3 mars 2025

Temps de lecture : 2 min

Restrictions d’accès aux journalistes : comment les chefs d’État contrôlent leur communication

La réduction de l’accès des journalistes à Donald Trump illustre un contrôle accru de la communication des chefs d’État. Si les États-Unis disposaient d’un système bien établi via la WHCA, d’autres pays appliquent des restrictions encore plus drastiques. Les gouvernements adaptent leur gestion de la presse pour maîtriser leur image et éviter les questions critiques.

Les restrictions dans l’accès des journalistes au président Donald Trump, dénoncées par de grands médias traditionnels, montrent que la presse aux États-Unis était bien lotie par rapport à d’autres pays dans le monde.

Pouvoir poser régulièrement des questions aux chefs d’État et de gouvernement, pour qu’ils expliquent leurs décisions face à des voix critiques, est pour les médias une exigence fondamentale en démocratie. Aux États-Unis, le système était bien rodé, géré par l’Association des correspondants à la Maison Blanche (WHCA). Le célèbre bâtiment de la présidence dans le centre de Washington abrite une salle de presse. L’équipe de M. Trump a décidé de restreindre le nombre d’agences de presse intégrées au « pool » des journalistes ayant un accès rapproché au président, dans le Bureau ovale ou lors de ses déplacements. Elle veut donner la place à des médias ou influenceurs dont la ligne éditoriale lui est favorable.

Autre pays où l’accès est délégué à la presse : l’Allemagne. Pour les conférences de presse du chancelier, habituelles lors des grands événements ou séquences diplomatiques, il est géré par la Conférence de la presse fédérale (BPK), dont 900 journalistes sont membres, et l’Association de la presse étrangère (VAP).

Au Japon, la tâche n’est pas facile, au sein de « clubs » de la presse où il faut se faire une place, par de très longues journées de travail. Le Premier ministre donne des conférences de presse, avant lesquelles son équipe demande régulièrement aux journalistes quelles questions ils comptent poser.

Test PCR en Russie

En Italie, la présidente du Conseil Giorgia Meloni a drastiquement réduit la fréquence de ses conférences de presse : seize en 2023, quatre seulement en 2024, selon le média Pagella Politica. Ses rapports avec les médias se sont tendus mais elle ne sélectionne pas les questions ni les reporters.

En France, le palais de l’Élysée a aussi sa salle de presse. Tous les journalistes avec une carte de presse ont accès aux déclarations, conférences de presse et voyages du président de la République. Lorsque l’accès doit être restreint pour des raisons logistiques, un « pool » est mis en place, par tirage au sort entre les médias qui suivent régulièrement le chef de l’État. L’Association de la presse présidentielle critique des déplacements, « au plus près des Français », ou des échanges directs avec les internautes sur les réseaux sociaux, qui ne sont pas ouverts aux journalistes. Par ailleurs, les médias russes Russia Today et Sputnik sont bannis depuis des accusations de désinformation portées par Emmanuel Macron en 2017.

Dans d’autres pays, les journalistes sont habitués aux restrictions

À Moscou, certaines datant de la pandémie de Covid-19 restent en place. Avant d’assister à un événement auquel participe Vladimir Poutine, tous les journalistes sont soumis à un test PCR. L’invasion de l’Ukraine en février 2022 a par ailleurs été suivie de longs mois sans accès pour les Occidentaux. Si les médias, russes comme étrangers choisissent leurs journalistes chargés du Kremlin, les candidatures sont approuvées par le Service fédéral de sécurité (FSB), après enquête.

Au Venezuela, poser une question au président Nicolas Maduro est mission impossible. Avant la présidentielle de juillet 2024, il passe près de deux ans sans conférence de presse. Après sa réélection dénoncée comme frauduleuse par l’opposition et un grand nombre de pays, il en fait deux, puis arrête. Mais, sur la télévision d’État, il apparaît presque tous les jours.

En Hongrie, l’accès au Premier ministre Viktor Orban est très limité: son agenda n’est que rarement révélé, sauf aux médias étatiques. Fin janvier, des journalistes de Telex qui l’attendent sur un parking afin de l’interroger sur l’état du système de santé sont interpellés et placés en garde à vue pendant trois heures.

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