Cette start-up fondée en 2017, qui croit de 20% par mois, gère les espaces de pause dans lesquels les salariés des entreprises peuvent croquer un morceau entre deux réunions.
La crise, quelle crise ? Totem est une start-up fondée en 2017 qui enregistre une croissance de 5% par… semaine. Chaque mois, ses revenus bondissent de 20%. « Notre chiffre d’affaires annuel atteignait 1 million d’euros il y a six mois mais nous en sommes déjà à deux millions aujourd’hui » : Rafaël de Lavergne est un homme plutôt heureux. On le serait à moins… C’est lors de sa dernière année de master à Berkeley près de San Francisco que lui est venue l’idée, avec deux copains de promo qui sont depuis devenus ses associés, de fonder une société spécialisée dans les espaces de pause dans les bureaux. « C’est Google qui a lancé ce phénomène», reconnaît ce Polytechnicien qui est passé sur la bancs du Lycée Louis-le-Grand à Paris. Le groupe offre aujourd’hui plus de 100.000 repas par jour à ses collaborateurs. Aucun de ses bureaux ne se trouve à moins de trente mètres d’un espace de restauration. Ses dirigeants estiment qu’une personne a, en moyenne, huit heures de créativité par semaine et ils veulent s’assurer que leurs collaborateurs soient au bureau lorsque de bonnes idées leur viennent à l’esprit. Ces cafétérias sont aussi souvent placées, par exemple, entre des équipes de développeurs et des spécialistes du marketing afin d’encourager les échanges entre ces personnes qui auraient sinon peu de chance de se rencontrer sur leur lieu de travail. Tous les GAFAs et les start-ups de la Silicon Valley ont suivi le modèle mis en place par Google. Les entreprises plus « classiques » leur ont également emboîté le pas. Aujourd’hui, 28% des sociétés aux Etats-Unis proposent de la nourriture gratuite à leurs salariés.
Un marché qui explose en France
Le snacking est le marché alimentaire qui progresse le plus avec des taux de croissance annuelle de plus de 10%. En Grande-Bretagne, la pause-déjeuner ne dure pas plus de vingt-huit minutes en moyenne. Les employés les plus jeunes sont ceux qui ont le plus tendance à manger un morceau devant l’écran de leur ordinateur. Sentant le bon filon, les industriels se sont engouffrés dans cette brèche qui devient de plus en plus large. L’an dernier, pas moins de 600 barres de céréales ont été lancées sur le marché britannique. La France n’est pas en reste. Aujourd’hui, 41.000 établissements proposent du snacking dans l’hexagone contre à peine 24.000 en 2007. Le chiffre d’affaires de ce secteur est passé de 7,3 à 19 milliards d’euros en une décennie, selon une étude du cabinet CHD Expert. « Quand nous nous sommes lancés il y a trois ans, peu de sociétés proposaient des aliments gratuits à leurs collaborateurs, se souvient Rafaël de Lavergne qui a été pendant quinze semaines professeur de planche à voile et de catamaran aux Glénans en Bretagne. Les start-ups comme BlaBlaCar et Criteo ont montré la voie. Elles ont été suivies par les spécialistes de la tech. Les banques et les cabinets de consultants sont ensuite venus à nous et nous négocions actuellement des contrats avec des sociétés plus traditionnelles comme Lanvin ».
Des abonnements à la carte
Les formules proposées par Totem sont toutes simples. Cette jeune pousse installe dans les bureaux des machines à café, des bonbonnes à eau et des présentoirs remplis d’aliments à croquer. Ces équipements sont loués par les entreprises (comptez 700 euros par mois pour un groupe de 150 à 200 personnes) qui payent également des abonnements pour chaque aliment différent proposé à leurs employés. La mise à disposition de café est ainsi facturée mensuellement huit euros par salarié. Chaque produit supplémentaire est tarifé en moyenne dix euros par mois et par collaborateur. Les articles les plus populaires sont les noix de cajous et les bananes suivis par le thé glacé, les compotes, le Coca Zéro et l’eau gazeuse sans calorie. « Plus la société emploie des personnes qui sont très recherchées sur le marché du travail, plus elle offre d’aliments différents, assure le directeur général de Totem qui compte 28 salariés. Notre facture moyenne atteint aujourd’hui 280 euros par mois pour la location des équipements et 1500 euros pour les aliments. Nous avons aujourd’hui mis en place 220 espaces de restauration dans des bureaux qui comptent en tout 6000 collaborateurs. Tous les produits sont livrés à partir de notre entrepôt de 1600 m2 situé à Pantin près de Paris. Nous nous concentrons pour l’instant sur la capitale et la première couronne car nous estimons que le marché du snacking dans cette zone représente déjà 3 milliards d’euros ». Les taux de croissance de la jeune start-up ne devraient pas ralentir de sitôt…