Connaissez-vous Yu Jiawen ? C’est le fondateur d’une appli devenue numéro 1 en Chine pour draguer… Jusque-là, rien de très original. Sauf que ce Monsieur, du haut de ses 23 ans, fait le buzz sur Youku (le Youtube chinois) au sujet de la rémunération de ses salariés.
Imaginez: l’employé qui n’a pas de salaire fixe, réclame chaque mois ce qu’il pense devoir gagner en fonction de sa tâche réalisée. Si son boss estime qu’il le mérite, alors il l’obtient et peut même demander plus. En revanche, si sa requête est jugée trop élevée par rapport à sa prestation alors good bye… Il est licencié. C’est Frédéric Raillard, le co-fondateur de Fred & Farid Group qui raconte l’histoire dans sa rubrique hebdomadaire sur la Chine dans INfluencia.
Ce modèle surprenant place la méritocratie au centre de l’entreprise mais avec le vice de se faire virer si on s’estime meilleur que prévu… Intéressant comme concept mais avec un avenir limité en l’état. Hasard du calendrier, à l’autre bout du monde, c’est encore une histoire de rémunération qui fait les gros titres aux Etats-Unis. L’ancienne patronne du New York Times, a, quant à elle, annoncé qu’elle rémunérerait les journalistes pigistes de son futur projet ,100 000 dollars par article, soit 80 000 euros pour 120 000 signes. 1000 euros par feuillet ! A condition que les articles rendus soient d’une « qualité parfaite ». Une proposition étonnante et bruyante mais qui a le mérite de montrer, même si le montant est hors de propos, la valeur que l’on doit accorder à la création de contenu. Car il serait temps que certains professionnels évitent de reléguer les rédacteurs et les journalistes à de simples scribouillards tout juste bons à pondre des mots chaque matin aussi facilement qu’une poule sur son lit de paille…
Mais au-delà de ces deux anecdotes pour le moins excentriques, il est intéressant de constater que les deux systèmes co-existent. Certes en France on imagine mal une des deux propositions voir le jour. Mais à l’heure où les salaires et les droits du travail n’ont jamais été autant malmenés, il serait bon dans notre beau pays de se pencher au-delà de nouveaux contrats, sur des formes de salarisation qui n’enferment ni le travailleur, ni l’employeur… Soyons flexibles sans pour autant être radins ni démago…
Isabelle Musnik