26 avril 2023

Temps de lecture : 3 min

Ruben Cohen (Follow) : « Les marques ont longtemps considéré les agences comme de simples passe-plats »

C’est avec sa petite fille de quelques mois dans les bras que Ruben Cohen nous a accordé cet entretien. La paternité n’empêche pas le co-fondateur de l’agence Follow d’avoir de grandes ambitions pour son entreprise qui se développe et se diversifie à toute vitesse. Ses concurrents sont prévenus.

INfluencia : quelles sont les origines de votre agence ?

Ruben Cohen : Follow est né en septembre 2016. Avec trois amis d’enfance, nous nous sommes aperçus de l’importance que commençait à prendre le marketing d’influence. Notre premier bureau était un studio de 15m2 dans lequel nous partagions trois ordinateurs car nous n’avions pas assez d’argent pour en acheter un quatrième. En 2017, nous avons fait tapis en nous installant dans de beaux bureaux dans le 9ème arrondissement à Paris. Nous voulions créer un modèle car à cette époque il n’y avait presque aucune société établie dans ce secteur hormis Web Media ou Shauna Events et nous savons tous ce qui s’est passé avec cette dernière agence…

IN : comment êtes-vous parvenu à séduire des influenceurs ?
R. C. : l’influenceur le plus difficile à décrocher est le tour premier. Nous montrons aux créateurs de contenus notre expertise et notre bienveillance, nous rencontrons aussi souvent leurs parents car la plupart d’entre eux sont très jeunes et ensuite le bouche-à-oreille fait son effet. Nous représentons aujourd’hui 30 créateurs de contenu en exclusivité. Plus que la taille de leur communauté, nous nous intéressons surtout à l’engagement de leurs abonnés. L’influence n’est pas une fin mais un moyen pour les créateurs de contenu.
IN : vous travaillez toutefois presque exclusivement pour des influenceurs qui ont une forte communauté…

R. C. : les influenceurs que nous représentons ont en effet un reach global de 30 millions d’abonnés. Leurs communautés varient entre 500.000 et 2 millions de followers sur Instagram. Quand on considère toutes les plateformes sur lesquelles ils sont présents, certains ont près de 5 millions d’abonnés. Vu l’ampleur des investissements que nous dégageons pour chacun de nos créateurs de contenus, nous ne pouvons pas nous permettre de sélectionner des personnes qui ont des petites communautés.

IN : comment parvenez-vous à convaincre les marques d’adosser leur nom à certains de vos « poulains » ?

R. C. : les marques sont venues vers nous quand nous avons commencé à avoir une certaine notoriété et légitimité. Longtemps, elles ont considéré les agences comme les nôtres comme de simples passe-plats qui prenaient une double commission. Pour les convaincre de faire appel à nous, il faut leur montrer une vision et prouver que nous sommes capables de garder nos talents. Nous avons ainsi toujours cherché à proposer à nos clients un service 7 étoiles. C’est seulement en faisant cela qu’on peut séduire des marques de luxe comme Isabel Marant, Dior ou Prada.

IN : vous avez également très rapidement choisi de diversifier vos activités…

R. C. : nous avons en effet très rapidement décidé de créer un écosystème à 360 degrés pour nos clients. Dès la fin 2017, nous avons donc lancé notre activité de conseil pour aider les entreprises à mettre au point leur stratégie de marketing digital. Nous avons également créé il y a 3 ou 4 ans un studio intégré afin de permettre aux créateurs de produire des contenus en interne. Pour certains de nos clients comme récemment Garnier pour sa campagne dans les gares, nous gérons toute la production des contenus. Nous sommes hyper fiers de cela. Aujourd’hui, nous avons près de 100 collaborateurs, nous nous travaillons pour plus de 1500 annonceurs et notre chiffre d’affaires devrait atteindre 30 millions d’euros cette année.

IN : comment vous rémunérez-vous ?

R. C. : nous prenons une commission de 30% sur les deals que nous bouclons pour nos créateurs de contenus. Nous avons toujours été transparents à ce sujet. Nous avons bien conscience d’être un peu cher mais ce prix correspond aux investissements que nous dépensons.

IN : comptez-vous poursuivre votre diversification ?

R. C. : nous sommes déjà en train de le faire. Nous venons de créer trois nouvelles entités. Andy est notre nouvelle agence de représentation de célébrités. Beaucoup d’entre elles sont déjà nos amis et nous allons leur proposer les mêmes services que ceux que nous faisons pour nos créateurs de contenus. Bientôt, nous allons dévoiler avec quels acteurs, sportifs et chanteurs nous allons travailler. Cette filiale reste centrée sur le BtoC. Nous nous aussi lancés dans le BtoB avec Aura. Cette entité propose des services de personal branding aux chefs d’entreprise. Une trentaine de CEO nous ont déjà fait confiance. Nous gérons, contre un abonnement mensuel compris entre 1200 et 8000 euros, leur présence sur les réseaux et nous créons pour eux des posts, des vidéos et parfois même des podcasts. Nous venons enfin de transformer notre activité de production, Scroll, en une filiale à part entière.

IN : Quelle sera la taille de votre société dans quelques années ?

R. C. : Follow est un écosystème aujourd’hui. Nous allons continuer de recruter des créateurs de contenu dans d’autres secteurs comme le gaming et le fooding afin d’intéresser toutes les catégories d’annonceurs. D’ici trois ou cinq ans, j’espère bien atteindre le cap des 100 millions d’euros de chiffre d’affaires.

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