Sandrine Christon-Pain (la Filière Communication) : « j’ai dû me faire à l’idée d’une nouvelle vie en trois jours »
Son prénom est Sandrine, je répète : son prénom est Sandrine… Sandrine Christon-Pain, déléguée générale de la Filière Communication répond au « Questionnaire d’INfluencia », autour d’une madeleine et d’un thé, au sein de l’hôtel Swann* – Proust oblige.
INfluencia : votre coup de cœur ?
Sandrine Christon-Pain : c’est « Disclaimer », la série sur Apple TV de Alfonso Cuarón avec Cate Blanchett. Ce thriller psychologique captivant en sept épisodes est l’histoire d’une journaliste célèbre dont le travail s’est construit en mettant en lumière les méfaits et transgressions des uns et des autres. Et un jour elle se trouve confrontée à sa propre réalité, après avoir reçu un livre révélant un secret du passé qui bouleverse complètement sa vie. Cela faisait longtemps que je n’étais pas restée fidèle à une série. En général, je les commence et en cours de route je les abandonne. Là, non seulement j’avais envie de continuer mais je me suis surprise à retarder de regarder le dernier épisode pour prolonger le côté captivant, un peu comme on conserve un dernier bonbon. Il m’est même arrivé d’y penser entre deux…
IN. : et votre coup de colère ?
S.C-P. : il est contre les voix de synthèse que je ne supporte plus. Je trouve cela indigent. La voix de synthèse, c’est une robotisation qui va à l’encontre de tout ce qu’on n’arrête pas de nous dire, quand on nous répète qu’il faut se centrer sur l’humain. Ça rend tout uniforme et je trouve que ce n’est pas intéressant. En plus, je soutiens l’association «Les voix », qui regroupe plus de 200 artistes et voix off. C’est tout un pan de la communication qui est aussi mis à mal. Bien sûr c’est bluffant, cela permet d’aller vite. On peut accepter effectivement que cela permette par exemple de ne pas faire revenir un comédien entre deux séquences pour faire juste un petit lien mais il faut que ça se fasse avec son accord et que cela n’aille pas plus loin.
IN. : l’évènement qui vous a le plus marquée dans votre vie ?
S.C-P. : c’est un événement qui fait partie de notre histoire familiale, quand nous sommes arrivées à Paris un 31 août, ma mère, ma sœur et moi, trois jours seulement après que celle-ci ait décidé de quitter la Guadeloupe. Ma meilleure amie, qui a appris mon départ à son retour de vacances des Etats-Unis, par une lettre que je lui avais écrite, m’en parle encore. J’avais 12/13 ans. Il a donc fallu se faire à l’idée d’une nouvelle vie en trois jours... Mais comme j’aime toujours prendre le contre-pied positif, je me dis que nous avons été obligées de nous adapter très vite et que cela apprend des tas de choses dans la vie car on est parfois confronté à des changements brutaux.
IN. : si c’était à refaire
S.C-P. : je montrerais plus de ténacité pour continuer la danse classique. Ma mère m’a mis à la danse classique quand j’étais très jeune vers 5 ans. Mais je lui ai demandé de me sortir du cours carj’avais un professeur, certes excellent mais que, du haut de mes cinq ans, je trouvais beaucoup trop sévère. Elle m’a écoutée, elle n’aurait pas dû. J’ai fait ensuite du modern jazz pendant longtemps. J’ai repris plus tard un cours de danse classique mais sans grande illusion. C’était catastrophique (rires), j’ai arrêté. Mais je continue à adorer danser, toutes les danses, et je trouve d’ailleurs qu’on ne danse plus assez.
IN. : votre plus grande réussite ? (pas professionnelle)
S.C-P. : c’est de passer d’une envie et d’un rêve, de l’amour de l’audio et de la radio à la création de notre podcast à partir d’une page blanche. J’ai toujours adoré les voix. Alors, un jour, je me suis dit : « et si je faisais un podcast ? ». Avec ma « coplice » (un mélange entre complice et copine) Christine Degoanni, nous avons créé Choose Your Impact. Notre projet était à double niveau : créer un outil à partir de rien et donner vie à un rêve, apporter notre pierre à l’édifice et valoriser ce qui mérite de l’être. Notre ambition était de donner la parole à des créateurs et des créatrices de projets vertueux pour participer, nous aussi, à mettre la lumière sur ce qui est positif et qui fait avancer le monde. Nous voulions aussi donner la possibilité à l’auditeur d’avoir un impact sur le projet qui était présenté par notre invité, le soutenir, le relayer. Nous avons fait une saison et avons dû arrêter faute de temps, mais ce podcast est dans nos têtes et dans nos cœurs et il n’y a pas une semaine sans que je n’aie une idée pour le réactiver.
