Entre le robot destiné à la recherche scientifique, le robot chirurgien et le robot humanoïde, la révolution des robots est bel et bien en marche et investit tous les secteurs d’activité.
Dans cette course au leadership mondial, le dynamisme entrepreneurial est un des points forts de la France, selon Catherine Simon, fondatrice du Salon Innorobo. En effet, c’est une start-up française, Aldebaran Robotic, qui est aujourd’hui l’un des leaders mondiaux du secteur (25 millions d’euros de chiffre d’affaires) grâce notamment au célèbre Nao, le meilleur humanoïde du monde.
Les écoles d’ingénieurs se lancent à l’assaut du marché des androïdes et commencent à ouvrir des cursus pour former les roboticiens de demain dans plus 60 laboratoires de recherche répartis dans le monde. Le marché, longtemps dominé par des utilisations industrielles et logistiques, commence à voir un changement en faveur de nouvelles applications grand public avec des robots de compagnie ou d’aide à domicile. Il y aura 31 millions de robots de services personnels vendus dans le monde d’ici à 2017 (source : Syrobo).
Un marché exponentiel
Déjà fréquents au Japon, ils sont réceptionnistes dans des hôtels, concierges dans les aéroports ou animateurs de soirée. Par exemple au grand magasin Mitsukoshi à Tokyo, le robot Chihira Aiko vous oriente dans le dédale des boutiques et est capable de donner des renseignements aux clients, en plusieurs langues. Être toujours disponibles, accueillir avec un mot gentil, renseigner le client avec la bonne information, se déplacer dans les rayons à la vitesse de l’éclair, tels sont les avantages incontestables de ces vendeurs-machines.
Le marché de la robotique de service avec ces humanoïdes dotés d’une intelligence artificielle et pouvant interagir avec les humains atteindra 23 milliards d’euros dès la fin de l’année, et 100 milliards en 2020, selon la Commission européenne. Baptisé « Ocean One », ce robot humanoïde de 180 kilos crée par a été conçu pour fouiller les épaves reposant dans les abysses, là où l’humain ne peut s’aventurer.
Véritable bijou de technologies modernes, le robot archéologue Ocean One a effectué sa première mission en mer fin avril 2016 où il a fouillé le vaisseau de Louis XIV : La Lune. Les propriétés de Ocean One font en effet de lui un robot unique au monde, alliant parfaitement robotique, intelligence artificielle et système de rétroaction haptique.
Une alternative aux humains ?
Alors face à cette surpuissance de la robotique, un marché qui promet une croissance de 20% pour les cinq prochaines années (source Xerfi), on peut se demander si les robots vont peu à peu remplacer les humains ? Une question qui agite les économistes de tous bords. Foxconn a par exemple réduit son effectif de 110 000 à 50 000 employés, grâce à l’introduction de robots. Et ils sont parvenus à réduire leurs coûts de production. Contacté par la BBC, Foxconn explique sa démarche : « Nous utilisons l’ingénierie robotique et d’autres innovations technologiques et industrielles pour remplacer les tâches répétitives que les employés accomplissaient par le passé ».
Adidas a quant à lui présenté un prototype de « Speed Factory » en Bavière, qui sera en mesure de fabriquer des baskets en parfaite autonomie. Adidas espère « révolutionner » l’industrie et a annoncé qu’il commercialiserait dès 2017 ses premières séries de baskets produites par des robots en Allemagne. La machine permettrait de réduire le temps de développement d’une chaussure « à quelques jours » contre un an et demi pour une fabrication en Asie, selon Gerd Manz, directeur de l’innovation et des technologies.
Alors serons-nous tous demain mis au chômage par nos robots ?
David Autor, économiste du MIT qui suit de près les effets de l’automatisation sur les différents marchés du travail, n’en n’est pas si sûr. Selon lui “les journalistes et les commentateurs spécialisés exagèrent l’ampleur de la substitution des machines aux hommes et ignorent les fortes complémentarités qui se traduisent par une hausse de la productivité, des revenus et de la demande de main d’oeuvres qualifiée. Il a notamment mis en avant l’immense difficulté à impliquer les machines dans toute tâche nécessitant flexibilité, capacité de jugement ou bon sens, puis il est allé encore plus loin “les tâches qui ne peuvent être remplacées au moyen de l’informatisation sont en règle générale complétées grâce à elle. Cet aspect est aussi fondamental qu’il est ignoré”.
Complémentarité ?
La quête des complémentarités auxquelles David Autor fait référence se trouve au cœur de ce que nous appelons une stratégie d’augmentation. Elle se distingue résolument des stratégies d’automatisation que les entreprises focalisées sur l’efficacité ont adopté par le passé. L’automatisation part des tâches de base qui constituent un poste donné et vient les soustraire, à travers le déploiement d’ordinateurs qui reprennent une à une ces tâches effectuées par des humains dès que celles-ci peuvent être codifiées. Chercher à accroître l’automatisation assure des économies en termes de coûts mais circonscrit notre pensée dans un cadre délimité par les paramètres du travail tel qu’il est accompli aujourd’hui.
L’augmentation, a contrario, signifie que l’on part de ce que les humains font aujourd’hui pour arriver à comprendre la manière dont ce travail pourrait être approfondi, et non diminué, par une utilisation plus poussée des machines. Certains travailleurs du savoir ont déjà entrepris cette réflexion et analysent cela précisément. Pour conclure, Le Figaro publiait en 2014 un article expliquant pourquoi la robotisation peut faire disparaître près de la moitié des emplois d’ici 2035. Un titre qui fait peur. Mais le Figaro nuançait déjà le propos ”Ne tombons pas dans le piège tendu par les «déclonomistes», ces économistes du déclin qui veulent nous faire détester le progrès technologique.” Affaire à suivre donc…