J-1 : Alors que la 65ème édition des Cannes Lions largue les amarres sur la côte Est de la France, la 4ème édition du Salon du Luxe prend place à la capitale. Au programme cette année : « Les nouveaux visages du luxe ». Rencontre avec sa fondatrice, Laura Perrard, une entrepreneuse de 28 ans dont la vision du secteur nous a charmé.
Fondé par Laura Perrard -jeune entrepreneuse passionnée par le mastodonte qu’est l’industrie du luxe, ses acteurs et ses mutations- Le salon du Luxe Paris réunit sur une journée, depuis maintenant 4 ans, près de 1000 professionnels du milieu, grandes maisons, start-up et artisans de l’écosystème, attendus pour débattre, échanger, autour d’une thématique. Demain, on parlera donc des « Nouveaux visages du luxe ». Une thématique pour interroger les nouvelles générations et les usages qui inspireront leurs créations, les enjeux de l’intelligence artificielle dans le luxe, et la marque employeur. Au programme donc, des rencontres avec et entre exposants de tous secteurs allant de l’horlogerie à la cosmétique en passant par l’automobile, des expériences et des démonstrations technologiques et artistiques. À l’aube de cet événement, nous avons rencontré Laura Perrard qui nous raconte son parcours, ses ambitions, sa manière de percevoir le luxe et son projet.
INfluencia : il y a 4 ans, vous avez décidé de lancer le Salon du Luxe. Quelles étaient vos ambitions et ont-elles évolué ?
Laura Perrard : en 4 ans, nous avons connu une évolution dingue. À la base, mon objectif était de mélanger les décideurs du luxe de tous les secteurs. Je me suis rendue compte que le luxe est un petit milieu où tout le monde se connaît mais où les secteurs (automobile, cosmétiques, mode, etc.) ne se marient pas. Je voulais donc créer des synergies et de la valeur, et pas seulement entre acteurs traditionnels mais aussi les croiser avec start-up, les petites mains du luxe, et autrres artisans… sans lesquels le luxe n’existerait pas. D’où mon événement pour englober tout cet écosystème et dont la vocation est de réfléchir à son évolution, car je considère que l’on ne peut plus prétendre exceller sans se transformer.
Il y a une vraie appétence pour les marques d’aller vers le digital en faisant un lien avec l’innovation. Le Salon du Luxe repose sur 2 piliers : un amour profond pour le luxe et un intérêt pour le digital. Ce qui a changé aujourd’hui c’est mon rapport et ma définition du luxe. En France, on aime bien mettre dans des cases. Pour moi, le luxe s’écrit « LuxEEE ». Trois E pour Exception, Excellence, Émotion.
IN : qu’apportez-vous au marché avec cet événement ?
L.P. : j’aime bien parler de salon « d’inspiration ». Nous n’apportons pas de réponse à tout mais nous invitons à réfléchir à des sujets ou des moyens, notamment en donnant beaucoup de data. C’est un événement sur lequel la rencontre se fait très facilement. On y découvre des collaborations étonnantes qui en font une vraie expérience. Je ne vous en dis pas plus, car tout réside dans la surprise.
IN : quels sont vos critères de sélection des intervenants et exposants ?
L.P. : les 25 exposants sont sélectionnés sur dossier. Le critère est très subjectif mais le principal est qu’ils se retrouvent dans cette définitions du « LuxEEE ». Aussi, je tiens à ce que l’on reste sur une expérience à taille humaine. Nous accueillons 1000 personnes et je n’aspire pas à faire grandir ce chiffre. Je ne suis pas du tout dans une optique de « tête d’affiche » mais plutôt dans une démarche naturelle et bienveillante, en recherche de personnes qui ont un vrai message à faire passer.
IN : en parlant du luxe, comment se porte la marché actuel ? Y a-t-il des chiffres clés qui retiennent votre attention, une marque émergente ou un pays qui grimpe en qualité ?
L.P. : une donnée qui m’a particulièrement marqué cette année vient d’une récente étude que nous avons mené avec l’Ifop. Nous avons demandé aux professionnels du luxe quelle était leur vision du marché secondaire (ventes privées, d’occasion, de location). 91% des professionnels pensent que c’est un sujet qu’il faut prendre au sérieux et composer avec. Pour moi c’est un chiffre très éloquent, il crée une disruption.
Au delà de ça, les tendances de consommation des générations Y et Z qui reviennent aux fondamentaux, qui ont besoin d’être accompagnées, de connaître les dessous des marques, et qui ne se reposent plus seulement sur une notoriété et un logo, c’est une véritable réinvention du rapport à la marque.
IN : quelle cible souhaitez-vous toucher avec cet événement ?
L.P. : toutes les personnes qui ont un poste décisionnaire dans le luxe. Mais pas uniquement issues des grandes Maisons : les agences, artisans, décideurs de l’automobile, de la mode, de la cosmétique, de l’hôtellerie… sont les bienvenus.
IN : à chaque année son sujet et pour 2018 « Les nouveaux visages du luxe ». Quelle réflexion souhaitez-vous soulever à travers cette thématique ?
L.P. : ce thème est large et donc laisse beaucoup de liberté. L’idée est de mettre en lumière les hackers, les mutants du luxe. Des profils protéiformes pour insister sur le fait que le luxe est propre à chacun. De montrer que des marques, qui osent et s’affranchissent des carcans traditionnels, émergent. En bref, travailler sur les archétypes du luxe de demain.
IN : un autre projet se dessine-t-il au delà de ce rendez-vous ?
L.P. : j’ai pour l’instant vraiment envie de l’implanter de manière pérenne à Paris. En 4 ans, cela commence à devenir une référence parisienne auprès des professionnels du luxe, ce qui est une bonne chose. Pourquoi pas donc à l’international mais pourquoi pas non plus faire venir l’international à Paris !
En outre, je commence à accompagner les entreprises dans une réflexion de vision stratégique sur le marché. Je ne veux pas devenir une agence en tant que telle, mais c’est pour nourrir mon intérêt personnel.
IN : cette année, pour La Biennale 1.618, le mot d’ordre était « durable ». Quel sera le vôtre ?
L.P. : il est pluriel : « authenticité, émotion et transformation ».
Pour en savoir plus sur l’événement, cliquez sur la photo ci-dessous !