Cette start-up qui vend des chaussures fabriquées avec des tissus africains cherche à avoir un impact positif pour le continent. Et ça marche !
De la finance à la chaussure, il n’y a qu’un pas que Hughes Didier a franchi sans l’ombre d’une hésitation. Pendant trois ans, cet entrepreneur trentenaire a roulé sa bosse au Congo, en Côte d’Ivoire et au Sénégal pour le compte d’une start-up spécialisée dans le financement des PME en Afrique. Malgré la distance, le jeune homme n’a jamais cessé de communiquer avec un de ses anciens camarades de classe de l’ESSEC. Vulfran de Richoufftz pouvait ainsi suivre son parcours de baroudeur avec envie. Cet ancien élève à la Sorbonne avait choisi une carrière plus classique en rejoignant le groupe immobilier Nexity.
Mais après quatre ans de bons et loyaux services, le cadre commençait à avoir des envies d’ailleurs. Il décide alors de tout quitter pour rejoindre son pote d‘école. « Nous nous étions lassés de nos emplois respectifs », reconnaît Hughes Didier « Nous voulions nous lancer dans une aventure sympa et nous avons tous les deux démissionné en avril 2015 ».
Vive le crowdfunding
A force de discuter ensemble, les deux compères se découvrent une passion commune pour les… tissus africains. L’idée leur vient alors de commercialiser des chaussures fabriquées avec ces étoffes colorées. Le nom de leur marque est tout simple : Panafrica. Une campagne de crowdfunding leur permet de vendre 2000 paires en un mois.
« Nous souhaitions mettre en place un modèle qui ait un impact positif pour le continent africain », résume Hughes Didier « Nous achetons ainsi l’ensemble de nos tissus en Afrique de l’Ouest. Le wax vient de Côte d’Ivoire et le coton est acheté auprès d’une association au Burkina Faso. Dans les deux usines d’assemblages situées au Maroc, nous nous sommes assurés des bonnes conditions de travail des salariés et nous garantissons à nos fournisseurs une production sur la durée afin qu’ils puissent embaucher du personnel. 10% de la marge bénéficiaire de chaque paire sont, quant à eux, reversés à des associations en faveur de l’éducation en Afrique. Nous finançons ainsi l’envoi de tuteurs chez des enfants au Bénin et au Cameroun. Nous aidons aussi une association burkinabaise qui apprend à des femmes la peinture sur toile et nous achetons ensuite leurs toiles que nous utilisons dans nos chaussures ». Aujourd’hui, trois ans après son lancement, Panafrica produit entre 25000 et 30000 paires par collection.
Les initiatives se multiplient
Cette marque n’est toutefois pas la seule qui cherche à produire des souliers fabriqués en Afrique en mode éthique et engagé.
Wibes suit un modèle équivalent. Fondée par un couple de Français, Nicolas et Aurélie, cette entreprise a, elle aussi, été lancée grâce à une campagne de financement participatif sur Kickstarter. Inkkas commercialise, lui, des chaussures avec des tissus traditionnels Sud-Américains qui sont fabriquées par des communautés locales péruviennes. La société, qui a même imaginé une collection vegan, promet, en outre, de replanter un arbre pour chaque produit vendu. Etre à la mode tout en protégeant l’environnement et en aidant des populations isolées est désormais possible. Et vous vos souliers, vous les achetez où ?