses concurrents courbent l’échine et tentent de résister en proposant des offres couplées comme Disney et Warner Bros qui commercialisent depuis l’an dernier un package commun de leurs services de streaming. Une consolidation du marché semble toutefois se profiler à l’horizon. Même si les revenus de la SVoD devraient croître trois fois plus vite que le nombre d’abonnés d’ici 2029, il n’y aura pas de la place pour tous les acteurs actuels. « Au moins un service de streaming de deuxième niveau – Max, Paramount+ ou Peacock – cessera d’exister en tant que plateforme autonome » en 2025, prédit Mark Loughney, un consultant du cabinet Hub Entertainment Research. Moins de plateformes et de contenus, des tarifs de plus en plus élevés : Téléphages, l’avenir n’est pas rose pour vous…
