Une fois n’est pas coutume, le pluridisciplinaire fait ses preuves. En plein dans le mille d’une tendance au collectif et au multi-expertise, Sciences Friction publie son deuxième mook. Une collection pensée par une ribambelle de scientifiques de tous bords pour repenser le rapport entre Hommes et Nature au coeur des problématiques environnementales et sociétales actuelles. Coup d’oeil sur un projet qui charme sous tous aspects.
À mi-chemin entre revue, livre et magazine, Sciences Friction dévoile sa seconde édition. En plein chaos environnemental et social, le changement doit opérer. Persuadés d’une concomitance évidente entre dégradation sociale et dégradation environnementale, une communauté de chercheurs aux disciplines aussi divergentes que leurs points de vues, décident de participer au changement à leur manière, via l’échange.
Biologie, écologie, sociologie, archéologie, histoire, arts plastiques : autant de disciplines réunies pour réfléchir ensemble aux liens forts et peu exploités entre Hommes et nature.
« Comme deux silex en friction, la rencontre est source d’étincelles »
Avant d’être un mook, Science Friction est d’abord une série de rencontres scientifiques et culturelles organisées chaque dernier week-end de septembre depuis 2016. Des scientifiques donc, mais aussi des élus, des acteurs engages, des décideurs etc. Loin des formats académiques du colloque, l’idée est ici de se retrouver entre nature et culture, au sein de l’abbaye Beauport et de développer un témoignage argumenté et co-construit, en bonne l’intelligence collective.
Au sortir de ce rendez-vous annuel, s’esquisse alors le mook, dirigé par le Comité des Sciences Fricteurs, coédité par les éditions Locus Solus et l’abbaye Beauport. Pour ce second numéro, le messaage est clair : il faut comprendre le rôle des relations sensibles que nous tissons avec notre environnement et agir collectivement. Revoir les cadres de notre cloisonnement et l’urgence que nous avons à toujours séparer, distancer, délimiter les espaces. Réinventer les interactions entre Hommes et Nature pour redonner sa place à l’interdépendance qui nous unit. Aussi, parce qu’arts et sciences ont beaucoup plus que l’on pourrait croire en commun, installer un dialogue pérenne entre chacune des disciplines investies.
Pour mettre en pratique ces intentions, 3 chapitres parlants : « Réinventer l’idée de progrès oui y renoncer », « Pour une relation sensible à notre environnement », « Investir les frontières comme des opportunités d’échange ». Inutile de préciser la tendance catastrophiste, libertaire et anti-anticapitaliste qui domine la rédaction de ce projet. Mais attention, si les penchants politiques sont inévitablement investis, il s’agit ici aussi et surtout d’ouvrir le dialogue et de conscientiser aux problématiques sociales et environnementales que les autorités en place tentent de passer sous silence.
Ouvrir des pistes de réflexion
Entre analyses scientifiques et récits plus créatifs, on y découvre des intitulés comme « Cultiver la difference », « se libérer d’une modernité », « des imaginaires pour construire la transition », « progrès : la grande panne », « en convivialité avec ce qui n’est pas nous-même » ou encore « la mer, cette frontière géographique imaginée ».
Bref, 80 pages d’une richesse intellectuelle collective sans conteste qui sèment des graines comme des modèles de vie à envisager pour (re)construire nos modèles sociétaux en mal de durabilité et d’humanisme.
Alors pour ceux qui ne sauraient rester dans le déni et immobiles devant les systèmes de surconsommation actuels, foncez chez le libraire, et partagez !