Le cruel manque d’espace au sol et le futur Grand Paris conduisent à revoir les plans de la capitale intra muros. Les cimes de Paris sont aux premières loges de ce changement architectural, structurel et sociétal. Un défi pour les marques et les communicants qui voudront s’insérer dans cette réflexion.
Transformer les toits de Paris en habitat neuf et abordable, c’est le projet déjà bien avancé mené par Les Toits du Monde, agence de développement et de promotion immobilière spécialisée en surélévations urbaines. Son idée pleine d’avenir est simple : exploiter les espaces libres en haut des immeubles pour créer des logements. Permettant de pallier le manque de surfaces constructibles disponibles au sol intra muros et de contrer les tarifs (trop) élevés pratiqués au mètre carré. Un projet ambitieux et qui arrive à point nommé alors que la population citadine se densifie et que le Grand Paris se profile. Tout repose sur deux dispositions administratives qui incitent à une réflexion créative pour dégager le plus possible d’espace : la loi Allur qui a élargi les normes urbaines de construction en hauteur, et le fait que l’acquisition d’un bien à construire sur les toits peut se réaliser en contrepartie non pas automatiquement d’argent mais aussi d’une amélioration des parties communes, de la façade ou d’une mise aux normes. Permettant ainsi une maîtrise des coûts bas.
Libérer plus d’espace habitable incite à une réflexion créative
Un donnant/donnant qui ne peut que séduire toutes les parties prenantes. Et propice aux innovations proposée par des prestataires comme Les Toits du Monde dont les procédés de préfabrication en atelier et les structures modulaires et en kit brevetées, leur permettent de construire sans nuisance des logements neufs -puisqu’il suffit ensuite de les boulonner-, durables (certifiés HQE, BBC…), livrés clés en main en un temps relativement court et à des prix nettement inférieurs au marché. Tel est le cas pour le programme 3Box mené avec le cabinet Stéphane Malka Architecture dans le 10ème arrondissement. En cours de réalisation, il comprend trois « 4 pièces » se partageant 240m2 au prix de 672 000 euros. Faits de verre, d’acier et de boulons, ils sont nichés et intercalés en haut d’un immeuble dont forcément ils réveillent l’architecture. Leur implantation se fera d’autant mieux qu’ils sont agrémentés de plantes apportant une touche verte au quartier très urbain.
D’aucuns, bien sûr, ne manqueront pas d’évoquer des toits parasités, dénaturés, trop décalés. Pourtant d’autres apprécient ces réponses « perchées » qui bousculent, et l’engouement est tel que l’entreprise en commercialise déjà d’autres aux noms tous évocateurs comme « Le Beau-Bourg » (10 logements), « La Garçonnière » (T2 en duplex), « Le Saint Antoine » (12 logements) et le « IV Office » consacré à des bureaux.
Redémocratiser la ville et regagner du lien social
Pas étonnant que cette exploitation verticale et optimisée de Paris suscite autant d’enthousiasme. Car elle se positionne véritablement comme créatrice de lien social en apportant un vent frais, économique, écologique et démocratique à l’épineux problème des villes intra muros qui étouffent, mais pourtant doivent se développer. Notamment en permettant le renouvellement de population ou le maintien d’une autre qui, n’aurait pas les moyens de s’offrir un logement décent en centre ville. Et de fait, exploiter les toits de Paris contribue à l’objectif du ministère des Territoires et du Logement qui s’est engagé à construire 70 000 logements par an. Une gageure, et ce ne sont pas les terrains récemment cédés par la SNCF dans le 17ème et le 18ème, car impropres à l’exploitation ferroviaire, qui y suffiront. Même si le futur quartier Chapelle-International totalisera près de 900 logements dont la moitié en logements sociaux.
Ensuite, cette solution apporte tout un tas de nouveaux codes, qui doivent inciter les acteurs publics ou privés qui exploitent la ville ou s’expriment sur ses murs à penser l’utilisation de l’espace urbain d’une autre manière. Le plan de végétalisation des toitures lancé par la ville de Paris a justement pour mission de réduire la présence du béton, très énergivore, contre une végétalisation accrue des espaces urbains et va enrichir la biodiversité de Paris. Déjà trente-trois signataires (*) ont approuvé la charte présentée par la capitale avec comme objectif d’atteindre les cent hectares végétalisés d’ici 2020.
Un beau challenge à relever pour les marques, les communicants, les supports, et autres organisateurs d’événements qui vont devoir faire preuve à leur tour de pertinence et de créativité. Enfin, elle donne un vrai coup de jeune au concept de la ville en délivrant une vision contemporaine. Et en élevant le regard de tous vers l’horizon, elle lui ouvre de nouvelles perspectives. Désormais les toits de Paris feront rêver non pas seulement parce qu’ils sont romantiques, poétiques ou le théâtre de restaurants et de bars à ciel ouvert. Mais parce qu’en étant revisités, ils vont surprendre et conférer à la capitale une esthétique renouvelée en même temps qu’une dimension encore plus aérienne et plus vivante. Sur l’autel non pas du luxe ou de la récréation mais de la proximité et de l’utilité urbaine bien concrète.
(*) Parmi eux : Bouygues Immobilier, Eau de Paris, ERDF, GRDF, Monoprix, Nexity, la RATP, ou encore la SNCF et JCDecaux.
Projet 3box du cabinet Stéphane Malka Architecture