L’édition 2016 du CES de Las Vegas a encore mis en avant le paradoxe de la robotique : d’un côté, des avancées technologiques pour des innovations gadgets inutiles, de l’autre, la consolidation structurelle d’une tendance forte : l’intelligence artificielle servicielle, partenaire du quotidien de la smart city du futur.
Fin 2015, les réseaux sociaux fêtaient l’arrivée, en provenance de l’année 1985, du célèbre Marty Mc Fly, le héros de la trilogie de Retour vers le Futur. Notre présent imaginé en 85 comme un futur robotique répondait sans failles aux fantasmes des personnes de l’époque… Mais la science-fiction de « Retour Vers Le Futur 2» censée représenter 2015 n’est donc pas (encore ?) notre quotidien. Nous ne nous baladons pas sur des skateboards aériens ni ne conduisons de voitures volantes. Pourtant, la ville de demain constitue dès à présent notre présent. Comme le souligne le dernier rapport des tendances 2017 du Lab de PSFK , la smart city ne se contentera pas d’être ultra connectée, elle sera robotisée. L’intelligence artificielle sera-t-elle le compagnon indispensable de notre train-train ? Comment son influence sur notre vie de tous les jours impactera-t-elle nos comportements chez nous, au travail et dans notre environnement urbain ?
En investissant déjà les villes, ces chers robots, anxiogènes ou enthousiasmants, c’est selon, proposent des services qui, en répondant à des nouveaux besoins, écrivent les premières répliques aux interrogations légitimes que pose leur avènement dans le paysage urbain. La première livraison à domicile réussie par les drones d’Amazon Prime Air symbolise les promesses d’un service automatisé complémentaire de la main d’œuvre humaine. La collaboration entre Ford et Google pour la nouvelle génération de voiture autonome et Buddy, le robot qui vous suit partout, érigé en star du CES 2016, reflète une autre facette de l’intelligence artificielle : celle d’un partenaire utile pour le citoyen.
Dans les secteurs des transports, de la livraison et de l’entretien, l’innovation consolide le réalisme d’une offre robotique déjà opérationnelle. Aux Etats-Unis, Carry peut arpenter par exemple, les trottoirs et les pistes cyclables pour livrer courriers et paquets -y compris des très lourds- sur le perron des maisons et devant les entrées d’immeuble. Designé pour se déplacer comme un piéton, ce véhicule autonome équipé d’une caméra et d’un GPS circule lentement mais répond selon Dispatch Robotics, la start-up qui l’a créé, à la problématique « du dernier kilomètre, plus coûteux et plus exigeant pour la force de travail », dixit Uriah Baalke, un des trois co-fondateurs de Carry.
Opérationnel 24/24 et 7 jours sur 7, ce facteur-robot, plus écologique bien qu’aux allures de vieille imprimante industrielle, sera testé en début d’année dans plusieurs campus universitaires de Californie. Pour Uriah Baalke, sa livraison à la demande par un transport terrestre est plus sécurisée que la livraison aérienne effectuée par des drones. Pour la pub, qu’il soit sur terre ou dans le ciel, le robot représente une opportunité de visibilité et d’interaction pour les annonceurs, un terreau de créativité de plus pour les agences.
Easymile, un pionnier français pour une première nord-américaine
Toujours en Californie, un bus autonome transporte tous les jours 12 salariés de leur parking à leur lieu de travail, au sein d’un méga complexe d’immeubles de bureaux. C’est une première aux Etats-Unis. La particularité de l’EZ10 est qu’il est français. Fruit de la collaboration entre le constructeur tricolore, Easymile, et le programme européen, Citymobil2, le véhicule auto-promu comme une première mondiale du genre, a déjà attiré l’attention de plusieurs gouvernements en quête de transports en commun alliant efficacité, sûreté et rentabilité. Entièrement électrique, équipé d’une batterie de capteurs, d’un système de géolocalisation et de caméras, l’EZ10 est accessible via une application mobile qui permet de réserver sa place et son itinéraire. Cette particularité pourra intéresser marques et « pubards », qui voient dans ce nouveau type de véhicule une source d’inspiration différente et in fine capable de servir leurs desseins.
Même en se déplaçant à une vitesse comprise entre 15 et 25 km/h selon un trajet pré programmé mais ajustable en temps réel, le bus pionnier « made in » France n’a pas attendu d’être actif dans la ville de San Ramon, située à une heure à l’est de la Silicon Valley, pour démontrer qu’il est le premier véhicule autonome capable d’être actif dans les mêmes zones routières que celles fréquentées par les usagers standards. Depuis novembre dernier, l’EZ10 d’Easymile fait ainsi également la liaison entre le campus universitaire de Wageningen et la gare routière d’Ede, aux Pays-Bas, sur une distance d’environ 10 kilomètres.
Plus au nord du Vieux continent, en Angleterre, des robots aident à l’entretien dans les rues de Leeds. Développée par des chercheurs de l’université de la ville, cette main d’œuvre entièrement automatisée est capable, entre autres, de réparer des lampadaires comme des trous, laissant les salariés des services de maintenance s’atteler à des tâches à plus forte valeur ajoutée. Ou quand le robot ne remplace pas l’Homme mais le complète !
Pour être exhaustif et dresser la liste complète des innovations de robotique servicielle, il faudrait chaque année réaliser un inventaire à la Prévert. Vous l’aurez compris, si le robot ne va pas non plus diriger la ville, n’en déplaise aux amoureux d’Orwell et pamphlétaires de l’intelligence artificielle, il est sans aucun doute appelé à être partie intégrante du quotidien de la smart city de demain. On peut déjà voir, dans certaines villes, des machines endosser le rôle d’hommes sandwichs comme le robot Furo-D de la compagnie coréenne Future Robot. C’est un premier pas « techno-publicitaire » permettant de tester la pertinence de ce type de dispositif et la relation que cela peut créer avec l’individu.
Pour les annonceurs et les agences, ce nouveau support d’exposition et d’engagement affiche des atouts interactifs complémentaires aux innovations digitales qui, depuis cinq ans, ont ouvert le champ des possibles dans le secteur de la communication extérieure. Et une fois « nos amis » les robots tranquillement installés dans les grands centres urbains, il sera plus facile de jouer avec eux et de les transformer en objets communicants. On a hâte de voir ça !