La liberté d’expression ? Quelle drôle d’idée ! L’information juste et pour tous, vous plaisantez ? Non, certains pays ne plaisantent pas avec l’accès à l’information et leurs porte-paroles. Pour insister sur les nombreux meurtres de journalistes privés de vie pour avoir voulu exposer la vérité au monde, l’Unesco lance une campagne internationale de sensibilisation signée DDB°Paris.
La liberté d’expression, un droit inscrit depuis belle lurette dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Un droit auquel on ne pense même pas tant il semble évident et inné pour les sociétés occidentales. Pourtant, la liberté d’expression n’est toujours pas garantie à l’échelle mondiale. Corruption, mensonges, trahison, trafic, violence, une histoire qui dérange : le journalisme se bat chaque jour pour laisser parler la vérité et proposer une information juste aux citoyens du monde. Un combat lourdement réprimé par certains qui choisissent la mort pour taire la vérité. Au cours des douze dernières années, plus de 1000 journalistes ont été tués pour avoir voulu couvrir certains évènements et informer le public. Une donnée inadmissible pourtant passée sous silence plutôt que sous les écrous. Dans 9 cas sur 10, les auteurs de ces crimes n’ont pas été traduits en justice.
À l’occasion de la « Journée Internationale de la Fin de l’Impunité pour les Crimes commis contre des Journalistes » du 2 novembre, proclamée par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 2013 en mémoire de l’assassinat de deux journalistes français au Mali, l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) appelle au soutien des médias et des internautes pour propager le message et brandir la vérité en étendard via une campagne internationale signée DDB°Paris.
Plusieurs annonces pour un message coup de poing
« Chaque année, un journaliste reçoit le prix Pulitzer, et cent autres une condamnation à mort »; « Le meurtre d’un journaliste est toujours une mauvaise nouvelle. Même pour ceux qui l’ont tué »; « Plus de 100 journalistes ont été tués pour faire cette pub ». Des annonces presse aux accroches incisives et provocatrices traduites en six langues (anglais, français, espagnol, italien, portugais, arabe), signées du hashtag #TruthNeverDies pour appeler à une propagation mondiale sur les réseaux sociaux. Un moyen de proposer aux internautes et médias de devenir, eux-mêmes, les relais de cette vérité que l’on a voulu cacher.
Ici le message est simple : si les journalistes sont assassinés pour que leurs enquêtes s’arrêtent avec leur mort, répondons à ces meurtriers que la vérité, elle, ne meurt jamais. En mémoire de ces disparus, l’organisation met également en place un site dédié répertoriant les profils de ces porte-paroles et de leur histoire. « L’UNESCO cherche à sensibiliser le public sur le problème de l’impunité pour les crimes contre les journalistes. Le but de cette campagne est de sensibiliser la société et les décideurs sur les meurtres de journalistes, et de garder en vie leurs enquêtes pour montrer que tuer des journalistes ne servira pas à entraver la liberté d’information et la liberté d’expression », explique Sylvie Coudray, chef de la section de la liberté d’expression de l’UNESCO.
Journaliste, un métier à honorer
Une mobilisation d’envergure pour l’organisation qui n’en est pas à son premier coup d’essai : « on rappellera par exemple la campagne « My Killers Are Still Free » lancée en 2016, ou la campagne « My Fight Against Impunity » de 2017, racontant les témoignages de journalistes, activistes et éditeurs cherchant à combattre l’impunité. L’UNESCO est aussi très active à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, comme en 2018 avec la campagne « Read More, Listen More » », poursuit Sylvie Coudray.
Avec cette campagne, l’Unesco affirme son opinion et son combat radical et mondial : « la campagne « Truth Never Dies » a été développée avec le groupe de communication DDB, mais son public est mondial. Nous sollicitons actuellement un grand nombre de médias et journaux, ONG et acteurs de la société civile du monde entier afin de propager le message au plus grand nombre », conclut notre interlocutrice.
« My Killers Are Still Free », campagne lancée par l’UNESCO en 2016