IN. : votre plus grand échec ? (idem)
S.C-P. : il y a une quinzaine d’années, j’ai accompagné un groupe d’étudiants dans une école de communication sur une étude de cas réel autour d’une problématique de communication et nous n’avons pas réussi à convaincre le client de notre idée. Je dis « nous » car je prends ma part dans cet échec. J’étais vraiment vexée et je n’ai jamais oublié le moment où nous avons été sanctionnés par un petit 12 sur 20. J’étais très déçue pour les étudiants, bien plus qu’eux d’ailleurs. Je suis certaine qu’ils ont tous oublié mais pas moi ! Heureusement j’ai fait mieux depuis (rires).
INf. : la faute qui vous inspire le plus d’indulgence
S.C-P. : c’est quelque chose qui se répète régulièrement : je ne sais pas pourquoi, mais on m’appelle très souvent Christine… Ce n’est vraiment pas grave et mes interlocuteurs sont tellement désolés que je finis par ne rien dire. Mais je connais une personne qui n’a toujours pas réussi à se mettre en tête mon prénom et là, ça m‘agace. À chaque fois je lui demande de faire un effort. Vous voyez c’est vraiment une toute petite faute (rires).
INf. : le don de la nature que vous voudriez avoir
S.C-P. : le chant. J’aurais vraiment adoré chanter juste mais hélas… J’ai voulu prendre des cours de chant mais je me suis arrêtée après le premier. J’avais rencontré un professeur qu’on m’avait recommandé mais ça n’a pas matché. J’aurais pu persister mais je ne l’ai pas fait. Je regrette.
INf. : quel objet emmèneriez-vous sur une île déserte ?
S.C-P. : nous sommes dans un métier où notre créativité est sollicitée tous les jours, avec des sujets qui viennent s’inviter par surprise dans l’agenda et notre cerveau tourne sans cesse. Il est donc important de revenir vers soi-même.
Alors j’emmènerais une statue de Bouddha à la fois pour méditer sur la pleine conscience et parce que je m’intéresse au bouddhisme. J’en suis au balbutiement mais j’essaie de m’astreindre à méditer tous les jours. J’ai fait une séance de zazen que j’ai beaucoup apprécié. On médite pendant 45 minutes à une heure. Il ne se passe rien, on est assis, concentré sur sa respiration.
Je dois d’ailleurs vous confier que Bouddha est apparu plusieurs fois dans mes rêves, avec des scénarii différents à chaque fois. Et la petite histoire est que parfois je me fais interpréter mes rêves par une personne qui a une vraie sensibilité, même si je considère qu’il n’y a pas de symbolique. Et je trouve cela passionnant et révélateur.
* l’Hôtel Littéraire Le Swann, situé au cœur du quartier historiquement proustien de la plaine Monceau et de Saint- Augustin, présente une collection d’œuvres originales sur l’écrivain ainsi que des pièces de haute couture, des photographies, des tableaux, des sculptures. Notre interviewé(e) pose à côté d’une sculpture de Pascale Loisel représentant bien sûr l’auteur d’ « À la recherche du temps perdu »
. Participation aux travaux initiés par la Direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC) et le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) avec l’aide d’AFNOR Normalisation pour se doter d’un référentiel AFNOR SPEC 2308. Ce référentiel commun, rédigé en concertation avec près de 130 professionnels, a été développé pour guider les sociétés de production des secteurs du cinéma, de l’audiovisuel et de la publicité dans l’adoption de pratiques durables, éthiques et responsables pour les productions.
– Sur le plan personnel Sandrine Christon-Pain continue à alimenter les contenus pédagogiques pour des écoles (Sup de Pub, Narratiiv, l’Institut Supérieur de l’Evénement) sur plusieurs matières : l’éco-socio-conception événementielle, l’expérience de marque servie par l’événementiel et puis le podcast de marques. Et pour l’IFG, elle travaille sur un module sur le personal branding.
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