Attendue jeudi sur Prime Video, la série se déroule 200 ans après une guerre nucléaire et suit les habitants privilégiés d’abris antiatomiques, contraints de remonter à la surface irradiée, où règnent violence, anarchie et créatures mutantes.
Elle est produite par Jonathan Nolan – qui a aussi réalisé les trois premiers épisodes – et sa femme Lisa Joy, duo à l’origine de la série « Westworld ».
Son lancement survient un peu plus d’un an après « The Last of us », une autre série tirée d’un jeu post-apocalyptique. Le succès, public et critique, de cette dernière a entre temps prouvé que le passage de la console à la fiction en prise de vues réelles pouvait fonctionner.
« Cela nous a énormément aidés que cette série sorte en premier, qu’elle soit si brillante et si bien reçue, parce que cela enlève beaucoup de pression », a assuré, bon joueur, Jonathan Nolan à une poignée de journalistes au festival Canneseries à Cannes (sud-est de la France), où « Fallout » était projetée hors compétition.
Les adaptations de jeux en film et en série ne sont pas nouvelles, mais leur qualité laissait souvent à désirer, du film « Super Mario Bros » de 1993, à la série « Resident Evil » sortie sur Netflix en 2022.
La donne semble avoir changé grâce à des créateurs qui « ont grandi avec des jeux vidéo » à l’instar de Jonhathan Nolan, qui jouait à Pong, simulateur de ping pong minimaliste, sorti en 1972, avec son frère, et s’est émerveillé il y a 16 ans devant « Fallout 3 », jeu de rôle immersif.
« C’est comme d’être né à la fin du XIXe siècle et d’assister à la naissance du cinéma », dit le producteur de 47 ans.
« Je me suis rendu compte à cette époque que la narration des jeux vidéo était devenue, à bien des égards, plus ambitieuse, plus avant-gardiste et plus punk rock que le cinéma ou la télévision », raconte Jonathan Nolan, qui verrait bien les univers de « Half Life », « Bioshock » ou « Portal », remplis de « moments à couper le souffle », adaptés en séries.
Pas un genre
« On va beaucoup entendre parler dans les prochaines années du genre des jeux vidéo (au cinéma ou à la télévision), mais les jeux vidéos ne sont pas un genre(…) c’est un médium pour raconter des histoires, et même (…) le plus gros médium vu le nombre de personnes qui y jouent et la taille de l’industrie », juge Jonathan Nolan.
Les jeux vidéo pourraient ainsi dominer, dans les années à venir, la production hollywoodienne, friande de marques facilement identifiables.
D’autant « qu’on commence à sentir un reflux des films (de super-héros) adaptés de comics », estime celui qui a revisité Batman avec son frère en coécrivant « The Dark Knight » et « The Dark Knight Rises ».
A la différence de la série « The Last of us », calquée sur le jeu éponyme, « Fallout » crée de nouveaux personnages et une nouvelle trame, s’inspirant surtout du « ton » de son modèle, qui mêle « drame, émotion, humour noir, satire, politique ».
Le créateur du jeu, Todd Howard, et « son équipe ont participé à chaque étape » de l’adaptation, fait valoir Jonathan Nolan, qui n’a pas cherché à satisfaire les fans de la franchise.
Autre gage de succès, le soutien d’Amazon, qui a permis des tournages dans des décors naturels dans l’Utah ou en Namibie, sur la côte des Squelettes. « Quand on adapte un jeu vidéo, qui ne repose que sur des visuels générés par ordinateurs, des visuels très beaux qui plus est, on n’apporte rien à la franchise en donnant au public encore plus d’images virtuelles », justifie Jonathan Nolan.
Mais cette immersion a un coût. Et « Fallout » devra « marcher auprès du public » pour connaître d’autres saisons, concède le créateur, « réaliste » et frustré de n’avoir pu terminer sa série « Westworld », brusquement annulée après quatre saisons.