Pour soutenir ses petits commerçants, le conseil régional a lancé une campagne qui détourne les logos d’Amazon, d’Instagram et de Facebook.
Les Gafas et les géants des réseaux sociaux apprécieront… Pour encourager les particuliers à consommer local, la Région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée a lancé une campagne de communication qui détourne les logos d’Amazon, Instagram et Facebook.
Faire ses courses près de chez soi permet de limiter ses trajets, de trouver immédiatement les articles que l’on souhaite tout en rencontrant des commerçants serviables. Voilà les trois messages que souhaite faire passer le conseil régional. « Nos emplettes sont nos emplois, résume Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie. Ensemble, en nous engageant à acheter chaque jour des produits régionaux, en privilégiant nos commerces de proximité, nous agissons concrètement pour l’emploi dans tous les territoires. Détourner l’image de ces grands groupes nous permet avec humour de rappeler qu’à notre manière, nous agissons efficacement. Beaucoup de personnes sont déjà revenues vers nous pour nous dire qu’ils appréciaient l’originalité de cette campagne. Je m’en réjouis car si cela peut accélérer la prise de conscience chez les habitants, c’est autant de potentiels nouveaux clients pour les commerces de proximité ». Imaginées par l’agence Verywel , ces affiches sont efficaces et ludiques. L’histoire ne dit pas si les géants de la Toile comptent protester contre l’utilisation détournée de leurs logos.
Désertion totale
Les commerçants de la Région Occitanie souffrent, comme beaucoup, des mouvements sociaux et de la concurrence des sites marchands qui leur grignotent chaque année des parts de marché. A la veille des fêtes de Noël en 2018, les manifestations des Gilets Jaunes ont provoqué un effondrement de 50% du chiffre d’affaires de 22% des commerçants du centre-ville historique de Toulouse. La municipalité a tenté d’encourager les consommateurs à se déplacer au cœur de la ville rose en rendant gratuit les parkings sous-terrain pendant trois heures les samedi après-midi de décembre mais cette initiative n’a pas eu de grandes conséquences. Au bord du gouffre, 700 gérants de boutique ont affiché sur leurs vitrines des pancartes « À Vendre » pendant quelques jours pour alerter les particuliers de leurs difficultés financières. Les manifestations contre la réforme des retraites ont été un nouveau coup dur pour les commerçants de la région. « C’est une catastrophe, déplore Simon Kouby, le président de l’association des commerçants de l’hypercentre toulousain. C’est une désertion totale. ». La région Occitanie n’est pas la seule à souffrir. Loin de là.
Gilets jaunes et retraite
En 2019, le chiffre d’affaires des commerces n’a progressé que de 0,1%, selon la Fédération des enseignes spécialisées (Procos) qui représente plus de 300 marques. Cette hausse minimale ne rattrape en rien la chute de 3,3% enregistrée l’année précédente. Ces chiffres cachent aussi de fortes disparités. Car si les magasins de périphérie sont parvenus à tirer leur épingle du jeu l’an dernier (+0,7%), l’activité en centre-ville continue de reculer (-0,9%). La hausse du pouvoir d’achat, l’inflation continue et le repli du chômage pourraient redonner du baume au cœur aux distributeurs. Tous les indicateurs sont « au vert, reconnaît Emmanuel Le Roch, le délégué général de Procos mais espérons que les mouvements sociaux et que leur forme d’expression épargnent enfin l’accès aux lieux de commerce, la mobilité des citoyens et celle des marchandises ». Les Gafas peuvent être montrés du doigt mais ils ne sont pas la seule cause des soucis actuels des petits commerçants.